Le Bénin comme les autres pays du monde célèbre la Journée Internationale de la Femme ce mardi 8 Mars 2022. Dans cette dynamique, Djaoudath ALIDOU épouse DRAMANE, Maître de Conférences, Agrégée des Universités en Sciences de Gestion, donne ses appréciations sur la journée du 8 mars célébrée chaque année. L’experte en Genre et spécialiste des études économiques et financières et enseignant-chercheur, d’une part et d’autre part, coordonnatrice du Projet Régional pour l’Autonomisation des Femmes et le Dividende Démographique au Sahel, SWEDD-Bénin fait des propositions pour le développement socioéconomique des femmes et des filles.
L’économiste du Bénin : Vous représentez aujourd’hui une fierté pour les femmes au Bénin. Que représente pour vous le 8 mars de chaque année dénommée « Journée internationale de la femme » ?
Djaoudath ALIDOU épouse DRAMANE : Le 8 mars, nous célébrons depuis 1910, la Journée internationale des droits des femmes.
C’est un jour où, nous devons, hommes comme femmes, prendre un moment pour sensibiliser notre entourage, pour faire progresser l’égalité des sexes.
Pour les plus outillés, nous nous devons de rappeler les dispositions juridiques prises en faveur de cette égalité par nos Etats. Je fais référence, pour ce qui concerne le Bénin, au symbole que représente désormais l’Institut National de la Femme, créé en juillet 2021, « pour lutter efficacement contre toutes formes de discrimination ».
Le 8 mars, nous devons donner la parole aux femmes, pour qu’un grand nombre d’entre elles, puisse s’exprimer et dire sa condition en tant que femme.
Ceci, nous permettra de rappeler, que ce jour n’est pas une fête, mais une journée de lutte.
Nous qui avons l’honneur de prendre la parole publiquement, devons témoigner du fait qu’être une femme n’est pas un handicap.
La Journée Internationale des Femmes 2022 (JIF 2022), s’inscrit sous le thème de « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable » – en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier qui mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques et à leur atténuation, en faveur de la construction d’un avenir plus durable pour toutes les personnes.
Que signifie l’autonomisation des femmes ?
Nous définissons l’autonomisation comme un processus complexe d’accession des femmes à une pleine participation à la vie civile, politique, sociale et économique, et à l’exercice des droits correspondants.
C’est un vaste programme, qui rassemble de plus en plus de personnes engagées, même des hommes. Parce que, non seulement l’égalité des sexes est un droit humain fondamental, mais sa réalisation a d’importantes retombées socioéconomiques. L’autonomisation des femmes favorise des économies florissantes et soutient la productivité et la croissance.
Quelle est votre appréciation de l’autonomisation des femmes au Bénin ?
Le Bénin n’exploite que très peu un formidable atout économique que constituent les femmes et les filles béninoises. Leurs compétences et leur épanouissement dans la sphère sociale et économique, permettraient davantage aux Femmes béninoises de contribuer, dans leur foyer et au niveau national, à la croissance.
Le combat que mène le Bénin en faveur des populations défavorisées s’est traduit à travers une série de mesures construites avec l’aide des Partenaires Techniques et Financiers.
Permettez-moi de citer le, Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances, qui affirmait que « Le gouvernement du Bénin est résolument engagé pour promouvoir le droit de la femme et son autonomisation ».
Ceci, pour affirmer clairement que nous avons en notre possession tous les outils nécessaires pour donner aux femmes et aux filles de notre pays, les moyens de participer activement à son essor économique.
Je me permets de vous parler du Projet pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel, SWEDD. Il s’agit d’un projet sous régional financé par la Banque Mondiale et placé sous la tutelle du Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance. L’objectif visé est d’accroître l’autonomisation des femmes et des adolescentes et leur accès à des services de santé reproductive, infantile et maternelle de qualité, et à améliorer la production et le partage des connaissances au niveau régional ainsi que la capacité et la coordination régionale.
En quelques chiffres, sur l’ensemble du territoire national, 500 000 adolescentes et jeunes femmes de 14 à 24 ans seront impactées par l’amélioration des compétences de vie au sein des Espaces Sûrs. Ces 500 000 jeunes filles seront autonomisées économiquement, 30 000 filles de familles pauvres, de milieux déshérités, inscrites dans les établissements scolaires recevront des transferts monétaires conditionnels et un appui en kits scolaires.
Outre les principales bénéficiaires, le projet impactera également les mères des filles scolarisées, les communautés dans lesquelles elles vivent, les professionnels de la santé, les leaders traditionnels et religieux, etc.
Que proposez-vous ou que faire pour l’autonomisation réelle des femmes au Bénin ?
Un système est en marche, toute une série de mesures (législatives, sociales, économiques, politiques) a été prise par le gouvernement pour que les femmes et les filles béninoises accèdent à une autonomisation réelle. Nous attendons beaucoup de ces mesures, mais en attendant nous devons appeler à un changement de mentalités. L’autonomisation des femmes ne doit pas s’opposer au rôle des hommes, elle doit s’inscrire comme une action complémentaire. Les hommes ne sont pas nos ennemis, nous devons faire preuve de pédagogie et leur expliquer le bien-fondé de l’autonomisation des femmes. Les hommes doivent être un atout pour l’atteinte des objectifs.
Que direz-vous pour conclure cet entretien ?
J’aimerais finir en disant qu’un formidable travail est en train d’être fait depuis quelques années en faveur des femmes. De nombreux leviers sont mis à notre disposition pour notre émancipation. Chaque petite avancée en vaut la peine. Mais nous devons en tant que femmes, en tant que mères, jouer un rôle au quotidien, dans l’éducation des enfants, filles ou garçons, car ce sont eux qui devront valoriser demain, nos efforts d’aujourd’hui.
Interview réalisée par Abdul Wahab ADO