(Les progrès du Bénin salués par le FMI)
La représentation du Fonds Monétaire International (FMI) au Bénin a organisé un déjeuner de travail avec les médias pour la présentation et la discussion autour du dernier rapport « Perspectives Economiques Régionales pour l’Afrique sub-saharienne : La Grande Pénurie de Financement », au titre de l’édition de printemps 2023. Les pistes de solutions pour augmenter les financements en Afrique ont été abordées lors de ces échanges tenus le jeudi 25 mai 2023.
Abdul Wahab ADO
La présentation du rapport par le représentant résident du Fonds Monétaire International (FMI) au Bénin, Younes Zouhar et une session de questions-réponses avec les professionnels des médias sont les points de la rencontre. A cette occasion, dans sa présentation, le Représentant résident du FMI au Bénin a fait savoir que la récente pénurie de financement est principalement due à des chocs mondiaux. La pénurie de financement vient aggraver des tendances plus longues. Les conséquences de la pénurie de financement ont été présentées. Des vies sous la menace et Préoccupations à plus long terme ; Coup d’arrêt à la reprise économique ; Dégradation de la position d’endettement ; Impact négatif sur le développement, sont, entre autres, les conséquences de la pénurie de financement. Selon les statistiques, la moitié des pays affichent un taux d’inflation à deux chiffres. L’inflation totale s’élevait à 10,1 % en février 2023.
Arrêt de la reprise économique en Afrique subsaharienne
La croissance du PIB en Afrique subsaharienne devrait s’établir à 3,6 % en 2023. Il y a des différences marquées au sein de la région. Une légère amélioration de la situation dans de nombreux pays ne devrait pas compenser le ralentissement économique dans certains grands pays tels que l’Afrique du Sud. Il aura hétérogénéité des croissances économiques dans la région en 2023, selon le FMI.
En perspective, l’année 2024 s’annonce plus heureuse
Le PIB en Afrique subsaharienne devrait croître de 4,2% en 2024. Cette prévision se base sur les hypothèses de reprise de l’activité au niveau mondial, une baisse des prix de l’énergie, et une modération de l’inflation (et donc des taux d’intérêt). Ce rebond devrait affecter principalement les pays pauvres en ressources naturelles et pays riches en ressources non pétrolières. À plus long terme, il y aura une plus grande vulnérabilité de la position d’endettement et moindre potentiel de croissance, selon le FMI.
La situation d’endettement s’est nettement détériorée
Le ratio d’endettement public a doublé au cours de la décennie écoulée posant des défis pour le refinancement des engagements existants. Cette situation aggrave la vulnérabilité en matière d’endettement. Les problèmes de liquidité persistants peuvent se transformer en problèmes de solvabilité. La charge des intérêts de la dette a doublé au cours de la dernière décennie.
La pénurie de financement pourrait également laisser des séquelles sur le tissu économique en réduisant la capacité des pays à organiser la re-scolarisation et le rattrapage scolaire après la pandémie. Ce qui pourrait réduire la capacité des pays à s’intégrer dans l’économie mondialisée à l’avenir. Les pays sont contraints de réduire les montants consacrés aux domaines essentiels pour le développement comme la santé, l’éducation et les infrastructures. Cela risque d’affaiblir la croissance potentielle de la région et d’enrayer la dynamique de rattrapage économique.
Priorités pour l’action publique
Il y a quatre priorités, selon le FMI. La première, estla politique budgétaire pour réduire l’endettement et s’adapter à des conditions financières moins favorables. Il a été noté unrisque de surendettement, 2015–22, et un rééquilibrage budgétaire nécessaire pour stabiliser la dette publique au-dessous de 70 % du PIB. Le seuil de 70 % représente le deuxième tercile du ratio de dette dans les pays d’AfSS. Pour les pays dont la dette se situe en deçà de ce seuil, le rééquilibrage permet de stabiliser les ratios d’endettement aux niveaux de fin 2022. Pour ceux dont la dette franchit ce seuil, le rééquilibrage permet de ramener le ratio d’endettement à 70 % dans les 6 ans.Pour ce qui concerne les recettes fiscales dans différents groupes de pays, 2022, il faut contenir les risques budgétaires en réduisant les engagements hors déficit (dépenses extrabudgétaires, arriérés, garanties etc.) ; Renforcer la gestion de la dette (communication, reprofilage, etc.) ; Mieux mobiliser les ressources intérieures. Dans certains cas, des restructurations de dette peuvent être nécessaires (Tchad, Ethiopie, Zambie, et Ghana).
