L’économie béninoise est à nouveau à l’épreuve. Les possibilités d’échanges commerciaux directs entre le Bénin et le Niger sont impossibles depuis le mercredi 05 septembre 2018 du fait de l’affaissement du pont de Malanville situé entre l’hôtel Sota et le relais du soleil sur la voie inter État n°2, relais entre les deux pays.
Rallier le Niger en provenance du Bénin par la route inter Etat n°2 est impossible depuis ce mercredi 05 septembre 2018. Et pour cause, le pont de Malanville situé entre l’hôtel Sota et le relais du soleil sur la voie inter État n°2, et qui facilite le passage sur le lac Sota a cédé. Sachant que c’est la seule voie qui relie les deux pays, les échanges économiques entre eux prendront un coup dur les jours à venir. Dans cette épreuve, les statistiques disponibles jusque-là annoncent le Bénin, grande victime et le plus perdant de cette catastrophe même si le Niger lui-même n’en sortira pas indemne. En effet Les échanges commerciaux entre le Bénin et le Niger selon les statistiques de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSASE) ; rapport sur le commerce extérieur réalisé en 2016, sont estimés à 6%, donc en nette évolution par rapport à 2014 où ils étaient de 4,4%. Au fait, le Bénin importe une grande quantité de produits céréaliers et maraichers du Niger et à son tour, le Niger importe du Bénin les produits alimentaires et métallurgiques. Pays de l’hinterland, le Niger s’appuie sur le Bénin pour ses activités de transit. En contrepartie, le Bénin réalise d’importants profits sachant que le port autonome de Cotonou qui dessert ces différents pays de l’hinterland dont le Niger est la principale source de devise du pays. D’ailleurs, le rapport ‘’Bénin_Balance des paiements’’ 2016 sur le commerce extérieur a abouti à la même conclusion, car, il y est stipulé « les principaux clients du Bénin dans l’UEMOA sont le Mali (4,8%), le Niger (4,4%) et le Togo (1,6%) ». Le Niger ainsi classé deuxième client du Bénin dans l’espace Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine). On comprend donc que si rien n’est fait, le Bénin perdra les jours à venir, un important client, pilier non négligeable de son économie rien qu’à voir l’étendue des rapports entre le Port autonome de Cotonou et ce pays. Le Niger fait transiter à destination des pays occidentaux par le PAC par exemple, plusieurs tonnes d’uranium chaque année. Mais à partir de cet épisode de cession du pont de Malanville, c’est le début d’une nouvelle ère économique entre le Bénin et le Niger, laquelle ère fera à coup sûr, l’affaire du Nigéria de Muhammad Buhari.
La concurrence Nigéria, le danger qui guette
Le Nigéria nourrit depuis peu une ambition de chemin de fer qui reliera Abuja à Niamey. Avec un tel projet, et le dynamisme reconnu au port nigérian, c’est une épée de Damoclès qui plane sur l’économie béninoise vu que le projet de boucle ferroviaire en gestation entre le Bénin et le Niger n’est pas encore libéré des ennuis. Sachant que le pont ayant cédé est en territoire béninois et que le Niger n’acceptera pas abandonner ses affaires à cause d’un pont handicap dans un pays voisin, il n’hésitera pas à se rabattre sur le Nigéria. On pourrait nourrir l’espoir que la coopération reprendra de plus bel dès que tout rentrera dans l’ordre, mais la crainte reste tout de même : le Niger pourrait aller découvrir l’Eldorado au Nigéria et amenuiser à défaut de rompre tout d’un coup, ses liens commerciaux avec le Bénin. Ceci vient donc relancer l’urgence de la relance et de l’effectivité du projet Bénin rail qui relierait les deux nations, le Bénin et le Niger et pourrait valablement servir d’alternative dans un tel contexte. Malheureusement, depuis le retrait du projet au groupe Bolloré, il est passé en phase d’hypnose. Mais la nouvelle situation constitue un véritable taon qui doit mater le projet et relancer le débat autour de la boucle ferroviaire Bénin-Niger. Mais en attendant, cette rupture économique en vue affectera fortement le marché béninois du moins, le coût d’un produit comme l’oignon.
Cherté de l’oignon en perspective
Nul n’ignore que le Bénin est un importateur net de l’oignon. Le marché de Cotonou, Dantokpa étant approvisionné pendant une bonne partie de l’année par l’oignon nigérien. Avec l’affaissement actuel du pont de Malanville, par où passent camions transportant cette denrée alimentaire, il va s’en dire que l’oignon va connaître à court terme une cherté importante. La filière oignon représente pour des milliers de producteurs de l’Afrique de l’Ouest, la base de leurs moyens d’existence. Le Niger revendique la première place comme exportateur d’oignon en Afrique de l’Ouest, et son réseau commercial permet d’approvisionner les principaux marchés côtiers de la sous-région notamment le Bénin. Le Niger, plus grand pays de l’Afrique de l’Ouest est un pays enclavé et l’essentiel de ses importations et exportations se fait à travers la route en provenance ou en direction des pays côtiers dont le Bénin à travers l’axe routier Cotonou-Malanville. Les transports routiers sont donc importants pour le désenclavement du Niger. La capitale, Niamey, est à 1060 km du port le plus proche, celui de Cotonou qui brasse 80 % des importations arrivant par voie maritime et entrant au Niger par voie terrestre.
Bidossessi WANOU