Des efforts significatifs sont consentis sur les deux dernières années pour favoriser la résilience du secteur bancaire au Bénin. Cependant, il demeure des vulnérabilités rendant nécessaires des réformes structurelles complémentaires en termes de gouvernance, selon le Fmi.
Le secteur bancaire au Bénin souffre d’une concentration des crédits assez élevée sur un nombre réduit de clients. Au nombre de quinze, les banques dominent le secteur financier au Bénin avec plus de 90 % des actifs totaux, et totalisant environ 9,6 % de l’ensemble des actifs du secteur bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) en 2021. Le ratio de solvabilité pour le secteur s’établissait à 13,6 % à fin 2021, ce qui est légèrement plus élevé que celui de l’ensemble du secteur bancaire dans l’Union, soit 12,6 %.
« Avant la pandémie de Covid-19, le secteur bancaire au Bénin restait en tout état de cause peu développé et vulnérable, ce qui limitait sa capacité à soutenir l’octroi de crédit au secteur privé et, au final, à appuyer la croissance économique », souligne le rapport 2022 Bénin – Diagnostic de la Gouvernance publié en février dernier par le Fonds monétaire international (Fmi). La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Commission bancaire de l’Umoa (Cbu) ont pris des mesures de supervision visant à reconstituer les coussins de fonds propres des banques et à avancer vers la mise en œuvre des standards dits de Bâle II/III et de la norme Ifrs9. Entre autres, elles ont permis de réduire les prêts non performants (Pnp) des banques qui dominent le secteur financier au Bénin à plus de 90 % des actifs totaux. En effet, le ratio brut préliminaire des Pnp a diminué pour le Bénin, avec un taux brut de dégradation du portefeuille clientèle passant de 16,2 % à fin 2020 à 12,5 % à fin 2021 soit une baisse de 3,6 %, selon le Rapport annuel 2021 de la Commission bancaire de l’Umoa. Il reste supérieur à la moyenne de l’Umoa chiffrée à 10,3 %. La plupart des banques ont conduit récemment des plans de recapitalisation pour respecter les nouvelles règles prudentielles de fonds propres, mais quelques petites banques représentant 5 % des actifs du secteur bancaire, n’ont pas satisfait aux exigences minimales de fonds propres à fin décembre 2021, selon le Fmi. Deux petites banques publiques ayant subi des pertes et des insuffisances de fonds propres ces dernières années, ont été fusionnées en juin 2020.
Accroître les capacités
Le Programme d’évaluation du secteur financier (Financial Sector Assessment Program, Fsap) de 2022 pour l’Uemoa a recommandé d’accroître l’indépendance de la Cbu par rapport aux Etats membres, d’appliquer plus efficacement ses pouvoirs de sanction et de mesures correctrices, ainsi que de renforcer les ressources et les capacités affectées à la supervision, rapporte le Fmi. Il est question de modifier l’annexe à la Convention régissant la Commission bancaire de l’Umoa, avec comme principe à explicitement inscrire l’interdiction aux membres de la Cbu de recevoir des instructions en provenance d’entités externes (y compris donc les Etats membres). Ces textes devraient aussi faire obligation aux représentants des Etats au sein du Collège de supervision de la Cbu de servir en tant que membres sans droit de vote, ou alors modifier la composition du Collège pour augmenter la représentation des membres nommés par le Conseil des ministres de l’Umoa sur la base de leurs qualifications professionnelles, souligne le Fsap. Le maintien d’un recours devant le Conseil des ministres de l’Umoa sur les décisions de la Cbu suscite également des préoccupations en termes d’indépendance institutionnelle. Dès lors, la Cour de Justice de l’Uemoa devrait être la seule juridiction d’appel pour les décisions rendues par le Collège de supervision de la Cbu, insiste-t-il.
Le Programme a également mis en avant la nécessité d’une utilisation plus cohérente des sanctions pour faire face en temps voulu aux questions de conformité aux règles prudentielles. En effet, il est constaté que les sanctions semblent « insuffisamment strictes » à l’égard des entités qui ne respectent pas les obligations prudentielles sur une longue période, en particulier en ce qui concerne les exigences minimales de fonds propres. Il a été recommandé que les sanctions soient publiées pour accroître leur efficacité, et que des sanctions pécuniaires soient utilisées plus fréquemment. Aussi, les outils de résolution et de liquidation devraient être appliqués rapidement pour faire face aux cas de banques sous-capitalisées et non viables. Le Fsap a également préconisé le renforcement des ressources et des capacités de la Cbu et de son secrétariat ainsi que la poursuite des investissements informatiques, afin d’optimiser et d’automatiser les outils pour la conduite du contrôle dans un environnement bancaire en évolution.
Aké MIDA
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