L’édition 2019 ouvre ce mardi et se déroule jusqu’à vendredi.
Sans Trump, ni May ni Macron, aux prises avec des crises politiques nationales : les défections se sont multipliées avant le rendez-vous cette semaine de l’élite économique mondiale à Davos, dont la tête d’affiche sera le président brésilien Jair Bolsonaro. Le président américain, vedette de l’édition 2018, a renoncé pour cause de «shutdown» à revenir dans la station de ski huppée des Alpes suisses, où convergeront à partir d’aujourd’hui les jets, hélicoptères et limousines d’environ 3 000 PDG et responsables politiques. Jeudi, il a également annulé la venue de l’imposante délégation gouvernementale qui était censée porter son programme «Make America Great Again». La Première ministre britannique Theresa May a annulé in extremis sa participation pour se consacrer au Brexit – sujet d’inquiétude majeur pour les grands patrons attendus pendant une semaine dans les hôtels feutrés et salles de conférences ultra-sécurisées de Davos. Le président français Emmanuel Macron, l’un des chouchous de Davos l’an dernier, ne refait pas le voyage pour cause d’agenda «surchargé». Il était devenu difficile d’imaginer sa venue devant ce parterre de grandes fortunes et de puissants entrepreneurs, alors que la France est secouée par la fronde sociale des «gilets jaunes». La désaffection des responsables américains et européens à l’exception d’Angela Merkel, en plein retrait politique laissera aussi le champ libre à une importante présence chinoise.
Du fiasco pour le sommet de Davos 2019
Les résultats du forum de Davos pourraient bien décevoir ses participants, affirme le président de la commission des affaires internationales du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) Konstantin Kossatchev, dont les propos sont rapportés lundi par le quotidien Izvestia.
Ces derniers temps, les gouvernements nationaux tentent de plus en plus souvent de régler leurs problèmes économiques en recourant à des approches protectionnistes, explique le sénateur russe Konstantin Kossatchev au journal Izvestia. Ces tendances se sont manifestées dès les préparatifs du forum de Davos, pendant lesquels la composition de la délégation russe a rencontré des difficultés à cause des sanctions. Le forum de Davos, organisé depuis 1971, a reçu depuis un puissant soutien politique: la présence de nombreux dirigeants mondiaux en personne a renforcé son importance. Près de 60 chefs d’État et de gouvernement étaient attendu cette année du 21 au 25 janvier dans la ville suisse, mais une partie d’entre eux n’a pas pu s’y rendre.
La participation de la délégation russe était en suspens cette année: les organisateurs du forum avaient annoncé que le copropriétaire de Rusal Oleg Deripaska, le propriétaire de Renova Viktor Vekselberg et le patron de VTB Andreï Kostine ne seraient pas invités à Davos à cause des sanctions américaines. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev avait averti que dans ce cas, la Russie pourrait renoncer totalement à participer au forum. D’après Konstantin Kossatchev, la décision des organisateurs était «politisée» et n’avait «rien à avoir avec le fond du forum». Au final, les organisateurs ont accepté de lever ces restrictions. «Davos est une plateforme où les puissants de ce monde envoient à la communauté internationale des signaux qui sont suivis attentivement par les marchés», déclare Vladislav Belov, directeur adjoint de l’Institut de l’Europe affilié à l’Académie des sciences de Russie. «Ils ont tenté de nous exclure, mais nous avons trouvé un compromis. Si les représentants russes n’étaient pas venu, cela aurait été négatif pour Davos», affirme le politologue. La délégation russe à Davos sera présidée par le ministre russe du Développement économique Maxim Orechkine. Mais si l’absence de Vladimir Poutine est déjà habituelle depuis 10 ans, celle d’autres dirigeants l’est beaucoup moins. Emmanuel Macron, qui tente depuis novembre 2018 d’apaiser les protestations des «Gilets jaunes», a annoncé le 11 janvier qu’il n’assisterait pas au forum. La Première ministre britannique Theresa May, confrontée depuis le début de l’année à des difficultés politiques à cause du Brexit — le blocage de l’accord entre Londres et Bruxelles sur la sortie de l’UE par le parlement britannique a failli conduire à une seconde tentative de destitution de la chef du gouvernement —, a également annoncé qu’elle ne participerait à ce rendez-vous au sommet. A quatre jours du forum, Donald Trump a ensuite annulé son voyage à Davos, ainsi que celui de toute la délégation américaine qui devait être dirigée par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et le secrétaire d’État américain Mike Pompeo. Depuis le 22 décembre, les USA sont en plein shutdown à cause du refus des démocrates d’adopter le budget pour la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique.
Cette année, les questions économiques seront au premier plan à l’agenda du forum, alors que l’an dernier Davos s’était focalisé sur le règlement des problèmes environnementaux.
Selon Alexeï Portanski du Haut collège d’économie, ces derniers temps les gouvernements nationaux tentent de plus en plus de régler leurs problèmes en recourant à des mesures protectionnistes, ce qui entraîne la dégradation de nombreuses plateformes économiques, de l’Organisation mondiale du commerce au Fonds monétaire international. C’est pourquoi il est fort probable que les participants au forum soient déçus par ses résultats cette année. Dans l’ensemble, les experts sont d’avis que même si Davos conserve une position de leader, il faudrait tout de même réfléchir à une alternative dépolitisée. Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.