Le nouvel ambassadeur du Niger près le Bénin est entré pleinement dans ses fonctions après la remise de ses lettres de créance au chef de l’Etat béninois, jeudi dernier. Cet acte diplomatique marque une étape importante dans les relations entre les deux pays.
Tournant décisif dans les relations entre le Bénin et le Niger. Le pont est désormais établi entre les deux pays en froid depuis environ deux ans. Une tension jusque-là marquée par la rupture des relations diplomatiques et la fermeture des frontières terrestres. Mais avec la remise des lettres de créance par Kadade Chaibou, nouvel ambassadeur du Niger près le Bénin à Patrice Talon, président de la République, une lueur d’espoir apparaît à l’horizon. Le diplomate nigérien a, d’ailleurs, annoncé les couleurs à la suite de la remise de ses lettres de créance au palais de la Marina, montrant ainsi qu’il est conscient de cette réalité et mesure la portée de sa mission. « Les relations diplomatiques n’existaient plus. C’est maintenant que ça se fait », a fait remarquer l’ambassadeur avant d’annoncer la mise en place d’une commission mixte pour discuter des différents problèmes et y trouver des solutions. « Nous nous attelons au rétablissement de la confiance entre les deux pays et le reste suivra. Ce qui est important aujourd’hui, c’est le rétablissement des échanges diplomatiques », a affirmé le diplomate.
En fait, la commission mixte Bénin-Niger est une plateforme de dialogue et de coopération entre les deux pays, visant à mettre en œuvre des projets communs et à résoudre les problématiques bilatérales. Elle est constituée de représentants des gouvernements des deux nations, avec des experts dans divers domaines, et se réunit périodiquement pour échanger sur les priorités politiques et économiques. L’objectif principal de cette commission est d’harmoniser les stratégies de développement et d’assurer un suivi rigoureux des initiatives entreprises conjointement.
Avec cette annonce, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la question de la réouverture des frontières entre le Bénin et le Niger refait surface et devient imminente. Quelques jours avant la remise des lettres de créance par l’ambassadeur, le ton s’était un peu monté avec la demande de pardon formulée par l’ambassadeur du Bénin près le Niger sans requérir au préalable l’avis de sa chancellerie.
Le pardon retiré
« C’est celui qui est fautif qui demande pardon. On n’est pas fautif, donc il n’y a pas de pardon qui vaille », a déclaré le porte-parole du gouvernement en réponse aux propos de Gildas Agonkan, ambassadeur du Bénin près le Niger en fonction depuis quelques mois. Le porte-parole s’opposait ainsi clairement à l’ambassadeur. Il ne pouvait en être autrement puisque par plusieurs manières, la partie béninoise a démontré son ardente volonté d’obtenir l’apaisement pour que les relations diplomatiques reprennent.
« On a fait, côté Bénin, tout ce qui était en notre pouvoir pour que les relations se normalisent à nouveau. Vous savez que nous avons donné tellement de signes, de gages, de notre bonne disposition d’esprit à ce que les relations se normalisent », a-t-il rappelé.
En fait, au début de cette crise née du coup d’Etat survenu au Niger, le Bénin n’avait fait que respecter les décisions de la Conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Mais avec l’évolution de la situation, l’eau a coulé sous le pont et il fallait reprendre la coopération entre les deux pays. Mais depuis lors, le Niger a fermé les frontières terrestres et se refuse malgré tout de les rouvrir.
Contre toute attente, la junte au pouvoir au Niger avait cru devoir porter des accusations contre le Bénin. Ce dernier, disaient les militaires, disposerait de bases militaires dans le dessein d’œuvrer avec des occidentaux pour faire partir le pouvoir de Niamey. Faux ! avait répondu encore le porte-parole du gouvernement béninois. Il avait été alors demandé aux Nigériens de faire descendre au Nord-Bénin des experts de leur choix pour visiter ce qu’ils appellent des bases militaires et qui n’en sont pas. Mais cet appel est resté sans suite.
Plusieurs autres actions ont été menées par le gouvernement, y compris l’envoi d’émissaires de haut niveau à Niamey. Mais toutes ces initiatives n’ont jusque-là pas trouvé grâce aux yeux de la junte nigérienne qui garde sa position rigide. C’est dans ce contexte que Gildas Agonkan, nommé ambassadeur du Bénin près le Niger, est allé au cours d’une activité de sortie de promotion d’une école se confondre en excuses publiques. « Mon pays, le Bénin, par la force des choses, a connu des difficultés avec le Niger. Je voudrais d’abord, au nom de tous les Béninois, au nom des autorités du Bénin, demander pardon au peuple nigérien », avait-il déclaré. Il avait également exprimé l’espoir que « plus jamais ces choses ne puissent se produire encore ». Des propos qui ne reçoivent pas l’assentiment du gouvernement qui s’en démarque.
Sources: La nation