Les exportations sud-africaines du charbon vers l’Europe ont augmenté de 500 000 tonnes au premier semestre de 2021 à 4,1 millions de tonnes au premier semestre de 2022, l’équivalent de 720%, selon Reuters. Cette nouvelle donne, qui intervient alors que le changement climatique bat son plein, démontre l’essoufflement et le désespoir du vieux continent face à la perturbation des approvisionnements énergétiques russes.
Issa SIKITI DA SILVA
Déjà accusés d’hypocrisie par les défenseurs de l’environnement, les pollueurs historiques – un club des ogres économiques comprenant plusieurs pays de l’Union européenne (UE) – recherchent agressivement de nouvelles sources d’énergie fossiles pour faire face à la crise énergétique provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine.
Les sanctions économiques imposées par l’UE à la suite de cette invasion comprennent l’interdiction des importations de charbon en provenance de Russie, laquelle est entrée en vigueur le 10 août 2022.
Les Pays-Bas, l’Allemagne, la Pologne, le Danemark, la France, l’Italie et l’Ukraine seraient en train d’importer des quantités croissantes de charbon d’Afrique du Sud, selon Reuters.
Cette augmentation monstrueuse des importations du charbon constitue un tournant dans la lutte contre le changement climatique, un sujet auquel l’UE a promis d’en faire son cheval de bataille.
Energies polluantes
« Il faut faire en sorte de profiter de cette crise pour avancer dans la transition énergétique, sans revenir aux énergies fossiles polluantes », a déclaré récemment Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à plusieurs médias européens.
Ces derniers temps, Bruxelles n’a cessé de prêcher l’évangile des énergies renouvelables aux pays en développement, notamment à l’Afrique du Sud, le plus grand pollueur du continent.
L’Afrique du Sud, qui produit plus de 250 millions de tonnes de charbon chaque année, est le 12e plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde.
« C’est une mauvaise option, la conséquence d’une décennie de retard et de négligence, car les États ont continué à s’appuyer sur les énergies fossiles plutôt que d’investir suffisamment dans les énergies renouvelables », a martelé Neil Makaroff du Climate Action Network (CAN), cité par l’AFP.