La Chaire Unesco des droits de la personne humaine et de la démocratie a organisé en présentiel et visioconférence le samedi 28 mai 2022 à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), un podium-discussion sur les coups d’Etat en Afrique avec le soutien de la Fondation Konrad Adenauer. Plusieurs conférences ont été données à l’occasion par divers chercheurs et universitaires sous la houlette des professeurs Alioune Sall, juge honoraire de la Cour de justice de la CEDEAO, membre de la commission du droit international de l’ONU et de Samson Igor Guèdégbé, titulaire de la Chaire Unesco DPHD en présence d’auditeurs, de chercheurs à la chaire Unesco, de praticiens du droit international et autres curieux.
Bidossessi WANOU
Entre 1950 et 2000, on a enregistré 82 coups d’Etat dans les pays africains. La situation a connu une accalmie mais a repris de plus belle depuis peu. Ainsi, on en dénombre cinq (05) entre 2019 et 2022. Pendant que ces militaires s’imposent avec les armes, des civils tripatouillent les textes, un coup d’Etat institutionnel également. Préoccupée par la situation, la Chaire Unesco des droits de la personne humaine et de la démocratie a consacré un podium-discussion au sujet. « Coups d’Etat des cols bancs et coups d’Etat militaire : les peuples africains entre le marteau et l’enclume » ; c’est sur ce thème qu’universitaires, chercheurs, auditeurs de master et autres passionnés des sujets de droit et de gouvernance ont opiné pour en conclure : « le coup d’Etat des cols blancs, le coup d’Etat des militaire, ni l’un, ni l’autre». Pour y parvenir, trois différentes communications ont meublé ce podium-discussion : Coups d’Etat des cols blancs en Afrique : la personnalisation du pouvoir en débat ; regards sur les coups d’Etat militaire justifiés par la lutte contre le terrorisme et enfin, coups d’Etat des cols blancs ou coup d’Etat militaire : quel choix ? « L’édition de la réflexion cette année est placée sous le signe de la paix. C’est pour ça que la réflexion est orientée sur ce thème…L’économie de l’activité, c’est de permettre aux communicateurs et aux divers intervenants d’ouvrir des fenêtres et rien que des fenêtres pour que ensemble autant que vous êtes qui êtes assis là, vous puissiez apporter votre mot à tout ce qui se dit ou se joue dans l’avenir », a fait savoir Samson Igor Guèdègbé, titulaire de la chaire Unesco dans son mot introductif. Assurant la leçon inaugurale aux communications et en guise de généralité, Professeur Alioune Sall, a fait l’historique des coups d’Etat sur le continent, l’évolution, les éléments nouveaux dans les derniers coups d’Etat et surtout les leçons qu’il faille tirer. Selon l’universitaire, l’Afrique a enregistré à ce jour depuis 1960 une quatre-vingtaine de coups d’Etat. A l’origine, généralement, des problèmes de gouvernance, d’instauration d’une nouvelle idéologie, mettre fin à des rivalités, ou encore en cas d’incapacité du pouvoir à assurer la sécurité de la population, les limites des processus électoraux…Dans le temps, les mobiles ont cependant évolué et l’élément nouveau ces dernières années, c’est la donnée terroriste et sécuritaire face auxquelles, les militaires putschistes, vitupèrent la stratégie militaire et la politique sécuritaire de leurs Etats. Mais pour l’heure, ces « révoltes militaires’ n’ont rien pu au phénomène, selon les communicateurs. Sur la réaction de la CEDEAO qui se résume à la condamnation des putschs, Alioune Sall estime qu’il faudra aller au-delà et s’intéresser maintenant à la gouvernance sachant que les coups d’Etat notamment militaires, contestent une stratégie. La preuve en est le soutien fort aux militaires putschistes dans certains Etats. Ainsi, l’heure n’est-elle pas venue pour que la CEDEAO se mette à l’unisson des opinions nationales ? s’est interrogé Alioune Sall. Quant à l’immixtion des militaires dans la politique, il a pointé du doigt un défaut de professionnalisation des armées qui face à l’ennui, se résout à faire de la politique. Mais, « Les militaires ne sont pas faits pour la politique, ils ont le monopole de la force avec les armes », a souligné, l’universitaire. Les communicateurs, tout comme l’ancien président des Etats-Unis Barack Obama, ont approuvé le besoin d’institutions fortes pour l’Afrique. Mieux, l’éducation civique doit retrouver ses lettres de noblesse du fait de la malhonnête des dirigeants aptes à jouer avec l’esprit des textes et lois, tripatouillant du coup les constitutions et lois électorales en leur faveur. Il faut rappeler qu’à l’ouverture et à la clôture des discussions, Samson Igor Guèdègbé, titulaire de la chaire Unesco a témoigné les reconnaissances de la Chaire Unesco DPHD à la fondation Konrad Adenauer pour son soutien.