Le développement des activités économiques d’une nation passe par celui de la personnalité de ses citoyens. Dans un monde où le secteur privé est le moteur de la croissance des Etats, le développement des aptitudes personnelles de chaque individu devient un atout. C’est fort de ce constat que l’expert pour le programme Mab Unesco, pour le programme Global Solution/G20 et pour le programme Talent du monde Uemoa, consultant senior pour le management des organisations et entreprises et spécialiste des Softs Skills, Harry Viderot, a accepté de nous renseigner sur ces outils. A travers une interview qu’il nous a accordée, il décortique le sujet et expose les avantages dont jouissent ceux qui les utilisent.
Comment peut-on définir les soft skills ?
Autant vous prévenir : tout le monde a sa propre définition des soft skills ! Compétences humaines, qualités relationnelles, savoirs comportementaux… Voici des exemples, parmi d’autres, d’expressions utilisées pour désigner les soft skills. Si l’idée n’est pas d’avoir une définition universelle, encore faut-il veiller à éviter les amalgames. Et ce alors même que la traduction, « compétences douces », prête déjà à confusion.
Il s’agit donc d’une compétence, c’est-à-dire une aptitude mise en œuvre dans la pratique. Et la particularité de cette compétence est sa transversalité : elle n’est pas liée à un métier ou à un contexte technique particulier. C’est ce qui la distingue des hard skills.
On peut définir Les Soft Skills, comme des compétences humaines ou encore « savoirs comportementaux », désignent les aptitudes personnelles qui démontrent un haut degré d’intelligence émotionnelle.
Contrairement aux compétences techniques (les « Hard Skills), qui décrivent l’ensemble des connaissances spécialisées d’une personne et son aptitude à réaliser des tâches, les Soft skills sont transversales. On dit souvent qu’un entretien se décroche grâce aux compétences techniques, mais que ce sont nos compétences humaines qui nous valent d’obtenir le poste et de le garder.
Les managers apprécient les profils techniques (Hard Skill) doublés de compétences humaines (Soft Skill) pour leur empathie et leur capacité à moduler leur communication en fonction de leur public.
Quel est l’historique des soft skills ?
Disons-le d’emblée, les compétences relationnelles et émotionnelles ont toujours existé ! Mais elles n’avaient pas été précisément identifiées. Une minorité d’entreprises – souvent de grands groupes – proposaient des formations de développement personnel ou de communication interpersonnelle. Ce type de modules était alors surtout considéré comme une récompense pour les salariés, non prioritaire par rapport aux formations techniques.
Pourtant, ces compétences « personnelles » – à vocation professionnelle – touchent plusieurs champs. Comme l’indique l’OCDE dans différents rapports dont Soft skills for the Future en 2016, les soft skills contribuent à l’atteinte d’objectifs – via la persévérance ou le contrôle de soi -, au travail collaboratif – via l’empathie ou la sociabilité – et à l’engagement des collaborateurs via la gestion des émotions, l’estime de soi et la confiance. Déterminantes pour désamorcer les problèmes relationnels dans l’entreprise, ces compétences favorisent le bien-être des collaborateurs. Bien-être et productivité étant liés, les soft skills intéressent directement les entreprises.
Comment développer les soft skills ?
Selon Jérôme Hoarau, le développement des soft skills dépend encore et toujours des objectifs. Chez Koober par exemple, on lit beaucoup. Nos auteurs auraient potentiellement besoin d’apprendre à lire plus vite ou d’améliorer leurs facultés de concentration. Il faut toujours partir de ce dont on a besoin pour maintenir une démarche qui permette de cultiver les forces et combler ses lacunes. La clé, c’est la régularité. Si vous souhaitez perdre du poids, ça ne sert à rien de courir un marathon en un week end, on risque même de se blesser. Ce genre de victoires se gagne pas à pas. Qu’on soit dans le monde professionnel ou académique il faut donc se faire accompagner par un professionnel des softs skills
Quels sont les objectifs visés par les soft skills ?
Désormais, le savoir-faire ne suffit plus dans le milieu professionnel, il faut maintenant être doté de softs skills. Les soft skills correspondent aux qualités qui relèvent du savoir-être. Cette expression se traduit par “compétences douces” en français. Par exemple, l’adaptabilité, la créativité, la communication et l’empathie sont considérées comme des softs skills. Les entreprises accordent de plus en plus d’importance à ces qualités personnelles, qui s’avèrent difficilement mesurables. Elles surpassent même les acquis techniques, ou hard skills, souvent demandées par un employeur, comme la maîtrise d’un logiciel ou d’un outil. Aujourd’hui, les professionnels sont nombreux à penser que le savoir-faire s’apprend sur le tas et que le savoir-être reste indispensable pour être productif. Or les soft skills sont négligées par 80% des diplômés alors qu’elles deviennent primordiales, selon une étude de Linkedin pour Business Insider.
