L’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae) a publié un rapport sur le marché du travail au Bénin. Selon les données recueillies, la jeunesse béninoise est clairement sous-employée et exploitée.
Nafiou OGOUCHOLA
Les jeunes béninois ne sont pas payés à la valeur du travail qu’ils abattent chaque jour. C’est que révèle l’Insae dans un rapport publié sur son site internet depuis quelques jours. « … l’emploi des jeunes souffre d’énormes insuffisances car 30,4% de jeunes sont sous employés de façon visible à travers le nombre d’heures de travail et 63,2% de façon invisible à travers des rémunérations précaires et indécentes », a renseigné l’Insae. Ajoutée à ce méfait, le rapport de l’Insae a révélé le côté obscur du marché du travail où des citoyens travaillent sans se faire payer ou sont partiellement rémunérés. « Une autre réalité poignante de l’emploi des jeunes c’est que, seulement 7,9% des jeunes bénéficient d’un emploi salarié », a poursuivi l’Insae.
Les faits révélés dans le rapport de l’Insae constituent un handicap au développement du Bénin. En effet, la population des moins de 15 ans représente 46,8% de la population totale contre 5,5% des personnes âgées de 60 ans et plus (cf. RGPH 2002). De plus, la proportion des chômeurs de moins de 35 ans est de 72 %.
Inadéquation de l’interaction entre le travail et la pauvreté
L’analyse de l’interaction entre le marché du travail et la pauvreté révèle un paradoxe béninois. Au Bénin en 2010, alors que le taux de chômage est faible (0,5%) selon le BIT, le taux de pauvreté monétaire des actifs occupés est relativement élevé (30,1%). Les taux les plus élevés de l’incidence de la pauvreté pour les actifs occupés sont obtenus dans l’agriculture (38,9%) et l’agroalimentaire (31,2%). Cette pauvreté touche davantage les femmes que les hommes. Ceci montre que le marché du travail ne joue pas pleinement son rôle de réduction de pauvreté. Ceci est sans doute le résultat d’un secteur informel prépondérant et du fort taux de sous-emploi, selon l’Insae.