S’il est une réalité que l’énergie électrique à moindre coût, l’Etat béninois en fait une priorité, dans certaines localités notamment à Calavi et environs, des faits émanant de titulaires de compteur de la Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE) laissent sceptique. Le commerce véreux de ce bien dont l’utilité pour tous n’est plus à démontrer semble prendre de l’ampleur avec pour conséquences, des ménages dans le noir.
Sylvestre TCHOMAKOU
Alors que le prix du kilowatt (Kwh) proposé par la SBEE est compris entre 78 FCFA (si la consommation mensuelle est inférieure ou égale à 20 Kwh), 109 FCFA (si la consommation mensuelle est supérieure à 20 Kwh) et 115 FCFA (pour la consommation allant au-delà de 250 Kwh) selon le site www.sbee.bj, à Calavi et environs, le commerce du courant électrique domestique prend une allure inquiétante. Là-bas, les “propriétaire-revendeurs” de l’énergie électrique dictent leur loi sans aucune forme de procès, réduisant ainsi à néant les efforts du pouvoir central. Pour preuve, « pour notre consommation électrique mensuelle, le kilowatt nous est fixé à 225 FCFA. », confie Urbain Fadonougbo, étudiant en 1ère année de géographie résidant à Zogbadjè. Tout comme lui, la condition d’accès à ce bien qui s’invite désormais dans tout n’aura pas été mieux pour Urielle Okambawa, gestionnaire d’un centre de photocopie et de tirage de support numérique. Contrairement au premier, quant à elle, le contrat le liant à son fournisseur d’énergie électrique fixe le Kwh à 250 FCFA. Payant généralement une charge mensuelle au-delà de la dizaine de mille avec le calcul fait à partir de son décompteur, « quand je fais les achats des intrants et autres besoins durant le mois, je n’ai plus vraiment d’économie » déclare-t-elle. A la question de savoir la raison du maintien du contrat de bail de son site en dépit du coût onéreux de l’électricité, « ici, on a souvent plus de clients. Analysant ce paramètre, je me trouve obligée de rester du moment où j’arrive à travailler un peu un peu. », justifie-t-elle. Cette dynamique d’offre largement au-dessus de ce que propose la SBEE, d’après bien de personnes rencontrées, va d’une location à une autre. Mais pour l’essentiel, « ils sont un nombre important à ne pas suivre ce que propose la SBEE. », indique Ezéchiel Tognon. « La maison dans laquelle j’avais loué, poursuit-il, j’ai connu cette situation avec le kilowatt à 250 FCFA. Mais ne pouvant plus, après quatre (04) mois, j’ai réclamé mes avances sur loyer et je suis sorti. A partir de cette expérience, j’ai pris le soin de ne plus louer dans une maison où le courant électrique se revend. ». Face à ce business dont ils reconnaissent la faussé, certains acteurs rencontrés ne semblent guère s’en inquiéter.
Le principe de bénéfice sur investissement défendu
Sur le sujet, bien que proposant de l’électricité à un prix doublant celui de l’Etat central, certains fournisseurs “revendeurs” de l’énergie électrique font appel à la logique de l’investissement. « J’ai investi pour acquérir le compteur. En quoi cela serait un problème pour celui qui a besoin du courant de se conformer au prix fixé par kilowatt ? », défend avec fureur un propriétaire rencontré à Akassato, la soixantaine environ. Allant dans le même sens, « la SBEE nous vend le courant. Donc on peut aussi le vendre à d’autres. », s’exclame la veuve Antoinette Assitohouédé.
Une arnaque à démonter
A l’opposé de ceux qui se trouvent dans la logique de bénéfice sur investissement, pour d’autres, il s’agit d’une escroquerie qui ne saurait être tolérée encore longtemps. Pour ce faire, à en croire Ezéchiel Tognon, ce mode d’offre de l’énergie électrique basé sur une trop grande recherche de gains nécessite des résolutions promptes de la part des autorités à divers niveaux. Du reste, en tant qu’organe chargé de veiller au respect des textes législatifs et règlementaires régissant le secteur de l’électricité, l’Agence de Régulation de l’Electricité est attendu dans la mise en déroute de cette pratique peu orthodoxe.