Le secteur mondial de la microfinance fournit des services de crédit et d’épargne à plus de 140 millions de clients à faible revenu. En 2018, les IMF ont géré près de 124 milliards de dollars d’encours de prêts et 80 milliards de dollars d’économies. Violemment secouées par la crise sanitaire, bon nombre des IMF restent encore debout mais s’en sont sorties gravement meurtries.
Issa SIKITI DA SILVA
Affectés par le Covid-19 et ses confinements macabres, de nombreux clients des IMF, dont la plupart sont des petites entreprises et des populations pauvres, étaient dans l’impossibilité de rembourser l’argent qu’ils devaient à ces institutions.
Les moratoires de paiement de dettes imposés par certains gouvernements avaient fini par faire bouleverser les avoirs de plusieurs IMF, qui semblaient être au bord de l’implosion.
Selon une enquête menée auprès de 225 institutions de microfinance dans différentes régions du monde pendant la pandémie avait révélé que les petites IMF étaient près de deux fois aussi susceptibles que les IMF moyennes de faire face à des contraintes de liquidité. La situation était plus grave en Afrique subsaharienne, en Amérique latine et aux Caraïbes que dans d’autres régions.
Il fallait donc aider ces institutions qui jouent un rôle prépondérant dans la vie de nombreux clients à faible revenu, à survivre et à rester opérationnel.
A en croire la Banque mondiale, les décideurs politiques et les régulateurs avaient répondu à l’appel de détresse de ces maisons de finance avec des mesures de soutien, qui étaient variées selon les pays.
« Bien que les organisations non gouvernementales non réglementées n’aient bénéficié que de mesures politiques plus larges telles que le soutien fiscal, les IMF réglementées ont reçu un soutien similaire à celle offerte aux banques commerciales », indique la Banque mondiale dans son dernier « World Development Report 2022 ».
Malheureusement, souligne la Banque mondiale, dans certains cas, les mesures sont arrivées trop tard compte tenu de la nature à court terme des prêts de microfinance et les premiers impacts de la pandémie sur les clients à faible revenu et les SME.
« De même, certaines banques centrales qui ciblaient les IMF avaient dû imposer des exigences d’éligibilité ou de garantie qui ne pouvaient pas être fournies par les IMF », poursuit le rapport.
Et après ?
La Banque mondiale recommande aux gouvernements de s’embarquer dans un exercice de restructuration et de consolidation en vue d’effectivement assainir le secteur en fermant ou en consolidant les IMF faibles et mal régies.
En outre, les décideurs politiques doivent poursuivre des mesures qui soutiennent la fourniture de services financiers aux petites et moyennes entreprises et au secteur informel.
Par ailleurs, la BM lance aux IMF d’embrasser la transformation numérique en vue de s’appuyer sur de technologies pour une meilleure gestion des risques, de développer de nouveaux modèles commerciaux qui tirent parti de leur infrastructure et du positionnement de leurs clients. Elles devront aussi orienter leurs produits afin qu’ils soient plus accessibles au secteur informel et aux petites entreprises.