Le nouveau rapport sur l’intégration régionale en Afrique (ARII 2019) vient de classer le Bénin dans le top 10 des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Conjointement publiée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission de l’Union africaine (CUA), à Addis-Abeba le 22 mai 2020, cette étude montre que le pays de Patrice Talon a une intégration moyenne.
Félicienne HOUESSOU
Le score du Bénin dans la deuxième édition de l’Indice d’intégration régionale en Afrique est de 0,39. Cette note place le pays à la 8ème position dans la sous-région. Le Bénin est devancé par la Côte d’Ivoire, le Burkina-Faso, le Sénégal, le Togo, le Nigeria, le Mali et le Ghana. L’indice ARII couvre cinq dimensions de l’intégration régionale. Il s’agit de l’intégration commerciale, l’intégration productive, l’intégration macro-économique, l’intégration des infrastructures, et la libre circulation des personnes. Ainsi, le Bénin enregistre 0,474 point pour l’intégration commerciale, 0,174 point pour l’intégration productive, 0,417 point pour l’intégration macro-économique, 0,242 point pour l’intégration des infrastructures et 0,667 point pour la libre circulation des personnes. Comparativement aux autres pays de la CEDEAO, le pays a réalisé sa plus faible performance dans la dimension de l’intégration productive. En effet, la dimension d’intégration productive de l’ARII utilise trois indicateurs pour évaluer la participation d’un pays aux chaînes d’approvisionnement et de valeurs régionales. Primo, la part des exportations intra-régionales intermédiaires fait référence aux exportations d’un pays de biens intermédiaires (semi-finis) vers la région en pourcentage de toutes les exportations de biens de ce pays vers la région. Secundo, la part des importations intermédiaires intra-régionales fait référence aux importations d’un pays de produits intermédiaires (semi-finis) en provenance de la région en pourcentage de toutes les importations de marchandises de ce pays en provenance de la région. Enfin, l’indice de complémentarité du commerce des marchandises compare le profil d’exportation d’un pays au profil d’exportation de la région. Cet indicateur est calculé comme la somme de la valeur absolue de la différence entre les parts d’importation et les parts d’exportation des pays étudiés par rapport à la région divisée par deux. L’indice de complémentarité du commerce des marchandises du Bénin est de 0,42, tandis que sa part des exportations intermédiaires intra-régionales et sa part des importations intermédiaires intra-régionales sont respectivement de 0,03 et de 0,11.
Des avancées dans la libre circulation des personnes
La plus grande performance du Bénin, selon l’édition 2019 de l’ARII est la libre circulation des personnes. L’ARII utilise trois indicateurs pour mesurer dans quelle mesure les pays et les communautés économiques régionales coopèrent sur la liberté de circulation. A savoir : l’indicateur du nombre de pays qui peuvent obtenir un visa à l’arrivée et le nombre de pays dont les citoyens peuvent se voir accorder des visas à l’arrivée par les autres pays de la région, il saisit la facilité avec laquelle les gens de ce pays peuvent se déplacer dans la région pour le tourisme, les affaires ou les transactions quotidiennes ; le nombre de pays qui nécessitent un indicateur de visa ainsi que le nombre de pays dont les citoyens ont strictement besoin d’un visa lorsqu’ils se rendent dans chacun des autres pays de la région ; l’ indicateur du Protocole sur la libre circulation des personnes (Kigali) qui mesure si un pays a ratifié le Protocole au Traité instituant la Communauté économique africaine relatif à la libre circulation des personnes, le droit de séjour et le droit d’établissement. Le Bénin a établi un environnement de visas permettant le développement des entreprises locales, la réalisation des économies d’échelle et le développement des chaînes de valeur efficaces. La technologie numérique joue un rôle.
Les exploits de la communauté
Selon le présent rapport, la CEDEAO obtient un score modérément bon sur l’intégration régionale. Mais son faible score sur la dimension productive suggère que de grandes améliorations pourraient être réalisées si les investissements étaient orientés vers des capacités de production complémentaires. Les meilleures performances des pays de la CEDEAO résident dans la dimension de libre circulation des personnes, témoignage à la fois d’une vision et de son épanouissement. La vision est l’objectif de la CEDEAO de créer une région sans frontières ; son accomplissement est la politique de visa ouvert aux membres de la CEDEAO. Cela dit, seuls trois pays (le Burkina Faso, le Mali et le Togo) ont adhéré au Protocole sur la libre circulation des personnes. La moyenne de la CEDEAO est tirée vers le bas par le manque presque total d’intégration productive de sept des 15 membres de la CEDEAO. Une partie de la solution pourrait résider dans l’exportation et l’importation de biens intermédiaires.
Les pays invités à approfondir leur intégration économique afin d’être plus résilients
L’ARII 2019 recommande l’amélioration des réseaux régionaux de production et de commerce en renforçant les capacités de production, de distribution et de commercialisation des pays ; le développement des cadres de chaînes de valeur régionaux innovants dans différents secteurs en utilisant une technologie améliorée, des intrants de meilleure qualité et des techniques de commercialisation actualisées. « L’ARII est à la fois un exercice de mesure et un appel à l’action pour construire des économies résilientes grâce à l’intégration. Il identifiera les solutions nécessaires visant réellement à construire une Afrique intégrée », a déclaré, le Directeur de la Division de l’intégration régionale de la CEA, Stephen Karingi. Il demande également aux Etats de mettre pleinement en œuvre la ZLECAF pour supprimer les barrières non tarifaires; d’améliorer les compétences des travailleurs africains pour les adapter à la technologie et aux capacités de production d’aujourd’hui et de demain pour garantir la prospérité dans l’économie mondiale et d’améliorer les infrastructures en renforçant les Partenariats public-privé. Notons que l’Indice 2019 qui s’appuie sur la première édition publiée en 2016, fournit des données actualisées sur l’état et les progrès de l’intégration régionale en Afrique. Il permet également d’évaluer le niveau d’intégration de chaque Communauté économique régionale (CER) et de leurs pays membres.