L’utilisation efficace d’outils de financement novateurs et une refonte de l’architecture du financement s’avèrent nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire et lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes dans le monde, révèle un récent rapport publié par la Fao.
Aké MIDA
« Il est urgent de trouver des solutions innovantes, inclusives et équitables pour accroître les financements au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire », alerte l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (Fao). Dans un contexte où la plupart de ces pays ont une capacité d’accès au financement limitée, des dons ou des prêts concessionnels sont nécessaires pour baisser les niveaux de prévalence élevés de la sous-alimentation et du retard de croissance chez l’enfant de moins de 5 ans, indique le rapport 2024 sur L’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (Fao, Fida, Oms, Pam et Unicef, 2024), qui est titré « Des financements pour éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition ».
En effet, la prévalence mondiale de la sous-alimentation est demeurée pratiquement inchangée pendant trois années consécutives après avoir fortement augmenté en raison de la pandémie de Covid-19 qui a annihilé les progrès enregistrés au cours de la décennie. Le rapport indique que la faim aurait touché entre 713 et 757 millions de personnes en 2023, soit 1 personne sur 11 dans le monde.
Besoin de 15 400 milliards de dollars
L’insécurité alimentaire modérée ou grave touchait 28,9 % de la population mondiale, soit 2,33 milliards de personnes l’année dernière. Le cas de l’Afrique est particulièrement préoccupant avec 20,4 % de la population, soit 1 personne sur 5 en Afrique touchée par la faim, contre seulement 8,1 % en Asie, 6,2 % en Amérique latine et dans les Caraïbes et 7,3 % en Océanie.
La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2023 indiquait que les coûts cachés quantifiés des systèmes agroalimentaires représentent, au niveau mondial, au moins 10 000 milliards de dollars Us. L’objectif d’élimination de la faim (Odd 2) semble visiblement hypothéqué, avec des répercussions sociales, économiques et environnementales énormes à moyen et long termes.
Les politiques et les interventions nécessaires requerraient des financements de l’ordre de 176 milliards à 3 975 milliards de dollars américains (Usd) de ressources supplémentaires pour éliminer la sous-alimentation, et de 90 milliards d’Usd de ressources supplémentaires d’ici à 2030 pour atteindre certains des objectifs mondiaux liés à la dénutrition, selon plusieurs études rapportées par la Fao. Les estimations vont jusqu’à 15 400 milliards d’Usd si l’on ajoute les types de politiques porteuses de transformations à financer pour rendre plus abordable une alimentation saine pour des millions de personnes, tout en continuant de faire reculer la sous-alimentation.
Approches
Un appel pressant à des stratégies de financement mixte est lancé en vue de réduire le risque financier et favoriser l’augmentation des flux financiers privés à des fins de sécurité alimentaire et de nutrition. L’architecture du financement a besoin d’être renforcée par une meilleure coordination entre les donateurs, les banques de développement, les institutions financières et les fondations philanthropiques et doit prêter attention aux priorités des pays bénéficiaires, souligne le rapport.
Les instruments financiers devront être plus accessibles aux groupes de population qui ont du mal à accéder aux services financiers, tels que les femmes, les populations autochtones, les petits exploitants agricoles et les petites et moyennes entreprises agroalimentaires, insistent les auteurs. Ils soulignent la nécessité d’établir une base commune pour définir le financement au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition, et des méthodes de suivi, de mesure et de mise en œuvre, afin d’assurer à tous l’accès à une alimentation saine, aujourd’hui et demain.
Instruments de financement novateurs recommandés aux pays en fonction de leur capacité d’accès aux flux de financement.