Le parc de la réserve de biosphère de la Pendjari est un milieu où les éléphants aiment vivre et se reproduire en toute quiétude. A cause de son ivoire, l’éléphant est une espèce très menacée. Que faire pour réduire le risque de braconnage de ce pachyderme d’Afrique de l’ouest ?
TAMPOUNHOURO T. J. Blaise
La réserve de biosphère de la pendjari abrite tout comme les autres réserves du monde, un pachyderme très puissant qu’est l’éléphant. L’éléphant est un animal très puissant et très endurant. Capable de marcher sur des centaines de kilomètres, l’éléphant est un pachyderme qui n’a peur de rien, sauf les braconniers qui lui tendent très souvent, des embuscades meurtrières. Assis à l’arrière d’un pick-up du parc national de la Pendjari, dans le nord du Bénin, Matthieu Yoa sourit avec la satisfaction du travail accompli: avec ses collègues rangers, il vient de poser un collier satellite sur un éléphant pour assurer sa protection.”C’était très fort”, souffle-t-il dans un français hésitant, visiblement ému. Bien que son village natal se situe à quelques kilomètres seulement de cet immense parc national de 4.700 km2, ce jeune homme de 23 ans n’avait jamais vu d’animaux sauvages il y a encore deux mois. “Sauf dans des documentaires.” Il travaillait comme maçon lorsqu’il a lu dans le journal local qu’African Parks, une ONG dédiée à la protection de la nature et qui gère depuis peu le parc de la Pendjari, recrutait une soixantaine de gardes. Sur 1.700 candidats, il fait partie des 35 élèves sélectionnés pour la première promotion. Après six semaines de formation, il sait comment mettre un éléphant à terre pendant un quart d’heure pour lui poser un collier et donner ainsi une chance à l’espèce de survivre en Afrique de l’Ouest. Cette opération extrêmement délicate est supervisée par un vétérinaire sud-africain, Pete Morkel, venu spécialement au Bénin pour équiper de colliers une douzaine d’éléphants et de lions. Traquée pendant près d’une heure par un avion ULM, puis par deux pickups, la bête s’est effondrée dans les herbes hautes après avoir été touchée par un tir de flèche anesthésiante. Réveillée quelques minutes plus tard, elle a aussitôt rejoint son troupeau, un peu groggy, avec son nouveau collier. “Nous avons besoin de connaître leurs déplacements pour leur apporter une meilleure sécurité”, explique Pete Morkel, le visage durci par des années de brousse.”Les éléphants d’Afrique de l’ouest sont assez agressifs de nature, parce qu’ils ont été pourchassés dans cette région pendant des siècles.”Autre spécificité de l’éléphant ouest-africain, ses défenses sont très petites. “Tous les individus avec de grandes défenses ont été massacrés, et avec le temps, cela a modifié leur génétique”, poursuit le vétérinaire. Les commerçants portugais, arrivés dans le royaume du Dahomey dès le XVe siècle, exportaient déjà l’ivoire en grande quantité, et le commerce a atteint son apogée pendant la colonisation française. Après une courte accalmie dans les années 1990, due à l’émotion internationale et la baisse d’intérêt des clients européens, le trafic a repris il y a une dizaine d’années avec l’expansion du marché asiatique. Et c’est ce qui fait que l’éléphant, ce grand pachyderme d’Afrique est menacé.
Nécessité d’en finir avec le braconnage
Le braconnage est l’une des choses les plus mauvaises dans le parc de la pendjari. « Moi je déteste ces braconniers qui s’introduisent dans le parc les nuits pour aller opérer » a déclaré un forestier sous anonymat. Ils sont à l’origine de la mort de nombreux éléphants dans le parc a-t-il lancé. La population de pachydermes est petite en Afrique de l’ouest, et essentiellement concentrée au niveau de la Pendjari et du WAP parc transfrontalier qui recouvre la Pendjari ainsi que des zones protégées au Burkina Faso et au Niger- où elle ne dépasse pas les 6.000 individus”, raconte Jean-Marc Froment, chargé de la conservation au sein d’African Parks. C’est pour cela qu’il urge de mettre tout en œuvre pour une lutte efficacement contre les braconniers.