Depuis 1992, grâce à la CCNUCC, plusieurs gouvernements ont facilité le transfert de technologies climatiques pour construire une base solide de développement durable. Encore à la traine, le Bénin a initié dans le cadre de l’élaboration de la Troisième communication nationale (TCN), une étude pour évaluer les besoins en technologie écologique pour l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques. Une dizaine de solution a été élaborée à cet effet.
Félicienne HOUESSOU
Dépasser d’ici 2100 une élévation de 2°C de la température moyenne de la planète : c’est le défi auquel l’humanité est confrontée aujourd’hui. Afin de limiter nos émissions de CO2, mieux gérer nos ressources d’eau et de nourriture, fluidifier le trafic routier, réduire notre consommation énergétique… le domaine de l’écologie, l’intelligence artificielle semble sous exploitée. Alors que, pour réaliser l’Accord de Paris, la technologie jouera un rôle encore plus important pour aider les pays à relever le défi du changement climatique. Le Mécanisme de technologie sera un acteur important dans la facilitation des efforts. A en croire les géants de la Silicon Valley, les nouvelles technologies et l’innovation auront la réponse à la catastrophe climatique.
Au Bénin, le transfert de technologies s’opère essentiellement au niveau des grandes entreprises, des petites et moyennes entreprises et dans le secteur agricole. Dans le secteur agricole, les activités de transfert de technologies sont systématiques. Des mécanismes appropriés sont mis en place dans les autres secteurs de l’économie lorsque le problème de technologies à transférer se pose. Les besoins identifiés découlent essentiellement des études antérieures réalisées au titre de la Deuxième Communication Nationale du Benin sur les changements climatiques (DCN), du Programme d’Action National aux fins de l’Adaptation aux Changements Climatiques (PANA) et de la Contribution Déterminée au niveau National (CDN), ainsi que des enquêtes menées en 2018 dans les milieux professionnels.
Les besoins technologiques du Bénin
L’intelligence artificielle n’est pas une baguette magique mais elle est essentielle à la lutte pour le climat. Selon les secteurs prioritaires du Bénin, la Direction de l’environnement et du climat a élaboré 17 technologies pouvant aider à réduire notre impact environnemental. Dans ce secteur, les domaines prioritaires de besoins en technologies sont la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la valorisation du fumier et de la biomasse, l’amélioration de la fertilité des sols et l’optimisation des systèmes de production animale et végétale. Les technologies écologiquement rationnelles correspondantes sont au nombre de six (6) . A savoir : les banques de semences améliorées, la production de biogaz, la densification des résidus et déchets agricoles en briquettes, le compostage par tas, l’agroforesterie et l’adaptation des calendriers agricoles.
Les domaines prioritaires du secteur de l’énergie, sont les technologies de production centralisée d’électricité, les technologies de production décentralisée d’électricité, la sécurité énergétique, l’efficacité énergétique des moteurs, l’économie d’énergie électrique dans les systèmes d’éclairage et de froid, et la substitution du bois-énergie par des sources d’énergie alternative. En matière de technologies opérationnelles, il faut noter essentiellement ce qui suit : unité flottante de regazéification du gaz naturel pour l’alimentation des nouvelles capacités de production d’électricité, mini centrales solaires photovoltaïques + réseau local de distribution, technologie des lignes électriques souterraines et des infrastructures énergétiques résilientes, moteurs (de voitures et de groupes électrogènes) à basse consommation, équipements électriques à basse consommation, gaz butane et équipements associés et séchoir hybride avec panneau solaire et gaz combustible.
Le secteur Foresterie et Autres Utilisations des Terres (FAT) est marqué par la persistance d’un domaine technologique prioritaire qui est l’amélioration du rendement de carbonisation afin de réduire les prélèvements de bois de feu dans les forêts. « Toutes les bonnes pratiques de carbonisation améliorée seraient bienvenues à cette fin », peut-on lire dans la TCN. Au titre des ressources en eau, la collecte et la valorisation des eaux pluviales est la principale technologie qui devrait permettre de constituer des réserves significatives d’eau durant les saisons pluvieuses et de les utiliser en réponse à tout besoin en périodes sèches. Sur le plan sanitaire, le document révèle que la gestion durable des maladies climato-sensibles est la plus grande préoccupation dans ce secteur. Les technologies de Planification stratégique des interventions en matière de santé face aux changements climatiques sont requises. Dans le secteur littoral, la gestion durable de la zone côtière reste préoccupante. Aussi, un Plan d’Aménagement Opérationnel et Résilient de la Bande Côtière, assorti des technologies de mise en œuvre, serait-il requis.
Les solutions technologiques internationales
Une récente publication de la CCNUCC met en lumière les 20 ans d’histoire du rôle que le développement et le transfert de technologie ont joué dans la lutte mondiale contre le réchauffement climatique. Les technologies, comme les énergies renouvelables, les technologies efficaces en énergie ou les technologies qui aident les gens à faire face à un climat modifié, jouent un rôle essentiel dans cette lutte. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a récemment lancé un programme qui fait usage d’un nouveau logiciel fourni par Google pour résoudre les problèmes relatifs au changement climatique, à la déforestation et la production alimentaire. La plate-forme en ligne utilise des images satellitaires de haute résolution pour surveiller l’environnement, y compris les changements dans l’utilisation des terres et du couvert forestier. Le logiciel est ouvert à tous, des scientifiques aux citoyens, et aide les usagers à se passer de la collecte intensive de données.
Des solutions à prendre avec précaution
Compte tenu de son besoin considérable en énergie, le secteur des TIC reste une source nette d’émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les centres de données utilisés pour alimenter les services numériques contribuent actuellement à hauteur d’environ à 2% des émissions mondiales de GES, à égalité avec le secteur de l’aviation. La situation peut évoluer. Selon le Global e-Sustainability Initiative (GeSI), les TIC ont le potentiel de réduire les gaz à effet de serre mondiaux de 20% d’ici 2030, en aidant les entreprises et les consommateurs à utiliser et à économiser l’énergie. D’après le rapport GeSI’s « Smarter 2030 », en plus d’accroître le rendement des cultures agricoles de 30%, d’économiser plus de 300 billions de litres d’eau et 25 milliards de barils de pétrole par an, les TIC pourraient générer la somme étonnante de 11 billions de dollars des États-Unis de retombées économiques d’ici 2030. Certes, les technoprophètes qui règnent sur la Silicon Valley vantent l’intelligence artificielle comme instrument déterminant de la lutte contre les changements climatiques. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’elle crée elle-même un nouveau problème. De plus, avec les solutions technologiques telles que la géo-ingénierie ou techniques d’ingénierie du climat (gestion du rayonnement solaire, absorption et séquestration du dioxyde de carbone ou encore modification de la météo), il convient d’être prudent et vigilant. Ils ne résolvent pas l’inéluctable raréfaction des énergies fossiles et n’agit pas non plus sur les causes du réchauffement climatique.