Il existe un déficit de financement de 15,2 milliards US pour l’innovation dans le système alimentaire mondial qui pourrait contribuer à éliminer la faim, à maintenir les émissions de gaz à effet de serre à moins de 2°C et à réduire la consommation d’eau de 10%, a révélé récemment le Forum économique mondial (WEF).
Issa SIKITI DA SILVA
Ces révélations interviennent dans un contexte politique et socio-économique tendu dans lequel la pandémie de Covid-19 et l’invasion russe en Ukraine menacent la sécurité alimentaire mondiale.
Près de 45 millions de personnes dans 43 pays sont menacées par la sécurité alimentaire, aggravée par la crise sanitaire, y compris 38 millions en Afrique de l’ouest et du centre, selon l’ONU.
Sentant le danger qui pourrait faire augmenter ces chiffres, la FAO et le le Forum économique mondial (WEF) ont récemment publié une feuille de route pour aider les pays à accélérer l’innovation des systèmes alimentaires inclusifs.
« La feuille de route recommande de créer une coalition mondiale pour l’innovation dans les systèmes alimentaires numériques, un réseau de pôles d’innovation alimentaire et d’aider les agriculteurs à investir dans des pratiques alimentaires durables à travers une plateforme de 100 millions d’agriculteurs », a expliqué le WEF la semaine dernière.
A en croire le WEF, la pandémie de COVID-19 et la crise actuelle en Ukraine ont mis en évidence la nécessité de soutenir la résilience des systèmes alimentaires face à une série de chocs rapides qui s’appuient sur des données.
« Les systèmes alimentaires et agricoles actuels parviennent à fournir de grandes quantités d’aliments sur les marchés mondiaux. Cependant, les systèmes agricoles à forte intensité d’intrants externes et de ressources sont à l’origine d’une déforestation massive, de pénuries d’eau, d’une perte de biodiversité, d’un épuisement des sols et d’importantes émissions (jusqu’à un tiers de gaz) à effet de serre mondiaux.», rappelle la FAO.
Agro-écologie
C’est pourquoi ces systèmes ont urgemment besoin d’innovation à travers l’utilisation de l’agro-écologie.
L’agro-écologie est une approche intégrée qui applique simultanément avec des notions et des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion des systèmes alimentaires et agricoles, souligne l’ONU. « Elle vise à optimiser les interactions entre les végétaux, les animaux, les humains et l’environnement, sans oublier les aspects sociaux dont il convient de tenir compte pour qu’un système alimentaire soit durable et équitable », renchérit l’agence onusienne basée à Rome. Selon l’OCDE, l’innovation dans l’agriculture peut offrir aux producteurs agricoles la possibilité d’accroître leur productivité tout en gérant mieux les ressources naturelles.
« Cela permet d’assurer la viabilité à long terme et de réduire les impacts environnementaux négatifs de la production, tels que les polluants et les déchets », précise l’OCDE.