Les conflits armés et l’insécurité peuvent entraîner une contraction économique pouvant atteindre 20% dans la région du Sahel, selon les analyses du Fonds monétaire international (FMI), qui souligne qu’en Afrique subsaharienne, 30% des pays sont considérés comme affectés par un conflit.
Julien COSTA
« Ces tendances retardent ou entravent généralement les investissements cruciaux dans les transports, l’électricité et la connectivité numérique que les efforts d’intégration régionale pourraient déclencher, comme par le biais de l’Accord de libre-échange continental africain (Zlecaf) », a écrit Franck Bousquet, directeur adjoint de l’Institut du FMI pour le développement des capacités. D’après ce spécialiste des économies vulnérables, la guerre soudanaise qui a éclaté en avril est un rappel brutal des retombées profondes des conflits violents dans la présente économie mondiale intégrée. « Au-delà des souffrances du peuple soudanais, un conflit généralisé déstabiliserait davantage la région. Les voisins du Soudan, tels que la République centrafricaine, le Tchad, l’Éthiopie, la Libye et le Soudan du Sud, sont déjà confrontés à des conflits, des troubles civils et l’insécurité alimentaire », a-t-il laissé entendre. Le Tchad compte désormais plus de 680 000 réfugiés et plus de 380.000 déplacés internes, selon l’ONU, qui signale que les réfugiés du Soudan sont déplacés entre les différents camps du Tchad. Le HCR prévient que plus d’un million des Soudanais pourraient fuir leur pays et chercher refuge ailleurs si le conflit continue. Franck Bousquet, qui est également le coordinateur de l’engagement du FMI auprès des États fragiles et touchés par des conflits, insiste que les impacts des conflits sur les personnes et les économies sont absolument néfastes.
Appel solennel
C’est ainsi qu’il lance un appel solennel à l’humanité de fournir des efforts sécuritaires, diplomatiques et humanitaires pour mettre un terme à ces tendances conflictuelles. « La communauté internationale doit intensifier son aide et développer des solutions de financement qui soutiennent la paix et la stabilité en tant que biens publics mondiaux – des institutions, des mécanismes et des résultats qui profitent à plus d’un groupe de pays et s’étendent aux générations actuelles et futures », suggère-t-il. Il ajoute : « Un afflux de réfugiés peut signifier non seulement une pression budgétaire à court terme, mais aussi des effets à long terme sur une économie. Si la capacité institutionnelle de coordination des politiques est inefficace, les mauvaises allocations du marché du travail persistent et les nations ne peuvent pas récolter les avantages que les nouveaux arrivants peuvent apporter ».