A en croire l’Institut Swiss Re, les catastrophes naturelles ont engendré 280 milliards US$ de dégâts dans le monde en 2023, dont 108 milliards US$ pris en charge par les compagnies d’assurances. Les (ré) assureurs s’inquiètent et redoutent le pire car l’impact du changement climatique ne fait que s’accentuer.
Issa DA SILVA SIKITI
Selon Swiss Re, les pertes assurées mondiales dues aux catastrophes climatiques – indexées sur l’inflation – ont dépassé la croissance économique mondiale au cours des trois dernières décennies, s’élevant de 1994 à 2023, en moyenne à 5,9% par an, alors que le Produit intérieur brut (PIB) mondial n’augmentait que de 2,7%.
Le spectacle a été désolant en 2023 en Afrique, le continent qui ne contribue que très peu au changement climatique mais qui en subit de plein fouet. Le tremblement de terre mortel au Maroc (10,7 milliards US$ de pertes), les inondations mortelles en Libye, en RDC, au Rwanda et le cyclone Freddy au Mozambique, pour ne citer que quelques-uns dont les coûts restent inconnus, ont plongé le continent dans un émoi effroyable et provoqué une panique générale chez les (ré) assureurs africains.
Soutien gouvernemental
Pendant que le réassureur Swiss Re avertit déjà que ces pertes pourraient doubler au cours des dix prochaines années en raison de la hausse des températures et de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, les (ré) assureurs africains soulignent la nécessité d’un soutien gouvernemental pour la couverture d’assurance catastrophe.
« Les catastrophes naturelles et celles résultant de l’action de l’homme s’écartent de certains principes d’assurabilité, et la violation des conditions de l’assurabilité peut créer des situations dans lesquelles ces risques sont jugés non assurables par les compagnies », indique Dr Phocas Nyandwi, Directeur des opérations centrales et des risques spéciaux d’Africa Reinsurance Corporation, dans la 32eme édition du magazine Africa Re News.
Et d’ajouter : « Bien que le type d’intervention optimale des gouvernements ne soit pas nécessairement uniforme en toutes circonstances, le consensus qui prévaut est qu’au moins une certaine forme de soutien du gouvernement est nécessaire pour une couverture durable des risques de catastrophes. Pour la réussite de la couverture d’assurance catastrophe, les gouvernements doivent, en cas de catastrophe naturelle, prendre en charge le coût de reconstruction des infrastructures publiques, ainsi qu’une part importante des sinistres privés, pour le compte des populations non assurées, outre le coût lié au soutien social ».
Enfin, il précise que la prise de conscience apparemment croissante et la disponibilité des gouvernements africains à passer du cycle sans fin de la gestion des crises à celui de la gestion des risques, représente une opportunité pour le secteur de l’assurance. Toutefois, renchérit-il, pour la viabilité de la couverture d’assurance catastrophe, il est important que les efforts des gouvernements soient orientés davantage vers le développement du secteur privé de l’assurance et la pénétration de l’assurance à long terme.