(L’expertise du CERFER-Togo et du CFTTP-Bénin reconnus et salués)
Après plusieurs mois de formation intensive en génie mécanique et génie civil, 210 jeunes béninois déscolarisés ou en quête de reconversion, dont une cinquantaine de femmes, ont bouclé leur parcours. Ce programme, financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) et piloté par le Centre Régional de Formation pour Entretien Routier (CERFER) du Togo et le Centre de Formation des Transports et des Travaux Publics (CFTTP) du Bénin, a permis de former des jeunes dans divers métiers du BTP et de l’entretien routier, en réponse à la demande croissante en compétences locales dans le secteur.
Falco VIGNON
Au-delà de la réalisation des infrastructures routières et autres pour connecter les régions africaines et faciliter l’intégration économique et commerciale, l’existence de compétences locales à même d’intervenir dans la construction des infrastructures ainsi que leur réhabilitation, est un défi pour lequel, la Banque africaine de développement (BAD) se mobilise aux côtés des États. En témoigne le programme de formation des jeunes béninois en génie mécanique et génie civil, qu’elle a financé. Lancé dans le cadre de l’exécution du projet d’aménagement et de bitumage de la route Djougou-Pehunco-Kérou-Banikoara (210 km), et co-piloté par le Centre Régional de Formation pour Entretien Routier (CERFER) du Togo et le Centre de Formation des Transports et des Travaux Publics (CFTTP) du Bénin, le programme vient de toucher à sa fin. Conformément à la convention n°1472/MEF/MIT/DNCMP/SP/du 27 mai 2021, c’est au total 210 jeunes dont 50 femmes qui ont été formés dans des métiers liés aux Bâtiments et Travaux Publics (BTP) ainsi qu’à l’entretien routier. De la conduite d’engins tels que les niveleuses à la maçonnerie et pose de pavés, l’électricité automobile, la tôlerie soudure, la maintenance des équipements motorisés, le terrassement (incluant remblai et pose de couches de sable), en passant par la topographie et la perle hydraulique, les bénéficiaires n’ont pas chômé en apprentissages pratiques et en découvertes.

L’objectif de la BAD et du Bénin étant de former une main-d’œuvre qualifiée pour les grands chantiers d’infrastructures routières et ainsi, lutter contre le chômage qui touche durement cette catégorie de la population. Cette offre, loin de souffrir de carence, reste originale et focus sur les besoins actuels du continent, selon les responsables du CERFER-Togo. “L’avantage de faire cette formation, va expliquer Ouro-Djobo Essoavana Samah, Directeur général de CERFER/Togo, c’est de choisir un métier pour lequel on ne perdra pas autant de temps de formation de trois (03) ans, mais de 45 jours pour être opérationnel”. Rappelant que la BAD, en soutenant ce programme, mise sur la durabilité de ses investissements dans les infrastructures, Ouro-Djobo Samah insiste : « Le secteur est exigeant, et les entreprises ont besoin d’ouvriers capables de répondre à des critères de qualité de plus en plus stricts tout en respectant les délais imposés. »
Des jeunes prêts à relever le défi

Les bénéficiaires, pour la plupart issus de milieux modestes et confrontés à l’abandon scolaire, ne manquent pas d’être reconnaissants pour cette opportunité qui, selon eux, sonne un nouveau départ dans leur vie. Originaire de Djougou, Atta Adam Bintou, une des jeunes femmes ayant suivi la formation en maçonnerie et pose de pavés au CERFER-Togo, voit de nouveaux horizons lui sourire. « Avant, j’étais animatrice de terrain. Grâce à cette formation, j’ai acquis des compétences que je n’aurais jamais imaginées avoir. Aujourd’hui, je sais faire la pose de pavés. Je pense qu’après la formation, je vais encore m’exercer afin de pouvoir faire carrière dans ce métier », confie-t-elle avec enthousiasme, tout exprimant sa gratitude à la BAD et au gouvernement béninois. Passionnée de la réalisation des infrastructures routières, Edjibodé Ornella, titulaire d’une licence en Gestion des Ressources Humaines, elle, s’est spécialisée dans le terrassement. “La voie contribue énormément au développement des Etats. En me spécialisant dans le module du terrassement, mon objectif est d’être sur le chantier et contribuer à réaliser des infrastructures durables. En 45 jours, j’ai appris tellement de choses dans le terrassement. Nous avons fait la théorie et la pratique. C’est une opportunité que nous offre la BAD de contribuer au développement de notre pays”, soutient-elle. Claude Adjakpa, stagiaire en conduite d’engins lourds, notamment la niveleuse va renchérir : “Je remercie infiniment le Projet de la BAD. Notre avenir est déjà assuré”.
Transfert de compétences et perspectives d’avenir