La seconde priorité est l’inflation qui commence à se stabiliser et les banques centrales vont ajuster le rythme du resserrement de la politique monétaire. Selon les analyses, en moyenne, l’inflation semble avoir atteint un plateau. Mais la situation varie au sein de la région. L’inflation est en retrait dans la moitié des pays de la région. Dans l’autre moitié, elle augmente encore ou se montre très volatile. Quoi qu’il en soit, elle reste trop élevée selon le FMI. Dans tous les pays d’Afrique subsaharienne il été a recommandé de poursuivre le resserrement progressif de la politique monétaire tant que l’inflation n’est pas clairement orientée à la baisse sans complaisance. L’inflation impacte l’insécurité alimentaire, et il deviendra beaucoup plus coûteux de la réduire une fois qu’on a laissé s’installer des effets de second tour. Les pays en régime de change fixe présentent des taux d’inflation plus bas mais sont soumis à une contrainte supplémentaire relative au niveau de réserves.
La troisième priorité est que les pays font face à des pressions considérables sur les taux de change et doivent en atténuer les effets néfastes sur leur économie. Des pressions de change considérables ont été observées au cours de l’année écoulée. Cela tient principalement à des facteurs mondiaux : évolution des termes de l’échange et normalisation des politiques monétaires. De nombreux pays ont pris des mesures pour atténuer ces pressions. Dans la majorité des cas, les taux de change doivent s’adapter aux nouveaux fondamentaux économiques. De toute manière, le niveau insuffisant des réserves limite la capacité à faire des interventions de changes. Des mesures complémentaires peuvent se justifier pour atténuer les pressions et en atténuer les effets néfastes.
La quatrième priorité est que les réformes structurelles sont plus importantes que jamais sur fond de besoins urgents pour faire face au changement climatique. Dans le contexte actuel de pénurie de financement, les réformes structurelles jouent un rôle fondamental pour : mobiliser davantage les ressources intérieures (assiette fiscale et marchés financiers épargne de long terme) ; promouvoir investissements et financements privés ; renforcer la diversification et la résilience.
Selon le FMI, le financement de l’action climatique reste très insuffisant. Il faut davantage de financements internationaux concessionnels. Le renforcement des capacités au niveau local est essentiel pour débloquer les financements supplémentaires.
En somme, la pénurie de financement amplifie les facteurs de vulnérabilité existants. Les pays vont devoir moins compter sur les modalités traditionnelles de financement du développement. Cette pénurie de financement contraint les réponses de politique économique à court terme (en matière budgétaire, de taux de change, d’action climatique…). Ainsi, il faut renforcer la résilience économique, d’où l’importance de mobiliser de nouvelles sources de financement. La solidarité internationale demeure essentielle. C’est pourquoi, depuis le début de la pandémie, le FMI a décaissé environ 50 milliards de dollars. Aujourd’hui, 21 pays ont des programmes avec le FMI. Plusieurs autres demandes sont actuellement en discussion.
Encadré
Les progrès du Bénin salués par le FMI
Lors de la rencontre d’échanges avec le représentant résident pour le Bénin du Fonds Monétaire International (FMI), Younes Zouhar, a passé au peigne fin quelques réalisations faites par le Bénin. Au nombre des progrès réalisés au Bénin, on peut citer la soutenabilité de l’endettement du Bénin, les dépenses sociales qui s’améliorent et cette augmentation a permis de faire face aux dépenses sociales. Il y a une maîtrise de l’inflation au Bénin contrairement aux autres pays de l’Uemoa. Le Bénin a une bonne rigueur budgétaire pour soutenir l’économie. Il y des marges d’amélioration des recettes fiscales au Bénin et des exonérations fiscales. La dette est viable et soutenable.