En marge de la célébration de la journée internationale pour l’éradication de la pauvreté, la Banque mondiale et la coordination du Projet emploi des jeunes (Pej) ont conjointement organisé une visite de terrain ce mardi 16 octobre 2018 dans le département de l’Ouémé. Cette descente dans les communes d’Adjohoun, de Dangbo et de Missérété a permis de voir les réalisations de quelques jeunes bénéficiaires du Pej et des producteurs du projet Riz de la Vallée de l’Ouémé et du Plateau (Rivalop).
Le gouvernement du Bénin avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale a mis sur place le Pej dans le but d’apporter des réponses durables à la crise de l’emploi qui sévit dans le pays. L’objectif de ce projet d’envergure nationale est d’améliorer l’accès aux compétences et aux opportunités d’emploi des jeunes peu ou pas instruits en situation de sous-emploi. Les secteurs d’activités pris en compte par le Pej sont : l’artisanat, la transformation agricole et le tourisme. Le représentant du Pej, Wilfried Gbéssi a expliqué que les bénéficiaires après avoir suivi un cycle de plusieurs formations sur la création d’entreprise, reçoivent une subvention de 200.000 Fcfa dans le cadre du projet.
Viviane Vlavonou est une productrice de gari (farine de manioc) qui a installé son usine de transformation de manioc dans l’arrondissement de Kpadamè. Aujourd’hui, grâce à l’appui technique et financier du projet Pej, elle arrive à produire 6 sacs de gari par jour. De plus, elle a la possibilité d’épargner non seulement pour agrandir son business mais aussi pour faire face aux risques au cas où elle en rencontrerait. « Avant, je produisais le gari une fois en passant parce que je n’avais ni emplacement ni matériels adéquats. Aujourd’hui, grâce au Pej, j’ai pu acheter tous les matériels qui me manquaient. J’ai suivi des formations qui m’ont rendu plus performante et plus professionnelle. Je vends en gros et en détails à plusieurs partenaires. J’emploie pour le moment 3 jeunes que je paye soit par jour soit par semaine », a-t-elle témoigné. La seule difficulté de la jeune entrepreneure, c’est l’approvisionnement en manioc. Ainsi, elle envisage à long terme agrandir son entreprise et pourquoi pas, se lancer dans la production de la matière première qu’est le manioc. Aussi bénéficiaire du Pej, Victorin Dédji s’investit dans plusieurs branches d’élevage et de production agricole. Il s’agit entre autres de l’élevage de volailles (pigeons, pintades, poulets) de chèvres, de la culture du maïs sucré, de l’ananas, de la pastèque et du maraîchage en pleine saison. « Malgré ma formation en menuiserie, j’étais dans une pauvreté terrible avant. Lorsque j’ai été sélectionné pour le Pej, beaucoup de choses ont changé et aujourd’hui je dépasse même mes camarades qui ont évolué avec les études. Avec la subvention Pej j’ai pu acheter plusieurs matériels tels que : Ponceuse, rabot électrique, meule… et je reçois aujourd’hui beaucoup de commandes », a confié Pierre Amoussou, un jeune bénéficiaire de 22 ans. Pour le représentant Pej, Wilfried Gbéssi, cette descente sur le terrain vise à mesurer l’impact que ces petites entreprises financées par le projet ont sur la vie des jeunes ainsi que sur leur participation à l’éradication de la pauvreté. « Au total, 7500 jeunes ont reçu la subvention pour la première promotion. 8500 autres jeunes sont actuellement en formation », a-t-il informé. De plus, pour les jeunes qui ont déjà installé leurs entreprises, il a annoncé que le gouvernement a négocié un partenariat avec le lycée agricole pour des formations professionnelles d’une durée de 7 jours. Cette formation de renforcement de compétences est prévue pour le 22 octobre 2018.
La filière rizicole en pleine expansion dans l’Ouémé
Grâce aux Projet d’appui à la diversification agricole (Pada) et Projet de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppao-Bénin), la production du riz de la vallée de l’Ouémé s’améliore de plus en plus. Aujourd’hui, la vallée de l’Ouémé produit plus de 2500 tonnes de riz en période de crue grâce aux techniques de la productivité vulgarisées par le Programme cadre d’appui à la diversification agricole (ProCard). Ces techniques permettent entre autres d’atteindre jusqu’à 9 tonnes de riz à l’hectare à travers la mise à disposition de la semence de qualité. Pour le président de l’Union départementale des riziculteurs de l’Ouémé, Bathélémy Bognon, la semence est la matière première du cultivateur. Et pour un rendement de qualité, cette semence doit pouvoir réunir un certains nombre de caractéristiques. « La vallée est riche et point besoin d’engrais pour la production du riz. Mais nous avons un problème d’aménagement. Cinq (05) communes du département produit le riz actuellement et si on peut aménager de sorte à produire même en saison pluvieuse, cela pourrait significativement augmenter la production et nous permettre de couvrir la demande nationale », a-t-il fait remarquer. En effet, les projets Pada et Ppao-Bénin ont démarré en 2012 pour une période de 5 ans. Au vu de la réussite et l’impact positif des réalisations, il a été décidé d’une phase additionnelle. Selon la chargée de communication du ProCard, Sofiath Osséni, la phase additionnelle du Pada s’étend sur quatre (04) années tandis que celle du Ppao-Bénin sur trois (03) années. Sa branche qui consiste à améliorer la productivité du riz dans la vallée a été financée à hauteur de 75 millions de Francs Cfa.
Félicienne HOUESSOU