Pour son eau ou encore sa chaire succulente et thérapeutique, le coco vert est très apprécié par les populations. Ce qui en fait de plus en plus un objet de commerce.
Maribelle EKAGNON (STG)
Ils sont nombreux à se reconvertir vendeuses ou vendeurs de cocos verts appelés << Agondrou >> en langue locale fon. Ainsi, les abords des rues, carrefours et beaucoup d’autres lieux de regroupement servent souvent de points de vente stratégiques à ces commerçants à Cotonou et environs. Du carrefour Misséssinto en passant par Arconville, Zogbadjè, Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi ou à Zogbo, Gbégamey, Etoile rouge à Cotonou, etc. on rencontre un peu partout les vendeuses ou vendeurs de cocos verts. Munis d’un tabouret ou d’une table sur laquelle est disposée une bassine ou un récipient rempli de coco taillés, les vendeuses et vendeurs font des recettes dans la vente de cocos verts aux citadins. << Les gens connaissent de plus en plus aujourd’hui, la valeur du coco vert >>, déclare Ousmane Avossè Honfo, vendeur et responsable d’une association de vendeurs de noix de coco vert à Abomey-Calavi. Pour l’eau et la chaire moelleuse et savoureuse du coco vert plein de vertus thérapeutiques, les consommateurs de ce fruit augmentent de jour en jour, ce qui fait le bonheur de ces petits commerçants. Véronique Gandaho la trentaine, vendeuse de noix de coco vert dans la cité Arconville explique : << je mène cette activité depuis près de dix (10) ans. Avant peu de gens venaient se procurer nos produits juste pour se faire plaisir. Mais aujourd’hui, ils viennent de plus en plus ; certains pour des raisons de santé sur recommandation des médecins et d’autres pour renforcer leur système immunitaire >>. L’eau de coco sert de remède dans le traitement de certaines maladies tropicales. Certains évoquent son efficacité contre le paludisme (eau de coco + jus de citron), la fatigue chronique, l’ictère, etc. La chaire encore moelleuse et beaucoup plus laiteuse, prise avec l’eau du fruit renforcerait le système immunitaire, lutterait contre la faiblesse sexuelle et l’azoospermie. << Sur les conseils d’un vendeur, moi je l’ai utilisé, mélangé avec d’autres ingrédients dont le petit cola et du souchet, pour renforcer mon sperme >>, confie Rodrigue. << Mélangé avec du lait peak, cela fait également assez de bien à l’organisme >>, va ajouter un autre consommateur. Pour des professionnels de la santé, l’eau de coco facilite le bon fonctionnement du foie et peut se substituer à certaines solutions médicales. << L’eau de coco vert joue parfois le rôle du sérum pour lutter contre des affections données >>, affirme Dr Alain M, médecin généraliste.
Regain d’intérêt, mais pour quelle rentabilité ?
Si la vente de cocos verts se présente comme un commerce qui ne nécessite qu’un petit capital, le bénéfice qu’elle rapporte n’est pas négligeable. Selon les pratiquants, l’on a juste besoin d’une petite formation en ce qui concerne le maniement d’un coupe-coupe pour tailler les noix. << Il est important de savoir quel type de coco tu as en main, dur ou moins dur, afin de savoir comment donner le coupe-coupe pour ne pas se blesser >>, renseigne Ousmane Honfo. En plus de cette maîtrise, il faut se munir d’un aiguiseur, d’une bassine et d’un support qui fait office d’étagère aux produits taillés, prêts à être servis aux clients >>. À l’opposé, d’autres optent pour la vente ambulante. Maman Merveille, la trentaine, confie qu’elle fait un bénéfice de 3000 à 5000f par jour, selon le marché. Ces commerçants achètent leurs marchandises en gros auprès des propriétaires de plantations de cocotiers des localités telles que Ouidah, Comè, Grand-Popo ou Sèmè. Ceci dans des sacs contenant quarante (40) à soixante (60) unités de cocos à 3000, 4000 ou 5000f. Les cocos verts sont ensuite cédés aux consommateurs, aux prix de 150 ou 200 Fcfa l’unité selon la grosseur du fruit. << À ces prix, nous pouvons vendre jusqu’à deux ou trois sacs par jour. Tout dépend de l’affluence des clients. C’est ce qui nous permet de gagner notre vie >>, affirme dame Véronique Gandaho qui désormais à plus d’un site de vente. Si la rentabilité de l’activité attire de plus en plus d’acteurs, il faut noter que ce commerce se transmet habituellement de génération en génération. En clair, la plupart des vendeurs et vendeuses de coco vert rencontrés héritent l’activité de leurs parents. << Je mène cette activité depuis 15 ans. C’est ma maman qui la pratiquait. Donc j’ai grandi dedans >>, confie dame Mireille, la trentaine, vendeuse ambulante de cocos verts. Comme toute activité, les difficultés rencontrées sont notamment la gestion des déchets de coques, les risques de blessures et les tracasseries liées à l’approvisionnement de la marchandise.
Commercialisation du coco vert au Bénin : Un regain d’intérêt pour une activité rentable
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