Quels sont les soft skills incontournables au plan international puis au Bénin ?
Tout va dépendre de l’entreprise en question. Certains recherchent de l’esprit d’entreprise quand d’autres, avec une structure hiérarchique plus forte vont privilégier une capacité à respecter les règles. Tout dépendra de la culture de l’entreprise et de ses valeurs. Il n’y a pas de mauvaise soft skills, certaines sont simplement plus adaptées que d’autres à une situation donnée. Il incombe à chacun de faire une analyse éclairée de ses besoins et de travailler en ce sens.
Toutefois, face à cette valorisation des atouts relationnels, les recruteurs vont se montrer de plus en plus exigeants. World Economic Forum a réalisé une étude dans 15 pays afin d’identifier les soft skills indispensables à avoir en 2020. La résolution de problèmes complexes, la créativité et la pensée critique apparaissent en début de classement. Le management interne aura également une place majeure. La gestion des équipes arrive en 4e place, la coordination en 5e. Enfin, l’étude montre que des qualités liées aux interlocuteurs externes ne sont pas à négliger. Le souci du service client est en 8e position et la négociation en 9e. Pour les jeunes diplômés et les salariés, il ne reste plus qu’à travailler en ce sens pour optimiser ses soft skills.
Comment un entrepreneur ou un citoyen lambda peut identifier et mettre en avant les soft skills qu’il lui faut ?
En cas d’échec, le comportement spontané pousse à se remettre en question et à en chercher les raisons. On cherche alors à savoir ce qui n’a pas fonctionné pour résoudre un problème donné et ne pas reproduire cette situation. Pourtant, le meilleur moyen d’éviter les difficultés est, selon lui, d’opérer un travail d’introspection lorsque tout va bien. Il s’agit de déterminer ce qui nous permet d’être équilibré et satisfait professionnellement et personnellement afin de cerner nos soft skills de prédilection. Est-ce que j’ai naturellement été un leader? Est-ce que j’ai permis à l’équipe d’être plus efficace? Etc.
Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’interroger quand cela va mal. Pour cela, il s’agit de déterminer nos réflexes en cas de problème. Par exemple certains paniquent quand d’autres versent dans une hyperactivité afin de trouver une solution. Les soft skills qu’on aura naturellement moins développés, il faut les travailler et les renforcer à la lumière de nos objectifs futurs.
Une fois que les soft skills ont été décelées, il faut les mettre en valeur.Pour s’en assurer il faut aussi se faire mieux accompagner dans cet exercice.
Notons aussi que L’identification des soft skills chez des candidats par une entreprise présente des enjeux majeurs pour les entreprises qui recrutent. En effet, ces compétences contribuent directement à la réussite d’une organisation, tant sur le plan des résultats financiers que sur celui des relations professionnelles. En misant sur les soft skills au cours d’une campagne de recrutement, vous obtiendrez ainsi : des collaborateurs engagés, en phase avec les valeurs et la culture d’entreprise que vous véhiculez ; un taux de rétention plus élevé chez vos employés, et notamment chez vos nouvelles recrues ; une meilleure cohésion, une solidarité renforcée et des valeurs communes au sein de vos équipes ; une baisse des coûts du recrutement au sein de votre entreprise.
La prise en compte des soft skills au moment du recrutement revêt par ailleurs une importance toute particulière dans un contexte de digitalisation accélérée. En effet, de plus en plus de fonctions sont automatisées, voire prises en charge par des robots munis d’intelligence artificielle. Dans le même temps, les méthodes et les outils de travail déployés par les entreprises évoluent sans cesse.
Il est donc essentiel de recruter des collaborateurs capables de s’adapter à ces nombreux changements, mais aussi curieux et autonomes : autant de soft skills qui permettent aux entreprises de rester compétitives à l’heure du numérique, du Big Data et de l’automatisation.
Peut-on introduire l’enseignement des soft skills dans le système éducatif ? Si oui, où, depuis quand et comment cela se fait ?
