Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2020-2022 réalisé en mai 2019 livre des indices sur le contenu du Projet de loi de finances gestion 2020. Ainsi, on en sait un peu plus sur les priorités du gouvernement pour l’année prochaine. Tour d’horizon.
Joël YANCLO
Dans le domaine agricole, l’État béninois mettra l’accent en 2020 principalement sur le renforcement de l’opérationnalisation des Pôles de Développement ; la poursuite des mesures de facilitation de l’accès aux semences, intrants et marchés pour la promotion des nouvelles filières agricoles : (anacarde, ananas, produits maraîchers, riz, maïs, manioc, palmier à huile, agrumes et mangues, karité et soja) ; l’irrigation, les aménagements hydro agricoles et leur valorisation ; la mise en œuvre du Programme national de développement de la mécanisation agricole ; la réalisation des infrastructures marchandes et le développement des services logistiques (quais fruitiers, chambres frigorifiques, etc.).
Au niveau du numérique, le Projet de loi de finances gestion 2020 prévoit entre autre,l’accélération de l’exécution des projets en cours visant globalement un bon maillage du territoire en fibre optique et la disponibilité de l’Internet haut et très haut débit ; la finalisation du projet d’extension de la couverture en réseau de téléphonie mobile des zones difficiles d’accès ; la mise en œuvre du projet e-agriculture ; l’interconnexion des administrations centrales et départementales ; la mise en place d’une plateforme nationale de paiement électronique mobile, etc.
Dans le domaine de l’industrie et du commerce, en 2020, il est prévu, la mise en place d’un secteur privé productif de biens et services de qualité et compétitifs pour la satisfaction des besoins des consommateurs nationaux et étrangers en vue de l’amélioration de la croissance économique du Bénin et de la réduction de la pauvreté. A cet effet, les priorités concerneront la compétitivité des entreprises locales ; des infrastructures d’appui technique au développement des entreprises ; de l’accompagnement technique au développement des entreprises ; de la sécurité et la protection des consommateurs.
En ce qui concerne le tourisme, la politique de l’État sera orientée en 2020 vers le renforcement des capacités des acteurs et l’amélioration de la qualité des services ainsi que la modernisation des infrastructures touristiques suivant les standards internationaux. Il s’agira de la poursuite des activités de restructuration et de mise en valeur du parc W/Bénin conformément au plan d’affaires d’African Parks Network (APN) ; la poursuite des travaux relatifs à la réinvention de la cité lacustre de Ganvié ; la poursuite des travaux de construction des équipements muséographiques et touristiques dans les villes d’Abomey, d’Allada, de Porto-Novo et de Ouidah ; la restauration à l’identique de la cité historique de Ouidah et du parcours de la route de l’esclave de même que la réhabilitation du site de la Ganni à Nikki, etc.
Dans le domaine de la culture, les axes de la politique publique en 2020 concerneront le renforcement des capacités des acteurs culturels et l’amélioration de la qualité des œuvres, la préservation et la mise en valeur du patrimoine culturel, du patrimoine naturel à caractère culturel, et la modernisation des infrastructures culturelles suivant les standards internationaux. A cet effet, les priorités concerneront, entre autres la construction des complexes culturels et sportifs ; la construction du théâtre national ; la construction de la maison de l’artiste ; la construction d’un zénith de sept mille (7000) places ; la promotion des talents et le renforcement des capacités dans le sous-secteur de la culture en milieu scolaire et dans les communes ; etc.
Dans le domaine des sports, il s’agira pour l’État de promouvoir le développement des activités sportives et la construction d’infrastructures sportives adéquates. Ainsi, le gouvernement veillera en 2020 à la poursuite de l’expérience des classes sportives en football, basketball, handball, athlétisme et arts martiaux en milieu scolaire sur toute l’étendue du territoire national ; l’appui à la préparation et à la participation aux compétitions sportives statutaires régionales et internationales ; l’appui à l’organisation des championnats nationaux ; la construction/réhabilitation des stades communaux et départementaux ; et la création des académies sportives départementales.
Sur le plan de la décentralisation, les priorités pour 2020 concerneront, le pilotage et la mise en œuvre de la Politique nationale de décentralisation (PONADEC) ; l’accélération de l’opérationnalisation de la déconcentration, le renforcement des capacités des élus et des agents de la fonction publique territoriale ; et le renforcement de la gouvernance financière des collectivités territoriales.
Au niveau du travail et de la fonction publique, en 2020 les actions de l’État seront axées sur la modernisation, la dynamisation de l’administration publique et la promotion du travail décent aux travailleurs du Bénin. L’État focalisera ses actions sur l’opérationnalisation du système d’information sur le marché du travail ; l’éradication de la traite et du travail des enfants ; l’extension du système de protection sociale ; la simplification des processus de gestion de carrière ; l’informatisation de la gestion des ressources humaines ; la mise en place d’une gestion électronique des archives.
Dans le domaine de l’eau, l’État accordera la priorité en 2020 à l’amélioration du cadre de gestion pour une bonne gouvernance de l’eau ; le développement des outils de planification ; la réalisation de l’accès universel et durable à l’eau potable ; l’amélioration de la disponibilité de l’eau en quantité et en qualité pour les activités de production.
S’agissant des mines, le gouvernement a fait le choix de renforcer les capacités d’exploitation des ressources minières du pays. A ce titre, en 2020, les mesures mises en œuvre visent la recherche, la promotion et la valorisation des ressources minières. L’accent sera mis sur la révision des cadres institutionnel et juridique du secteur des Mines et des Hydrocarbures; la promotion et la valorisation du potentiel minier du Bénin ; l’intensification des recherches géologiques, minières et pétrolières.