Outre la formation des jeunes, le projet visait également à renforcer les capacités du CFTTP en tant que centre de formation local, en s’appuyant sur l’expertise du CERFER du Togo. Ce transfert de compétences entre les deux institutions est perçu comme une phase importante pour le Bénin, qui ambitionne de devenir un centre régional pour la formation dans le secteur des travaux publics. La Banque Africaine de Développement (BAD), par cet investissement, démontre une fois de plus son engagement non seulement dans la construction d’infrastructures mais aussi dans le développement des ressources humaines locales, clé de la durabilité de ces ouvrages.
De Parakou à Djougou, un bilan à mi-parcours satisfaisant
La deuxième vague de formation des jeunes aux métiers du bâtiment et des travaux publics (BTP), lancée le 29 novembre 2024 avec 47 jeunes accueillis au Centre Guy Riobé de Parakou, sur les 109 qui composent la 2ème cohorte, prendra fin le 30 janvier 2025. Comme les 59 autres formés à Lomé, ceux formés surplace au Bénin ont bénéficié d’une formation spécialisée dans deux domaines : le génie mécanique (avec des modules tels que la conduite de niveleuses et de chargeuses, la maintenance mécanique et l’électricité automobile) et le génie civil (incluant le terrassement, les travaux de laboratoire, la topographie, la maçonnerie, le ferraillage, le métré et le coffrage). Pendant 60 jours, des formateurs expérimentés ont transmis à ces jeunes les compétences nécessaires pour exceller dans ces métiers. Le 16 janvier 2025, le directeur général de CERFER-CFTTP, Macaire Gbèdayi, s’est rendu au Centre Guy Riobé de Parakou, pour évaluer l’évolution des formations. Il a visité plusieurs ateliers (métré, ferraillage, coffrage, entretien routier, etc.) pour s’assurer du niveau d’assimilation des participants et constater leur progression. Il a salué leur engagement ainsi que le dynamisme des formateurs, affirmant que les objectifs contractuels avaient été atteints. Macaire Gbèdayi s’est dit particulièrement satisfait du travail accompli. « Nous avons respecté nos engagements contractuels et atteint nos objectifs. En tant que formateurs, nous sommes fiers d’avoir contribué à former ces jeunes, parfois totalement novices dans les métiers du génie civil. Nous les avons aidés à développer une passion pour ce domaine et à acquérir des compétences solides », s’est-il réjoui.
Des engagements pour un suivi après formation

Relativement sur l’avenir des jeunes formés, M. Gbèdayi a rassuré de la mise en place de mesures de suivi visant leur insertion professionnelle. Un séminaire, prévu le 30 janvier 2025 au Centre Guy Riobé, réunira les lauréats et des entreprises du secteur BTP pour faciliter leur intégration sur le marché du travail. Le même jour, des attestations de formation seront remises aux participants de cette deuxième vague. Ces derniers ont exprimé leur reconnaissance envers les partenaires du projet. Dènami Marie Colombe Degodo, détentrice d’une licence en études africaines, a notamment salué cette initiative qui lui a permis de se réorienter vers le métier de « limo » : « Cette formation m’a offert une opportunité unique de reconversion professionnelle. Elle m’a donné les compétences nécessaires pour envisager un avenir dans le secteur des BTP ». De même, Isbath Sanoussi, apprentie en menuiserie coffrage, a exprimé sa gratitude envers la BAD et l’État béninois pour cette formation qui, selon elle, favorise l’auto-emploi.

Le 17 janvier 2025, Macaire Gbèdayi a également visité le chantier de Synohydro à Bélléfoungou, dans la commune de Djougou, où trois lauréats de la première vague de formation sont désormais employés. Parmi eux, Angélique, seule femme agent de laboratoire au sein de l’entreprise, a impressionné par son professionnalisme. « Voir ces jeunes appliquant ce qu’ils ont appris quelques mois plus tôt est une grande fierté. Cela montre l’impact concret de cette formation », a déclaré Macaire Gbèdayi. Ici, les lauréats désormais employés ont plaidé pour une aide accrue en faveur de leurs collègues en quête d’insertion professionnelle. M. Gbèdayi a assuré que des actions concrètes sont en cours pour répondre à ces préoccupations, tout en appelant à un renouvellement de la confiance des partenaires financiers. Ainsi, ce projet de formation soutenu par la BAD, s’impose comme un modèle d’accompagnement et d’insertion des jeunes dans des secteurs porteurs tels que les BTP, renforçant leur employabilité et contribuant au développement socio-économique du Bénin.