L’entrepreneuriat agricole est une activité d’avenir pour les jeunes à la quête d’emplois décents. Elle est constituée de la production, la transformation, la commercialisation et le service dans le secteur agricole. Dans une interview accordée à Afrik-une, l’Ingénieur des Techniques Agricoles et Président de l’Association pour le Développement et l’Agriculture en Côte d’Ivoire, Tanoh Beugré a étalé les opportunités qu’offrent la production et la transformation des produits agricoles.
Félicienne HOUESSOU
Les dirigeants et les jeunes sont conscients que l’agriculture est un vecteur qui permet la stabilité politique des nations d’Afrique et permet aux jeunes d’avoir du travail. Pour Tanoh Beugré, l’entrepreneuriat agricole est la solution à la problématique du chômage des jeunes en Afrique. Car, la chaîne agricole dans sa globalité ouvre beaucoup d’opportunités. Mais seuls les pays qui auront une politique cohérente pourront effectivement réduire le chômage. « Un pays qui n’est pas capable de se nourrir est à l’image de ce père de famille qui n’est pas capable de donner à manger à sa femme et ses enfants… Il ne peut avoir de développement pour quelqu’un qui a faim », indique-t-il pour démontrer qu’un pays qui importe à manger, exporte ses emplois.
L’Afrique a une forte croissance démographique et le manque de structure agricole efficiente absorbe l’effort fourni par les pays, dépassés par l’évolution des choses. Ainsi, l’Ingénieur des Techniques Agricoles recommande l’organisation des états généraux pour dégager beaucoup de moyens afin de résoudre ce problème. « Tant que nous n’avons pas résolu le problème de la consommation alimentaire de nos pays, ne parlons pas de développement. Il ne peut avoir de développement pour quelqu’un qui a faim. La sécurité alimentaire n’est pas seulement la disponibilité de la nourriture, mais il faut avoir une alimentation équilibrée, riche en tous genres de vitamines et en trois repas de façon continue. Quand nous regardons dans nos pays, cette réalité n’existe pas », dira-t-il dans l’interview. En tant qu’acteur du secteur agricole, il incite les jeunes à s’investir dans l’agriculture, à accompagner la production agricole.
Encourager les jeunes vers le secteur agricole
La BAD estime qu’à l’horizon 2050, l’Afrique va perdre 110 milliards de dollars en termes d’importation de nourriture. Selon les propos de Tanoh Beugré rapportés par Afrik-une, ces 110 milliards de dollars pourraient servir à développer le secteur agricole du continent et résoudre le problème de l’employabilité des jeunes. Et pour cela, explique le spécialiste : « C’est l’État qui doit jouer ce rôle pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes… c’est dès le bas-âge que le travail doit commencer. Nous devons enseigner à nos enfants les bienfaits et les techniques du secteur agricole pour qu’ils en aient l’amour. Ce que nous avons appris dans notre jeunesse est déterminant pour notre avenir.
Aussi, les informer des opportunités qu’ils auront avec les projets agricoles. Les jeunes doivent comprendre que la terre est leur source de réussite ». Pour sa part, il œuvre à travers son Centre Goshen. Il forme les jeunes de telle sorte qu’ils soient aptse à s’installer et à développer ses activités sans grandes difficultés. « L’environnement l’amène à comprendre qu’on peut toujours commencer un projet agricole avec un petit fonds. C’est ce qui nous amène à développer le poulet traditionnel. Comment mener un projet agricole avec 10 poules et un coq qui sera bientôt rentable d’ici un à deux ans, ça c’est l’approche. Exposer les opportunités existantes, leur faire comprendre les niches dans lesquelles ils peuvent s’installer et comprendre que les moyens financiers ne doivent pas être un obstacle. Tout ceci s’accompagne d’un leadership qui crée la vision, qui crée la cible et cette dernière crée la provision. C’est ce travail que nous faisons au niveau des jeunes », informe-t-il. Dans cet entretien, Tanoh Beugré a énuméré l’obtention du titre foncier, le financement des projets agricoles, les changements climatiques qui impactent la production, le défaut de transformation et le manque de formation pratique, comme difficultés majeures qui freinent l’essor du secteur agricole en Afrique.