Cinq ou dix voire vingt années passées, bon nombre de pays africains avaient annoncé la construction des villes intelligentes et modernes pour faire face aux défis de l’urbanisation. Mais depuis lors, plusieurs projets de ces « Smart Cities » demeurent au point mort pour des raisons diverses. Selon un expert, il existe beaucoup de moyens simples de « smartiser » les villes.
Jo da Costa
« L’Afrique a une longue histoire d’annonce de villes intelligentes, mais les coûts d’infrastructure initiaux élevés et les complexités socio-environnementales expliquent pourquoi très peu de ces projets se sont matérialisés », a indiqué d’emblée Sisonke Mgwebi, consultante chez Frost & Sullivan Africa. « La lenteur du développement et les coûts élevés des nouvelles villes ont laissé bon nombre de ces développements morts dans l’eau », indique-t-elle. A en croire Sisonke Mgwebi, en lieu et place de ces gros projets qui tardent à décoller, les pays africains devraient plutôt utiliser les technologies numériques pour résoudre les problèmes dans les villes existantes. « Les gens n’attendent pas de nouvelles villes, par conséquent, la mise en œuvre d’initiatives de villes intelligentes dans les villes existantes est une stratégie plus raisonnable pour suivre la croissance de la population urbaine », martèle Sisonke Mgwebi.
Low-tech solutions
« Les villes peuvent tirer parti de solutions low-tech (technologies simples et moins coûteuses), telles que la technologie USSD ou de simples applications mobiles pour améliorer l’accès aux soins de santé à domicile, à l’éducation et à l’inclusion dans des groupes de sécurité communautaires ou des services financiers, tels que le Mobile Money », souligne-t-elle. En outre, des solutions plus complexes telles que les technologies avancées de la Quatrième révolution industrielle (4iR) telles que l’intelligence artificielle (IA) pourraient aussi faire l’affaire. Sisonke Mgwebi recommande également l’utilisation par les villes de l’apprentissage automatique (ML) pour améliorer le bien-être en analysant les méga-données. Ceci, ajoute-t-elle, afin de maintenir la biodiversité et d’améliorer les prévisions de catastrophes naturelles, tout en améliorant l’approvisionnement des denrées alimentaires et de l’eau, et de maintenir les systèmes de gestion des déchets. Les mêmes technologies 4IR peuvent se défendre contre les menaces croissantes de sensibilité des données posées par l’urbanisation rapide et un manque de sensibilisation à la cybersécurité. Cependant, il est impitoyable de parler de technologies de pointe, d’appareils mobiles et de capteurs sans tenir compte des défis d’approvisionnement en électricité en Afrique. Sisonke Mgwebi explique : « De nombreuses régions auraient du mal à recharger ces appareils de manière cohérente, c’est pourquoi les politiques visant à encourager les investissements dans les énergies renouvelables et les réseaux intelligents sont essentielles pour aider les villes existantes à utiliser les technologies numériques et à tirer parti des villes plus intelligentes ».