Compétences du 21ème siècle, soft skills, aptitudes transversales…Depuis quelques années, tous les professionnels de l’éducation ne parlent que de ces nouvelles compétences que les élèves doivent absolument acquérir au même titre que la lecture ou les notions mathématiques, pour faire face aux défis du futur. Même s’il faut dire qu’en occident et au Maghreb ceci se fait , il faut noté toutefois l’exercice de la manière diffère d’un pays à un autre…avec des résultats différents .En Afrique de l’ouest on en parle sans y accorder déjà une manière .Toutefois des spécialistes tels que le cabinet TALENT Incubator ayant déjà l’habitude de coordonner un tel programme au magreb et en Europe depuis un an l’introduit peu à peu avec pour objectif de pouvoir l’insérer officiellement dans le programme éducatif . Il faut noter que le modèle d’insertion doit dépendre du contexte social pour de meilleurs résultats.
Quelles sont les difficultés qu’on peut rencontrer dans l’utilisation des soft skills ?
La relation humaine est très efficace pour valoriser les soft skills d’un individu. Lors d’un entretien d’embauche, vous pourrez évaluer les réactions et le langage corporel de votre candidat. Ainsi, vous vous apercevrez très rapidement si une personne “comprend vite, “réfléchit bien” ou “sait écouter”.
Mais attention tout de même, car l’entretien peut être un exercice biaisé. Il est facile pour un candidat de faire une bonne impression ou de se montrer exceptionnellement souriant. Il faut aussi reconnaître que la plupart des recruteurs ne sont pas formés pour identifier ce type de compétences. Vous avez peut-être déjà entendu ou dit “ce candidat est pas mal”, “il a l’air sympa”, “il me semble motivé” sans être capable de détailler votre ressenti.
Proposer des tests psychométriques pour mieux cerner la personnalité. Vous pouvez proposer à votre candidat (ou à vos employés) des tests d’aptitude cognitive ou des tests de personnalité. Ces types de tests permettent d’identifier des tendances de comportements. Cela peut être intéressant pour capter des signaux faibles relatifs à certaines compétences comme la curiosité, l’imagination, l’ouverture d’esprit ou encore l’empathie.
Quels sont les inconvénients des soft skills ?
Les soft skills complètent et renforcent les hard skills. En d’autres termes, la combinaison [compétences métiers + soft skills] sera toujours plus performante que l’expertise métier seule, même si celle-ci est plus poussée.
Pourquoi ? Parce que les soft skills intègrent des dimensions autres que techniques, et permettent de maximiser les compétences métiers. Est-ce qu’un cadre RH sera meilleur s’il travaille en mode projet ? Oui. Est-ce qu’un commercial sera meilleur s’il sait designer de l’information ? Oui également.
Sur des fonctions cadres et managériales, la performance est très étroitement liée à la mobilisation de soft skills. Et sur des fonctions plus opérationnelles et techniques ? Un peu d’intelligence émotionnelle ne sera jamais inutile, ne serait-ce que dans la relation manager-managé. Il s’agit simplement d’identifier et de bien doser les soft skills pertinentes pour la fonction, comme on le ferait pour des hard skills.Gérer les soft skills, c’est comme gérer vos hard skills, cela suppose : de bien identifier celles dont vous avez besoin, d’en construire un référentiel concret et objectif.
Avez-vous une préoccupation particulière à aborder ?
Les soft skills couvrent différentes dimensions (les activités, les relations, les émotions, etc.). Bien sûr, dans une fonction donnée, toutes les soft skills ne sont pas indispensables. Par exemple, dans son Talent Program®, qui vise des fonctions cadres et/ou managériales, FONCTION:SUPPORT a identifié 6 soft skills fondamentales.
La conception de projet : capacité à être architecte d’un projet.L’animation de projet : capacité à être leader d’un projet et à faire avancer ce dernier.
L’intelligence émotionnelle : capacité à identifier, comprendre, et traiter ses propres émotions et celles des autres.
L’intelligence relationnelle : capacité à instaurer et à manager des relations de coopération positive.
Le design informationnel : capacité à faciliter et renforcer l’acquisition de l’information avec une pensée UX/UI.
L’agilité organisationnelle : capacité à définir, comprendre et faire évoluer une organisation en tant que système.
Autres exemples de soft skills. La créativité : capacité à imaginer et concrétiser des solutions nouvelles, en dehors des standards.
La pensée critique : capacité à critiquer et à raisonner selon un processus et des arguments rationnels.
La rhétorique : capacité à construire et déclamer des discours efficaces.
La négociation : capacité à confronter et lier ses intérêts à ceux des autres pour résoudre une situation.
La gestion du temps : capacité à dimensionner, organiser, planifier et mesurer des temps.
La prise de décision : capacité à modéliser, évaluer, et prioriser des options pour décider.
Photo : Harry Viderot