Transparency International a publié le mardi 25 janvier 2022, l’Indice de perception de la corruption (IPC) 2021. Dans ce rapport qui indique les niveaux de corruption dans le monde, le Bénin figure dans le top 5 l’Afrique de l’ouest avec une avancée d’un point par rapport à l’année 2020.
Félicienne HOUESSOU
Les niveaux de corruption restent au point mort dans le monde, selon le nouveau rapport de Transparency International, 86 % des pays n’ayant que peu progressé, voire aucunement, au cours des dix dernières années. Au plan sous régional, c’est-à-dire en Afrique de l’ouest, le top 5 est formé par le Cap vert (1er de l’Afrique de l’ouest, 39è mondial avec 58 points), le Ghana (73è mondial), le Sénégal (76è), le Bénin (78è) et le Burkina Faso (79è). Le niveau de corruption est plus élevé au Nigéria et en Guinée-Bissau, les deux pays qui ferment la liste des pays de l’Afrique de l’ouest dans le classement. Parmi les quinze (15) pays de la CEDEAO, seul un (1) pays est en dehors de la zone rouge, à savoir le Cap-Vert avec un score de 58 points sur 100. Le Cap-Vert conserve sa note des deux dernières années et perd deux places au rang mondial 41eme dans l’IPC 2020 et occupe la 39eme place dans l’IPC 2021. Le Cap-Vert devance le Sénégal de 15 points. Au moment où le Sénégal s’enfonce dans la zone rouge avec la note de 43/100, d’autres pays progressent timidement tout en restant dans la zone rouge. Il s’agit du Bénin (42 points contre 41 dans l’IPC 2020), du Burkina Faso (42 points contre 40 dans l’IPC 2020), de la Sierra Léone (34 points contre 33 dans l’IPC 2020), du Togo (30 points contre 29 dans l’IPC 2020), du Libéria (29 points contre 28 dans l’IPC 2020) et la Guinée-Bissau (21 points contre 19 dans l’IPC 2020).
L’analyse du rapport montre que les efforts du Bénin au titre de l’année 2021 sont remarquables même si le pays n’a gagné qu’un point de plus. Le Bénin occupait la 83è place dans le classement de 2020 avec 41 points. L’année 2021, le pays a évolué de plusieurs rangs, soit un progrès de 5 rangs. Dans la lutte contre la corruption, le Bénin devance désormais la Bulgarie, l’Inde, le Maroc pour ne citer que ceux-là. Dans l’Union économique et monétaire ouest africaine, le Bénin est le deuxième pays qui se bat le mieux pour réduire la corruption, selon l’étude de Transparency International. Tous les pays de l’UEMOA sont dans la zone rouge. Aucun pays membre de l’Institution communautaire n’a obtenu la moyenne de 50/100. Le Sénégal vient en tête avec un score de 43 points sur cent. Seuls le Bénin (+1), le Burkina Faso (+1), le Togo (+1) et la Guinée-Bissau (+2) ont réalisé des progrès timides dans la zone UEMOA.
En effet, le rapport indique les pays qui violent les libertés civiles et enregistrent constamment un score plus bas dans l’IPC. La complaisance dans la lutte contre la corruption exacerbe les atteintes aux droits de l’homme et sape la démocratie, ce qui débouche sur une spirale infernale. Au fur et à mesure que les droits et les libertés s’amenuisent et que la démocratie s’affaiblit, l’autoritarisme s’installe, entraînant des niveaux de corruption encore plus élevés. « Les droits humains ne sont pas qu’un atout agréable dans la lutte contre la corruption. Les régimes autoritaires détruisent les systèmes d’équilibre de pouvoirs indépendants et rendent les efforts de lutte contre la corruption tributaires des caprices d’une élite. Faire en sorte que les gens puissent s’exprimer librement et travailler collectivement pour exiger du pouvoir qu’il rende des comptes est la seule voie durable vers une société exempte de corruption », a déclaré Delia Ferreira Rubio, présidente de Transparency International.
Zoom sur le plan mondial
La moyenne mondiale de l’IPC reste inchangée pour la dixième année consécutive, se situant à 43, les deux tiers des pays obtenant un score inférieur à 50. Les pays les mieux classés sont le Danemark (88 points), la Finlande (88 points) et la Nouvelle-Zélande (88 points), également en tête de liste dans l’Indice de démocratie pour ce qui concerne les libertés civiles. La Somalie (13 points), la Syrie (13 points) et le Soudan du Sud (11 points) restent au bas de l’échelle de l’IPC. 27 pays, dont Chypre (53 points), le Liban (24 points) et le Honduras (23 points), enregistrent des scores historiquement bas cette année. Le rapport établit un lien entre la lutte contre la corruption, les droits de l’homme et la démocratie. « Sur les 23 pays dont le score dans l’IPC a sensiblement faibli depuis 2012, 19 voient également leur classement en matière de libertés civiles chuter. En outre, sur les 331 cas d’assassinat de défenseurs des droits humains enregistrés en 2020, 98 % se sont produits dans des pays dont le score dans l’IPC est inférieur à 45 », indique le rapport qui souligne que certains gouvernements continuent de prétexter la pandémie de COVID-19 pour battre en brèche les droits de l’homme et la démocratie, ce qui pourrait conduire à un déclin encore plus marqué dans le monde dans les années à venir. A ce titre, Transparency International appelle les gouvernements à respecter leurs engagements en matière de lutte contre la corruption et de respect des droits de l’homme, et les peuples du monde entier à s’unir pour exiger un changement. « Dans des contextes autoritaires où le contrôle sur le gouvernement, les entreprises et les médias est aux mains de quelques-uns, les mouvements sociaux restent le dernier contrepoids face au pouvoir. C’est le pouvoir détenu par les enseignants, les commerçants, les étudiants et les gens ordinaires de tous les milieux qui, en fin de compte, permettra la recevabilité », explique Daniel Eriksson, directeur général de Transparency International. Notons que l’IPC classe 180 pays et territoires selon le niveau de corruption perçu dans le secteur public, sur une échelle qui va de zéro (fortement corrompu) à 100 (faiblement corrompu).