Alors que le coût de la vie ne cesse de flamber, une récente étude du Forum économique mondial (WEF) prévient que la pauvreté risque d’augmenter tant dans les pays riches que dans les pays à revenu faible. Cette nouvelle réalité, poursuit le WEF, aura des répercussions sur les inégalités et l’élargissement des écarts sociétaux. Alors, que peuvent faire les décideurs ?
Issa SIKITI DA SILVA
Les chefs économistes qui se sont confiés au WEF ont tous prédit que les salaires ne suivraient pas le rythme de la flambée des prix, et qu’ils vont probablement baisser dans les économies à faible revenu en 2022 et 2023, et de 80% dans les économies à revenu élevé.
Cela va entraîner une détérioration continue du pouvoir d’achat des ménages, aggravée par des pressions globales sur les produits de première nécessité tels que l’alimentation et l’énergie, ont-ils renchéri dans une analyse publiée récemment sur le site du WEF.
A en croire Saadia Zahidi, directrice générale du WEF, l’inégalité croissante entre et au sein des pays est l’héritage persistant de la COVID-19, de la guerre et de l’action politique non coordonnée. « Avec la montée en flèche de l’inflation et la baisse des salaires, la crise mondiale du coût de la vie frappe le plus durement les plus vulnérables. Alors que les décideurs visent à contrôler l’inflation tout en minimisant l’impact sur la croissance, ils devront assurer un soutien spécifique à ceux qui en ont le plus besoin ».
Sombrer dans la pauvreté
Eric Parrado, chef économiste et DG du Département de la recherche à la Banque interaméricaine de développement (IADB), a déclaré : « À court terme, les gouvernements devraient fournir des transferts aux populations les plus pauvres pour compenser les augmentations des prix alimentaires. Cela aide à empêcher les gens de sombrer dans la pauvreté et l’extrême pauvreté. Les subventions doivent être conçues et financées avec soin pour éviter des déséquilibres budgétaires plus importants qui pourraient contribuer à des taux d’inflation plus élevés ».
A long terme, dixit Eric Parrado, il faudra investir dans l’innovation agricole, la recherche et l’adaptation au changement climatique ; des facteurs importants pour améliorer la productivité des agro-industries, la résilience des systèmes alimentaires et le renforcement de la sécurité alimentaire à long terme.
Pour Gregory Daco, chef économiste chez EY-Parthenon, aux États-Unis, les différents moteurs de l’activité économique qui étaient auparavant considérés comme une évidence devraient mériter désormais beaucoup plus d’attention de la part des entreprises, des investisseurs et des consommateurs.
« Il y aura cinq principes fondamentaux à ce nouveau paradigme : l’inflation, le travail, la chaîne d’approvisionnement, le coût du capital, et les questions environnementales, sociales, de gouvernance et de durabilité », a-t-il souligné.
Selon Svenja Gudell, chef économiste chez Indeed, l’accès à de bons emplois fait partie intégrante de l’obtention et du maintien de la qualité de vie et du bien-être. Du point de vue du marché du travail, les politiques qui pourraient profiter considérablement aux populations vulnérables comprennent, entre autres, l’embauche fondée sur les compétences, la transparence des salaires et des rémunérations, l’embauche de la deuxième chance, les outils d’accessibilité et les aménagements, et l’embauche inclusive et impartiale.