Le changement climatique interagit avec d’autres pressions sociales, économiques et environnementales, aggravant les risques de vulnérabilité et les conflits. Pour faire face à ce phénomène et limiter les impacts déjà visibles sur les couches vulnérables, la Banque a annoncé en 2021, la création des rapports nationaux sur le climat et le développement.
Félicienne HOUESSOU
Le développement durable et la lutte contre la pauvreté vont de pair avec la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement. Tel un baromètre, les rapports nationaux sur le climat et le développement seront un outil diagnostique de fond pour déterminer comment les pays peuvent atteindre leurs objectifs de développement tout en s’adaptant au changement climatique et en atténuant les émissions de gaz à effet de serre. Pour le Groupe de la Banque mondiale, l’action climatique est essentielle pour faire reculer la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée de manière durable. Ainsi, il s’agira d’un véritable changement de paradigme vers la promotion d’un développement vert, résilient et inclusif, qui passe par l’intégration de l’enjeu climatique dans notre « ADN institutionnel ». Les rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) constituent un outil diagnostique : ils ont été conçus pour aider les pays à mieux comprendre les risques climatiques auxquels ils sont confrontés et à réfléchir aux moyens d’y faire face tout en réalisant leurs objectifs de développement. « Ces rapports partent des priorités de développement et des engagements climatiques de chaque pays pour déterminer les mesures les plus efficaces qui lui permettront de progresser vers ces objectifs climatiques et de développement. Ils fournissent, pour un pays donné, une base d’analyse solide et rigoureuse à partir de laquelle il pourra s’orienter vers une transition bas carbone et résiliente », indique l’institution de Bretton Woods.
Les CCDR suivent une démarche délibérément centrée sur les personnes et les populations locales, car ce sont elles qui détermineront le succès et la viabilité de toute politique ou transition axée sur l’action climatique. Ils évaluent comment les risques climatiques affectent les populations et les communautés et comment renforcer leur résilience. Les grands axes stratégiques sont les suivants : un programme régional pour le delta du Mékong, région vulnérable qui assure 50 % de la production rizicole du pays et un tiers de son PIB agricole ; un plan intégré visant à protéger les zones urbaines côtières et les liaisons de transport contre les phénomènes météorologiques extrêmes ; un programme de lutte contre la pollution atmosphérique dans la région de Hanoi ; l’accélération de la transition vers les énergies renouvelables ; et le renforcement des dispositifs de protection sociale pour contrebalancer les répercussions économiques que l’action climatique pourrait avoir sur les plus vulnérables.
Vers l’encadrement et le renforcement de l’action climatique
Les nouveaux rapports vont non seulement, identifier et analyser les décalages entre les politiques climatiques et les politiques de développement. Plus encore, ils définiront les mesures les plus efficaces pour réduire les émissions de GES et renforcer la résilience. Ils se penchent sur trois grands domaines d’action stratégique afin d’offrir un cadre de définition des priorités. Premièrement, ils examinent les politiques et les investissements sectoriels et macroéconomiques qui créent des synergies entre l’action climatique et les objectifs de développement à court et moyen terme. Deuxièmement, ils mettent en évidence les difficultés de conciliation éventuelles entre certains objectifs climatiques et d’autres objectifs, et identifient les politiques et les investissements nécessaires pour éviter ou gérer de tels arbitrages. Troisièmement, les CCDR explorent les pistes, réformes, investissements et instruments de l’action publique qui permettront de tirer parti des ressources et des solutions du secteur privé, tant pour l’adaptation au changement climatique que pour l’atténuation.
Les CCDR aborderont les questions de financements de plusieurs manières. Au niveau du Groupe de la Banque mondiale, ces rapports visent à éclairer les discussions afin de définir les priorités sur lesquelles devront porter les prêts. Le lancement des CCDR peut servir de plateforme nationale aux gouvernements, aux autres banques multilatérales de développement et aux investisseurs privés pour définir ensemble les priorités et les stratégies clés. Cet outil de diagnostic peut aider à recenser les investissements urgents et à fort impact qui devraient avoir un accès prioritaire aux ressources concessionnelles et aux financements du développement, notamment auprès des bailleurs de fonds non traditionnels et du secteur privé. L’objectif est aussi de collaborer avec de multiples parties prenantes : pouvoirs publics, organisations de la société civile, organisations non gouvernementales, monde universitaire, secteur privé et partenaires de développement. Pour mieux évaluer les effets globaux, sectoriels et sociaux des mesures d’atténuation et d’adaptation, les performances macroéconomiques, les effets redistributifs, les indicateurs sectoriels seront mis en examen.