La mise en place d’un salaire minimum est un acte législatif important pour réduire l’exploitation des travailleurs, mais les salaires minimums ne reflètent pas toujours le coût de la vie. Ce cri d’alarme provient de Rachel Cowburn-Walden, directrice mondiale des droits de l’homme d’Unilever, qui insiste sur l’importance des salaires qui permettent aux travailleurs de vivre une vie décente.
Issa SIKITI DA SILVA
Interviewée récemment par le Forum économique mondial (WEF), cette experte a indiqué que les entreprises devraient au moins payer des salaires décents tout en continuant à reconnaître le droit à la liberté d’association et à la négociation collective, et en comprenant que les salaires décents représentent le plancher – et non le plafond.
Cependant, la lutte des travailleurs africains pour obtenir des salaires décents et équitables semble être perdue d’avance car bon nombre de gouvernements et entreprises bafouent le droit à la liberté d’association et à la négociation collective, et harcèlent et parfois corrompent les dirigeants des syndicats qui appellent à manifester pour réclamer une augmentation des salaires.
Certains pays, comme le Bénin, ont même interdit les travailleurs de certains secteurs de l’économie de se mettre en grève, malgré les revendications de salaires qui rongent les cœurs des travailleurs meurtris par la misère, l’inflation galopante, les lourdes charges familiales et les insomnies.
Certains observateurs pensent que de telles pratiques démontrent à quel point les entreprises africaines, en complicité avec les gouvernements, semblent privilégier les revenus, les bénéfices et la satisfaction des actionnaires au détriment des travailleurs dont les conditions de vie se détériorent au jour le jour.
Les travailleurs d’abord
Selon une syndicaliste et activiste des droits des femmes travailleuses, Reema Nanavaty, interviewée par le WEF, le soutien aux travailleurs – en particulier les plus vulnérables – doit être au cœur de la prise de décision des entreprises et des politiques publiques.
« Un nouveau modèle économique centré sur l’être humain est nécessaire pour empêcher la concentration de la richesse entre les mains de quelques-uns au détriment de la majorité », a fait savoir Reema Nanavaty, directrice exécutive de la Self-Employed Women’s Association (SEWA), dans des propos publiés sur le site du WEF.
Préconisant la promotion de ce qu’elle appelle « l’économie de l’accompagnement », cette travailleuse sociale indienne a affirmé qu’une telle économie s’attachera à donner aux travailleurs les compétences nécessaires pour subvenir à leurs besoins et renforcer leur résilience.
« Elle mettra l’accent sur le déploiement de la protection sociale universelle et des garanties universelles du travail, conduisant à une répartition plus équitable des ressources économiques. Une économie de soutien rendra les marchés plus accessibles aux femmes et renforcera ainsi leur rôle économique dans la société. En fin de compte, une économie de l’accompagnement augmenterait la valeur du travail non monétaire, y compris toutes les formes de travail communautaire et de service », a-t-elle expliqué.