Malgré le net recul du financement par capital-risque à l’échelle mondiale, l’écosystème tech africain se distingue avec une croissance de + 8 % par rapport à 2021. La fintech, toujours en tête, a attiré l’année dernière 39 % du volume total en equity et le Nigeria conserve la première place avec 23 % des fonds captés.
Sylvestre TCHOMAKOU
Partech Africa, le plus important fonds de capital-risque dédié aux startups technologiques en Afrique (basé à Dakar), vient de publier son nouveau rapport sur le financement en capital-risque des startups africaines. Le rapport, « qui vise à donner une image précise de la situation de l’écosystème », révèle que l’écosystème tech africain s’est développé plus rapidement que tous les autres marchés mondiaux, malgré un ralentissement global du capital-risque.
La croissance freinée par le ralentissement mondial du capital-risque
Le financement total investi dans les startups technologiques du continent a atteint 6,5 milliards de dollars, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2021, déployés sur 764 transactions, contre 724 en 2021. Le rapport, qui s’appuie sur des opérations publiques et confidentielles, a vu le financement de la dette plus que doubler de volume, pour atteindre 1,55 milliard de dollars et 71 transactions [croissance de 65 % en glissement annuel). En comparaison, les levées de fonds en equity ont affiché une légère baisse, avec 653 startups technologiques africaines qui ont levé 4,9 milliards de dollars.
Axé sur le financement en equity, le rapport révèle que « l’écosystème était encore en accélération au cours des premier et deuxième trimestres de 2022 par rapport à 2021 », la comparaison montrant une augmentation de 127 % pour le premier trimestre et 83 % pour le second trimestre en glissement annuel. Cependant, le ralentissement mondial du capital-risque a freiné la croissance de l’activité au troisième trimestre (- 65 % en glissement annuel) et au quatrième trimestre (- 35 % en glissement annuel), expliquent les analystes de Partech.
Quatre pays ont capté 72 % du volume des investissements
En 2022, les activités de collecte de fonds sont restées inchangées à toutes les phases de financement. À hauteur de 1,4 million de dollars, le montant moyen des transactions d’amorçage a augmenté en 2022 (+ 12 % en glissement annuel. « 2022 a été une année particulièrement difficile pour l’écosystème du capital-risque dans le monde entier, car les investisseurs en venture et growth ont réduit d’un tiers leurs investissements. Cependant, notre rapport dévoile que l’écosystème tech africain a fait preuve d’une grande résilience, de plus en plus d’investisseurs ayant renforcé leur engagement sur le continent, en investissant dans des équipes locales et des fonds dédiés au marché », commente Tidjane Deme, General Partner chez Partech Africa.
Le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Kenya restent les principales destinations d’investissement en Afrique, avec une part du volume total restant relativement stable à 72 %. Le Nigeria est resté en tête, représentant 1,2 milliard de dollars en capital, malgré un recul de 36 % par rapport à 2021. L’Afrique du Sud, l’Égypte et le Kenya ont chacun attiré plus de 0,7 milliard de dollars de financement. En dehors des quatre principaux pays, le Ghana (202 millions de dollars), l’Algérie (150 millions de dollars), la Tunisie (117 millions de dollars) et le Sénégal (105 millions de dollars) ont été les seuls autres pays à avoir franchi le seuil des 100 millions de dollars de financement. D’autre part, les startups fondées par des femmes ont levé 22 % du total des tours d’equity en volume en 2022, en hausse de deux points de pourcentage (20 % en 2021). Elles ont également participé à hauteur de 644 millions de dollars, soit 13 % du financement total en equity, en baisse de trois points de pourcentage par rapport à (16 % en 2021).