L’invasion russe de l’Ukraine et la crise énergétique qui s’en est suivie viennent secouer l’économie la plus riche de l’Union européenne (UE). En effet, selon les prévisions de la Banque centrale allemande, l’Allemagne va officiellement entrer en récession à la fin du quatrième trimestre (Q4) de cette année et probablement au premier trimestre (Q1) de 2023.
Issa SIKITI DA SILVA
Les signes de récession se multiplient pour l’économie allemande, a noté la Bundesbank dans son bulletin mensuel publié lundi, largement et sombrement relayé par les médias européens.
Son Produit intérieur brut (PIB) devrait reculer de 0,2% au Q4 de 2022 et chuter davantage de 0,4% au Q1 de 2023, d’après les chiffres de l’IFO, l’institut de recherche économique basé à Munich. La cause principale reste l’approvisionnement énergétique qui s’est considérablement détérioré à la suite de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, a indiqué l’institut monétaire européen, cité lundi par le journal économique français La Tribune.
L’économie est en passe de croître de 1,6% cette année, puis de diminuer de 0,3% l’année prochaine, a indiqué l’IFO, alors que l’inflation va augmenter de 8,1% en 2022 à 9,3% en 2023. Selon les experts, la plus grande économie de la zone euro devrait mettre deux ans à se remettre complètement du choc inflationniste.
Les prix et les factures élevés pèsent sur les finances des ménages et limitent leur pouvoir d’achat, tandis que les coûts de financement élevés devraient toucher le secteur de la construction, a rapporté le journal britannique « The Telegraph »
Arme de guerre
Bien que le montant annuel des échanges commerciaux annuels entre l’Allemagne et l’Afrique reste en deçà (60 milliards USD) de ceux liant le continent avec la France et la Chine, l’Allemagne est un important partenaire du continent, dont l’apport dans la lutte contre la pauvreté, le terrorisme et le sous-développement ne peut pas être sous-estimé.
Et en ce moment de détresse où le président russe Vladimir Poutine utilise l’approvisionnement énergétique comme une « arme de guerre » visant à punir l’Occident pour son soutien indéfectible à l’Ukraine, les pays de l’UE qui dépendent largement du gaz russe pour leurs besoins énergétiques sont aux abois, ne sachant plus à quel saint se vouer.
Récemment, le chancelier allemand Olaf Scholz a laissé entendre que son pays avait engagé des discussions « intensives » avec le Sénégal pour participer à des projets de gaz naturel de ce pays ouest-africain, qui s’est déclaré prêt à alimenter l’Europe.
« Il est très clair que la Russie utilise le gaz comme arme de guerre et nous devons nous préparer au pire scénario d’une interruption complète des approvisionnements », a déclaré la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, lors d’une interview accordée récemment à la radio France Inter.
Alors que leurs économies sont menacées et l’hiver annonce déjà les couleurs, l’étau semble se resserrer autour du cou des dirigeants européens qui s’insurgent contre ce que le président ukrainien a qualifié de « terrorisme économique » de Vladimir Poutine.