A l’instar des grandes nations où, le numérique a su être adapté à l’éducation, au Bénin, des jeunes passionnés de l’intelligence artificielle rêvent grand et s’évertuent à en faire autant. Fondateur de la startup « Mikcorporation », Michel SEGNON, étudiant en fin de formation pour l’obtention du diplôme d’ingénieur civil à l’école « VERECHAGUINE A.K. », est l’un des Talents de l’heure qui présente « un Bénin en pleine mutation numérique », grâce aux applications éducatives créées et qui retiennent d’ailleurs l’attention autant du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) que de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Un tour dans l’univers de cette startup « made in Benin » conduite par des mains jeunes.
L’économiste : Que retenir de Mikcorporation ?
Mikcorporation est une startup béninoise qui offre divers services et prestations dans les domaines de l’informatique (conception de site web, création de logiciels et d’applications mobiles, graphisme), du génie civil (de la conception à la réalisation de bâtiments et ouvrages d’art) et de la domotique (équipement de maison intelligente). Nous nous sommes faits connaitre grâce au secteur du numérique, en particulier celui de l’éducation par la création d’applications éducatives pour permettre aux élèves des classes secondaires d’améliorer aisément leur niveau en Mathématique et en Physique.
Comment êtes-vous arrivé à l’idée de la création d’applications éducatives ?
L’idée de la création d’applications au service de l’éducation est partie du constat selon lequel le niveau de beaucoup d’élèves en mathématique et en physique semble en baisse constante dans le monde. C’est la bête noire de la plupart des élèves, alors que les emplois d’aujourd’hui et de demain feront de plus en plus appel à ces disciplines qui sont au cœur des innovations technologiques qui transforment le visage de la société. Du coup, nous nous sommes dit qu’étant passionnés de l’informatique, pourquoi ne pas créer un outil pour intéresser et aider nos jeunes frères afin qu’ils puissent rehausser leur niveau et prendre du goût pour les maths et les physiques.
Le bilan du parcours de votre startup est-il satisfaisant ou encourageant ?
Sans prétention aucune, oui. Oui parce que nous évoluons sur fonds propre et nous avons pu innover dans un domaine tout neuf au Bénin. Aujourd’hui, nous avons initié le projet « Funwork », c’est-à-dire travailler en s’amusant. Et nous avons, à ce jour, développé une application « Maths 5ème » permettant aux élèves de la classe de 5èmede pouvoir améliorer leur niveau en mathématique. Mieux, nous sommes à plus de mille téléchargements sur « PlayStore » et nous travaillons actuellement sur les versions futures des applications « Funwork » à savoir : Maths 6ème, Maths 4ème, Maths 3ème. D’ici fin 2020, nous sortirons « Maths 6ème et Maths 4ème».
La première application est à plus de 1000 téléchargements. Quel est l’avantage pour Mikcorporation ?
Ces téléchargements constituent une source de crédibilité, parce que 1000 téléchargements ce n’est pas beaucoup mais ce n’est pas si peu non plus. Pour un début nous estimons que c’est pas mal et ça nous permet d’avoir des retours par rapport aux utilisateurs qui nous disent ce qui va, et ce qui ne va pas. Les téléchargements sont non seulement au Bénin, mais aussi au Sénégal, au Gabon et bien d’autres pays en Afrique et aussi en France.
Des difficultés particulières, les utilisateurs en ont-ils évoquées ?
Par rapport aux difficultés, les utilisateurs désirent souvent avoir l’application qui fonctionne sans la connexion internet puisque l’usage de l’application nécessite la connexion internet. Donc ils voudraient par exemple pouvoir l’utiliser sans la connexion internet. Aussi faut-il ajouter que beaucoup nous écrivent et réclament les applications pour les autres classes telles que la 6ème, la 4ème, etc. parce qu’ils se sont rendus compte que le programme que nous proposons est adapté au système éducatif en vigueur en Afrique. La plupart des autres applications que nous avons sur le marché ne conviennent pas vraiment aux programmes du système africain.
Comment les élèves peuvent-ils profiter de vos conceptions, de vos applications ?
Nous proposons des exercices qui sont basés sur les programmes d’éducation en vigueur en Afrique, en mathématique et en Physique. Pour l’application « Maths 5ème» par exemple, nous prenons le programme éducatif en général que propose le livre CIAM et nous essayons, grâce à nos collaborations avec les professeurs, de créer des exercices. L’application « Maths 5ème » contient plus de trois mille (3000) exercices en mathématique. Quand un élève A prend l’application « Maths 5ème» et un élève B prend la même application, ils n’ont pas les mêmes exercices. Donc ça génère plusieurs exercices et plusieurs corrigés types avec des explications à l’appui ; ce qui rend joyeux les élèves. Les exercices que nous proposons, sont des exercices que nous concevons nous-mêmes. Par contre le programme que nous utilisons est le programme proposé par le livre CIAM ; le livre de mathématiques le plus utilisé en Afrique. Nous avons avec nous des enseignants qui nous accompagnent dans l’établissement des exercices et nous nous chargeons de les transcrire en algorithme pour les adapter à notre application.
Grâce à ces innovations, vous avez participez à plusieurs concours. Le dernier en date est celui organisé par le CAMES et l’AUF. Pouvez-vous mieux renseigner par rapport à ce concours pour lequel votre startup a été présélectionnée ?
C’est vrai. Il s’agit d’un concours sur les meilleures innovations pédagogiques en Afrique organisé par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) et l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Nous avons été présélectionnés et devons participer à la phase finale. Mais pour le moment, il y a « le prix du public » qui est en jeu et qui consiste à liker (aimer) la vidéo de la présentation de notre projet sur notre chaîne Youtube. L’entreprise qui recevra le plus de like (J’aime) aura « le prix du public ».
Comment est-ce que vous vous y mettez pour décrocher ce prix qui pourrait rehausser l’image des « Startups » béninoises ?
Pour décrocher ce prix, nous mobilisons le maximum de personnes sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook et Whatsapp. Nous partageons le message avec nos contacts sur les statuts, et nous avons aussi des artistes comédiens et des personnalités bien connues sur la toile qui font notre promotion. Nous profitons d’ailleurs de ce canal pour inviter le public béninois à nous soutenir en aimant notre vidéo dont le lien se trouve dans la publication de notre page facebook « MIKCORPORATION ».
Votre mot de la fin
Je voudrais inviter tous les béninois et béninoises à soutenir les jeunes qui décident de choisir le chemin de l’entrepreneuriat et à les aider à aller de l’avant chaque jour. Aussi, voudrais-je insister sur la promotion des produits locaux parce que c’est ce qui tue les talents du Bénin.
Réalisation : Sylvestre TCHOMAKOU