Les producteurs agricoles des pays du Bassin du Niger ont davantage besoin des technologies agricoles innovantes, des services de conseil aux producteurs et des subventions efficientes pour les intrants et équipements agricoles. Ceci est dans le but de soutenir leur lutte contre le changement climatique et booster leur production dans une région menacée par l’insécurité alimentaire.
Issa SIKITI DA SILVA
Ce cri de cœur a été lancé à Dosso, au sud-ouest du Niger, par des agents de vulgarisation agricole de neuf pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Nigeria et Tchad), qui étaient conviés à participer à un atelier de renforcement de capacités visant à les aider à diffuser efficacement les technologies et les matériels au niveau des agriculteurs dans leurs pays respectifs. La formation des formateurs, qui a duré près de deux semaines (mars-avril 2022), a été organisée par le Programme de développement intégré et d’adaptation au changement climatique (PIDACC) et TAAT ou Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine. L’objectif est, selon les organisateurs, d’améliorer la résilience des agroécosystèmes dans le bassin du Niger en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Des modules de formation, y compris des boîtes à outils technologiques couvrant 25 technologies de cinq compacts du TAAT, ont été dispensés au cours de l’atelier. Cependant, bon nombre d’observateurs affirment que si les technologies innovantes représentent un catalyseur de systèmes alimentaires plus productifs, plus efficaces et plus durables, elles ne serviront à rien si les agriculteurs peinent à acquérir des intrants et manquent d’équipements agricoles de base.
Graves contraintes
Alors que 70% des populations pauvres des pays en développement sont tributaires, directement ou indirectement, de l’agriculture comme source de revenus, l’intensification et l’accroissement de la production agricole en tant que moyen de réduire durablement la faim et la pauvreté se heurtent à de graves contraintes, souligne l’ONU.
Le secteur agricole en Afrique n’est pas ou est très peu subventionné, par rapport aux pays développés qui soutiennent leurs agriculteurs à la hauteur de près de 250 milliards de dollars par an. La plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest mettent en œuvre des programmes de subvention d’engrais depuis de nombreuses années, mais à ce jour, il n’existe aucune preuve solide ni crédible indiquant que ces programmes ont entraîné des changements significatifs ou durables menant vers la réalisation de leurs principaux objectifs, ont déploré l’agence américaine pour le développement international (USAID) et l’IFDC dans un rapport conjoint intitulé « Feed the Future : Guide pour les programmes de subvention ». Selon Vincent Ribier et Jean-Jacques Gabas, les institutions nationales ouest-africaines sont généralement trop faibles pour canaliser les nouveaux flux de financement vers les objectifs affichés de la politique agricole. « Les disparités de financement du secteur agricole, déjà marquées par le passé, s’en trouvent exacerbées et l’accroissement global des montants de financement s’accompagne de la concentration de ceux-ci au profit de l’agriculture entrepreneuriale et au détriment de l’agriculture familiale, des biens publics et de certaines régions enclavées », ont indiqué ces deux experts.
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