Le rythme infernal de la contamination du coronavirus en Chine et un peu partout à travers le monde fait déjà craindre l’apparition d’une récession mondiale, selon certains analystes. A total 75 204 cas de coronavirus ont été confirmés dans 25 pays à travers le monde, dont 74 280 et 2006 décès en Chine, selon les derniers chiffres de l’OMS publiés mercredi.
Issa SIKITI DA SILVA
Aussi difficile à imaginer que cela puisse paraître, la deuxième économie mondiale est au point mort. Les infections et les décès se multiplient. Les grands centres industriels et financiers urbains restent bloqués au moins partiellement, les travailleurs migrants ne sont pas en mesure de retourner au travail et les usines sont incapables d’obtenir des matières premières ou d’expédier leurs marchandises de manière fiable.
C’est le constat amer fait par Eswar S. Prasad, un expert américain du Brookings Institution, dans la parution de samedi dernier du New York Times.
A en croire ce professeur du Cornell University, un coup dur pour la Chine aura des ramifications importantes dans le monde entier à cause de la taille de son économie, ainsi que son rôle de moteur de la croissance économique mondiale et d’acteur dominant sur les marchés des matières premières.
« Les prix du pétrole ont chuté alors que les perspectives de croissance de la Chine s’affaiblissent et que les voyages internationaux, en particulier à destination et en provenance de la Chine, diminuent », a-t-il ajouté.
Un autre éminent analyste, David Dodwell, s’inquiète de l’impact cessionnaire du coronavirus sur l’économie mondiale a travers un article publié récemment dans le South China Morning Post.
« Pour une économie mondiale toujours proche de la récession, une contraction de la Chine a une immense importance mondiale. Plus troublant encore, le plan de relance de 586 milliards de dollars US injectés par Pékin après le crash financier mondial de 2008 – un contributeur massif à la stabilisation à l’époque – est peu susceptibled’être disponible si une récession menace cette fois-ci », a-t-il souligné.
Les économistes prévoient que la propagation du virus va réduire de 2 points de pourcentage sur une base annualisée la croissance du PIB de la Chine, qui devait déjà tomber à 6% pour 2020, selon David Dowell.
« Même si la perturbation virale ne dure qu’un quart, cela suggère que la croissance de 2020 tombera à 5,5% ou moins. Pour un PIB de plus de 1 400 milliards de dollars américains, cette perte de croissance représente au moins 70 milliards de dollars américains, a-t-il renchéri.