En ce qui concerne les infrastructures, les priorités pour 2020 sont relatives à la poursuite des actions dans le cadre de la modernisation du réseau routier. Ainsi, plusieurs projets phares rentreront dans leur phase active. Il s’agit de la reconstruction du tronçon ancien Pont de Cotonou-Loterie nationale-Hôtel du port-Carrefour CENSAD Erevan (5,80 km) -Aménagement de voies en béton dédiées au trafic portuaire ; la construction d’un axe autoroutier de contournement nord-est de la ville de Cotonou avec construction d’un nouveau pont sur le lac Nokoué et divers ouvrages spécifiques ; l’aménagement de la route Djougou-Péhunco-Kérou-Banikoara ; etc.
Au niveau du cadre de vie, les priorités pour l’année 2020, notamment dans le sous-secteur de l’habitat, porteront sur la réalisation du reste des travaux de construction de 20000 logements ; la construction de cités ministérielles, administratives et départementales ; la construction des infrastructures de la police républicaine à savoir, quartier général, école de police, 155 commissariats, 12 directions départementales, la construction de 22 stades omnisports de standing international ; la construction et l’exploitation d’un complexe Mall-galerie commerciale-piscine olympique au stade Mathieu Kérékou de Cotonou en mode PPP, etc.
Au plan des affaires sociales et de la microfinance, au titre de l’exercice budgétaire 2020, les priorités concerneront le renforcement de la mise en œuvre de l’Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH) ; la construction et l’équipement des infrastructures de protection sociale ; la mise en œuvre d’un programme élargi de filets de sécurité sociale ; la promotion des TIC comme support aux services financiers ; la promotion de l’accès des SFD aux marchés de capitaux à travers les Véhicules d’investissement en microfinances (VIM)
Dans le domaine de la santé, la politique économique sera conforme, en plus du PAG, au Plan national de développement sanitaire (PNDS). Ainsi, spécifiquement pour la gestion 2020, les priorités de l’État concerneront la mise aux normes des formations sanitaires dans le cadre de la généralisation du volet Assurance-Maladie de l’ARCH ; le renforcement du plateau technique des centres hospitaliers à travers l’acquisition de scanners et d’IRM, la poursuite de la construction/équipement/eau/électricité des unités de dialyse ; la construction et l’équipement d’infrastructures sanitaires : centre hospitalier de référence de rang régional et hôpitaux de zone3A, ABD, Ouidah et PAS ; la poursuite de la construction de l’unité de soins palliatifs du CNHU ; le recrutement/le renforcement des capacités des ressources humaines qualifiées dans les formations sanitaires, etc.
En ce qui concerne la promotion des petites et moyennes entreprises et de l’emploi, l’État accordera en 2020 la priorité, entre autres, à la mise en place d’un mécanisme de financement diversifié et intégré, adapté aux besoins des PME ; le développement des infrastructures et l’appui technique et financier aux artisans pour la fabrication des équipements de transformation des produits agricoles ; la mise en place et l’opérationnalisation du guichet unique de promotion de l’emploi ; la multiplication des concours en partenariat avec le secteur privé ; la mise en place d’un système d’information sur le marché du travail.
Pour les enseignements secondaire, technique et la formation professionnelle, les priorités seront entre autres la restructuration du dispositif de pilotage et de suivi des enseignements secondaire, technique et la formation professionnelle ; la poursuite du renforcement de l’attractivité de l’ESTFP et de l’amélioration de l’employabilité des jeunes ; l’amélioration de l’accès, de l’équité et de la qualité ; l’extension de la mesure de gratuité à l’enseignement secondaire général pour la promotion de la scolarisation des filles ; et le développement de l’alphabétisation centré sur les couches socioprofessionnelles.
Au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’État mettra l’accent sur l’opérationnalisation de la Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir (CIIS) qui est un projet phare du PAG ; la construction des infrastructures au profit des universités nationales publiques du Bénin ; l’équipement des infrastructures et des laboratoires des universités publiques en matériels modernes ; l’opérationnalisation des agences en cours de création, à savoir, l’Agence béninoise d’assurance qualité dans l’enseignement supérieur (ABAQES) et l’Agence béninoise de la recherche et de l’innovation (ABRI) ; la poursuite de l’interconnexion de toutes les universités du Bénin ; l’opérationnalisation du Conseil national de l’éducation (CNE) ; l’ouverture des centres de métiers et leur équipement en matériels et personnes ressources (filières techniques et professionnelles ciblées) ; et le recrutement d’enseignants en nombre suffisant compte tenu du départ massif à la retraite en 2019 ; etc.
Il est à souligner que les prévisions macroéconomiques sont sujettes à des incertitudes qui pourraient affecter quelque peu la réalisation parfaite des priorités de la loi des finances 2020. Au nombre de ces contraintes exogènes, il y a les aléas climatiques ; l’évolution des cours des matières premières dont en particulier le coton et le pétrole ; les politiques commerciales et de change au Nigéria ; la réaction du monde des affaires pendant les années préélectorales et électorales ; les conditions financières internationales ; les conditions sécuritaires ; etc. la fermeture des frontières entre le Nigeria et le Bénin depuis le 20 aout 2019 pourrait avoir des répercussions négatives sur les priorités de l’Etat pour 2020.