Sacrifiant à la tradition, la Direction nationale de la BCEAO et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Bénin (Apbef-Bénin) ont tenu, jeudi 28 septembre 2023, leur 3ème rencontre de concertation au titre de l’année 2023 dans les locaux de l’agence, à Cotonou. Une série de sujets d’actualité ont été passés en revue à l’occasion, notamment, l’examen du rapport 2022 de la Commission bancaire, les défis à relever par le système bancaire béninois en termes de respect de la réglementation bancaire et bien d’autres.
Sylvestre TCHOMAKOU
« En gros, si on devrait émettre un avis sur le système bancaire béninois, après notre réunion, c’est une place qui se porte bien, qui continue de financer l’activité économique, même s’il y a encore des progrès à faire ». C’est, en substance, la conclusion à laquelle est parvenu le Directeur national de la BCEAO (DN/BCEAO), Emmanuel Assilamehoo, à l’issue de la 3ème rencontre entre la BCEAO et l’APBEF-Bénin au titre de 2023. Intervenant dans un contexte sociopolitique difficile dans la sous-région (fermeture de frontières avec le Niger, réformes dans le secteur des hydrocarbures au Nigéria, etc.), ce rendez-vous trimestriel a été l’occasion pour les acteurs du marché bancaire béninois d’examiner, à l’échelle du Bénin, le rapport de l’année 2022 de la Commission bancaire qui a été publié récemment. En termes de performances, selon le Directeur national de la BCEAO pour le Bénin, avec ledit rapport, il est apparu clairement qu’il y a beaucoup de points positifs pour la place bancaire du Bénin qui, du point de vue de la solvabilité, est solide. « C’est une place financière qui est solvable », a-t-il fait savoir au cours du point de presse sanctionnant la 3ème rencontre. Toujours, au titre des points positifs sur la place bancaire du Bénin, de satisfaisants résultats ont été notés quant aux produits nets bancaires. Mieux, grâce au travail du système bancaire, de l’appui des autorités du ministère de l’économie et des finances, ainsi que de la justice, le portefeuille de crédits des banques, a expliqué Emmanuel Assilamehoo, « a été véritablement assaini ». « Il y 3 ou 4 ans, dit-il, nous avions des taux de dégradation brute du portefeuille qui était largement au-dessus de la moyenne de l’Union. Aujourd’hui nous sommes en dessous de la moyenne de l’Union ». En matière de dispositif prudentiel, la place bancaire béninoise s’affiche aussi en bonne élève de la BCEAO. Dans une perspective de croissance durable du secteur bancaire du Bénin, la représentation de l’institut d’émission ne s’est pas contentée de dresser les performances du Bénin.
Renforcer la trésorerie et revoir le taux débiteur
Du rapport examiné, relevant une faible voire une quasi-absence de trésorerie propre aux banques de la place financière du Bénin, ce qui conduit à leur refinancement par la BCEAO, comme c’est le cas dans d’autres pays, le DN/BCEAO pour le Bénin a insisté sur l’importance de l’amélioration de la trésorerie des banques. « Il faudrait que la place bancaire du Bénin puisse renforcer sa trésorerie propre », a-t- exhorté, avant d’ajouter : « Ce que nous appelons trésorerie propre, c’est ce que possède la banque elle-même, sans refinancement de la Banque centrale. Donc si la banque centrale ne refinançait pas une banque, qu’est-ce qu’elle a, elle-même, de par ce qu’elle génère, de par ce que les actionnaires ont mis comme ressources dans la banque, de par les autres capitaux longs ou les produits qu’elle a pu générer. (…) Les banques doivent améliorer l’adéquation entre leurs ressources et leurs emplois.». En matière de rémunération des dépôts à terme, notant que la place financière du Bénin continue de rémunérer les dépôts à terme à des taux beaucoup plus élevés que la moyenne de l’Union, ce qui impacte les taux du crédit, les banques de la place ont été invitées à améliorer leur conformité réglementaire. Intervenant à l’occasion, le Vice-Président de l’APBEF, et DG de Coris Bank Bénin, Jean-Jacques Golou, tout en précisant que le système bancaire béninois n’est pas à court de liquidité, a précisé : « Nous sommes dans un environnement où nous sommes en plein investissement. Le Bénin est en projet, et donc, ça met la pression sur la liquidité des banques ». « Pour l’améliorer, va-t-il ajouter, nous continuons de travailler sur les actions relatives à l’inclusion financière pour amener le maximum d’opérateurs dans le formel, de manière à ce que la liquidité soit davantage renforcée pour financer les projets des entreprises ». Ce qui devrait permettre de baisser le coût des prêts bancaires.