Devant un parterre prestigieux en atelier d’échange, sur les nouvelles formes de solidarité au Vatican ce mercredi 5 février 2020, Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI vient de relancer le débat autour de l’action climatique. Elle soutient qu’atteindre une réelle croissance économique revient entre autres à s’adapter aux nouvelles réalités de la planète.
Félicienne HOUESSOU
A moins d’une action urgente, la planète se réchauffera de 3 °C. Cela amène le leader du FMI, Kristalina Georgieva à inscrire les défis climatiques parmi les trois domaines prioritaires pour l’économie mondiale. « Aucun des défis économiques auxquels nous sommes confrontés ne sera pertinent dans 20 ans si nous ne nous attaquons pas au changement climatique maintenant », soutient-elle lors de l’événement organisé par l’Académie pontificale des sciences sociales. La Banque mondiale estime que, à moins de modifier la trajectoire climatique actuelle, 100 millions de personnes supplémentaires pourraient vivre dans une pauvreté extrême d’ici 2030. Cependant, les coûts humains des catastrophes liées au climat sont incommensurables. Et ce sont les pauvres qui sont souvent les plus vulnérables aux chocs climatiques. Ainsi, Kristalina Georgieva tente dans son adresse de répondre à la question : comment pouvons-nous lever l’ombre climatique qui plane sur l’humanité?
Investir dans la protection des côtes et une agriculture résiliente
Ces types d’investissements peuvent générer un «triple dividende»: éviter les pertes futures, générer des gains d’innovation et générer des avantages sociaux. Les travaux du Comité mondial sur l’adaptation suggèrent que les avantages de tels investissements pourraient largement dépasser leur coût. « Reconnaissons que nous devons nous adapter aux nouvelles réalités. Pour de nombreux pays, cela signifie investir dans des domaines tels que la protection des côtes et des infrastructures et une agriculture plus résiliente… Mais l’adaptation ne nous mènera que jusqu’à présent. Nous avons également besoin de beaucoup plus d’efforts pour réduire les émissions de carbone et compenser ce qui ne peut pas être réduit. La réalité est que notre espèce ne peut prospérer que si nos activités sont en équilibre avec notre environnement naturel », martèle Kristalina Georgieva.
Taxé le carbone
Selon les estimations du FMI, le prix mondial du carbone devra passer de 2 $ la tonne à 75 $ la tonne si nous voulons maintenir le réchauffement climatique sous 2C. Cette transition doit être juste et propice à la croissance. Par exemple, les recettes de la taxe sur le carbone peuvent être utilisées pour fournir une assistance initiale aux ménages les plus pauvres, réduire les taxes lourdes et soutenir les investissements dans la santé, l’éducation et les infrastructures. Bien sûr, gérer la transition vers un monde zéro carbone ne sera pas facile. Le secteur financier devra prendre en compte les risques liés à la transition en adoptant une approche plus durable, fondée sur une meilleure gestion des risques et une réflexion à plus long terme. A cet effet, « La meilleure voie à suivre est de mettre un prix sur le carbone », note-on.
Une finance plus durable signifie également saisir de nouvelles opportunités: le FMI estime qu’une transition bas carbone pourrait nécessiter 2,3 billions de dollars d’investissement dans le secteur de l’énergie chaque année pendant une décennie. La bonne nouvelle est que les obligations vertes, les investissements à impact et de nombreuses autres formes de financement durable se développent rapidement. Mais le secteur privé peut faire plus. Par ailleurs, la Directrice générale du FMI a énuméré deux autres domaines d’actions prioritaires pour l’économie mondiale : la croissance inclusive et l’intégration.