Alors que les agrégats indexent de plus en plus la mauvaise gestion des finances publiques comme l’autre facteur de l’ambiante pauvreté en Afrique, le Programme des nations unies pour le Développement (PNUD) et la Banque africaine de développement (BAD) plaident pour un nouveau paradigme. A Cotonou, depuis hier 25 mars 2025, les deux institutions mobilisent diverses parties prenantes autour d’un “Dialogue Régional de haut niveau sur les systèmes de finances publiques en Afrique”.
Sylvestre TCHOMAKOU
Convaincus que des finances publiques modernisées, inclusives et digitalisées sont essentielles pour maximiser l’impact des politiques publiques et accélérer la transformation structurelle des économies africaines, le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) et la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque africaine de développement rivalisent d’engagement pour une gestion efficiente des finances publiques du continent. En témoigne le “Dialogue Régional de haut niveau sur les systèmes de finances publiques en Afrique” ouvert, mardi 25 mars 2025 à Cotonou. Mobilisant décideurs politiques, praticiens des finances publiques, experts en technologie, organisations de la société civile et partenaires de développement, ce rendez-vous qui intervient dans un contexte géopolitique international, marqué par des annonces de la réduction de l’Aide Publique au Développement (APD) de certains bailleurs dont les USA, entend explorer des approches innovantes pour moderniser les systèmes de gestion des finances publiques en Afrique.

A en croire la Coordonnatrice Résidente du PNUD au Bénin, Aminatou Sar, ce dialogue vise à renforcer la transparence, l’efficacité et la responsabilité dans les systèmes de finances publiques, en vue de l’atteinte des ODD à l’horizon 20230. “En partageant les meilleures pratiques, en relevant ensemble les défis et en explorant des approches novatrices, nous pouvons, se convainc-t-elle, identifier des stratégies concrètes pour renforcer les politiques fiscales, améliorer la mobilisation des recettes, assurer une allocation efficace et efficiente des ressources et, in fine, renforcer la transparence et la responsabilité pour un développement durable”.
Puisque la rencontre est l’occasion de partager des meilleures pratiques, Aminatou Sar s’est empressée de saluer les efforts du gouvernement du Bénin dans “la gestion innovante et transparente de ses finances publiques. “Ce sont là, a-t-elle indiqué, des exemples de bonnes pratiques qui pourront être partagées”. Co-organisatrice de ce rendez-vous de haut niveau, la BAD, par la voix de son Représentant, n’a pas manqué de rappeler l’urgence pour les pays africains de s’inscrire dans la voie d’une gouvernance éthique et responsable des finances publiques. Insistant sur la nécessité d’améliorer l’intégrité financière sur le continent, Ibe Chidiebere Udeh, Chargé Supérieur du développement des capacités de la BAD, a, dans son adresse, invité les participants à “se concentrer sur les solutions, et non sur les défis, et à prendre des résolutions qui permettront d’améliorer les institutions et gouvernements respectifs”.
Les flux financiers illicites, pas du reste !
Dans un contexte où, chaque année, on estime que 88,6 milliards de dollars, soit l’équivalent de 3,7 % du PIB de l’Afrique, quittent le continent sous forme de fuite de capitaux illicites en raison de systèmes de finances publiques inefficaces, le rendez-vous de Cotonou entend également proposer des solutions concrètes pour y faire face et maintenir ces ressources au service de l’Afrique.
“Les flux financiers illicites, les prix élevés et les traitements bas de crédit pour l’investissement et le financement de l’argent aux pays africains ont émergé, ce qui a évoqué des coûts élevés de l’investissement et de l’arbitrage. Cela a ultimement impacté l’agenda de développement du continent.”, a relevé, le Représentant de la BAD, Ibe Chidiebere Udeh. Consciente des dégâts des IFF sur les économies africaines, Aminatou Sar, pour sa part, a appelé les participants à explorer les moyens de lutte contre ce fléau en Afrique. “Il s’agira, a-t-elle expliqué, de mettre en lumière l’ampleur, les sources et les mécanismes des flux financiers illicites, et leurs effets négatifs sur le développement économique et sur l’offre des services publics.

L’exploitation des technologies numériques, et l’intelligence artificielle pour tracer les flux financiers et favoriser une collaboration multisectorielle constituent, à notre avis, des pistes de réflexions à explorer”. Pour cette rencontre qui s’étend sur deux jours, il importe de préciser qu’au cours de la première journée, plusieurs sessions ont été enregistrées. Il s’agit notamment de : “Comprendre les principales tendances, défis et opportunités en matière de gouvernance dans la gestion des finances publiques en Afrique”; “Transparence et budgétisation à l’ère du numérique”; “Engagement des citoyens et approches participatives dans l’ère moderne des finances publiques et de la gestion de la dette”; etc.