Régime de monarchie parlementaire, la Norvège n’accorde aucun privilège particulier à une fonction politique. Les autorités politiques sont logées à la même enseigne que les citoyens ordinaires et sont surtout astreints à une orthodoxie financière singulière. En dépit de la quantité importante de ressources dont regorge le pays, la gestion efficiente des fonds publics ne se négocie sous aucun prétexte.
Bidossessi WANOU
L’avalanche de privilèges dont jouissent certains hommes d’Etat en marge des capacités économiques de leur pays ne devraient pas être systématiques. On peut être appelé à une fonction politique sans pour autant faire dos au quotidien du peuple ou des mandants. Et si la fonction politique crée d’emblée un écart entre ceux qui l’exercent et le peuple dans la presque totalité des pays du monde, le royaume de la Norvège étonne. Ici, la fonction ministérielle ou parlementaire, et tout autre fonction politique n’est synonyme d’aucun confort comme l’Occident en a habitué le monde ou encore, comme il est loisible en Afrique. Chacun travaille pour un même objectif, le développement et nul n’est au dessus de l’autre, quel que soient son poste, ses pouvoirs et obligations. Choisis dans une population de 4 millions 600 mille habitants, aussi bien les ministres, les députés que les hauts fonctionnaires norvégiens sont astreints aux mêmes contraintes dans les espaces publics tels que l’aéroport, la banque, le super marché ou autres endroits. Comme tous, ils attendent leur tour et sont soumis aux mêmes exigences que tous citoyens ordinaires à un poste de contrôle. En Norvège, l’orthodoxie financière s’avère la chose la mieux partagée. En tout, la transparence est de mise et la corruption d’un élu constitue un péché capital. C’est à dessein que les élus et autorités au haut niveau sont soumis aux mêmes exigences qu’un citoyen lambda. Toute dépense en effet, doit être dûment justifiée. Mieux, les dépenses pour le compte du service public sont préfinancées en attendant une réconciliation assortie de reçu pour se faire rembourser.
Entre limitation et modération
Dans un complément d’enquête réalisée par la chaîne française de télévision France2, Eva Joly, juge franco-norvégienne et fonctionnaire à l’agence de développement et de la coopération explique: « Les règles disent qu’on doit faire le transport par les moyens les moins chers et l’impératif compatible avec la mission ». A l’en croire, on est sensé marcher quand il n’y a pas de contrainte comme c’est le cas quand, il s’agit de rallier une gare située à 10 minutes de son bureau par exemple et pour y emprunter les moyens de transport en commun. Même là, la règle indique des types de moyens à emprunter. C’est ainsi explique Eva Joly, que le taxi est proscrit à moins qu’on veuille prendre en charge soi-même sa facture. Dans le même sens, Jonas Garh Stoere, ministre norvégien des affaires étrangères y voit une vertu démocratique. Il rapporte que les règles disposent d’une limite maximale de 50 euros pour deux repas, tandis que la nuit d’hôtel est fixée à 120 euros, tout ceci assortie de justificatifs. En cas de dépassement, le surplus est aussitôt remboursé de la poche de l’intéressé. Pour sa part, Jonas Garh Stoere explique qu’« il s’agit d’une vertu démocratique » ou encore d’un garde-fou très efficace au dérapage. Tout le contraire de ce qu’on pourrait observer en effet dans d’autres Etats européens en l’occurrence en France où, élus et ministres disposent d’une enveloppe pour leur frais quotidien sans justificatif comme cette habitude de « caisse dite noire » dans les Etats africains et toujours contenue dans les projets de loi des finances. Et pourtant, ces pays disposent de très peu de ressources et des sources de revenu limitées, avec un taux de pauvreté tutoyant la cime au monde. Pour ce membre du gouvernement norvégien, pour le ministre norvégien des affaires étrangères, « il ne faut pas croire que, parce qu’on est ministre, on est différent ». Pour lui et ainsi, il faut vivre la vie de tous et faire également leur expérience du citoyen lambda, c’est d’ailleurs là un gage de crédibilité à la politique de l’Etat a-t-il fait savoir au micro de France 2. Aussi, les membres de l’appareil étatique et élus parlementaires se déplacent très sobrement. Ni garde de corps, ni forte délégation, ni véhicule de fonction ou encore la moindre prime qui les font vivre sur le dos de l’Etat. Toute chose qui contribue à réduire le train de vie de l’Etat pour investir plus dans le développement.
Un signal fort pour l’Afrique
Dans les pays africains, malgré le taux de misère, le confort assuré aux membres de l’appareil étatique crève l’œil. Primes d’installation, primes d’escalier, primes de risque, primes d’habillement et la liste n’est pas exhaustive. Les dirigeants africains sont logés dans une zone de confort au grand dam du grand nombre en proie à une misère sans cesse grandissante. S’il est vrai que le continent dispose d’importantes ressources, elles restent sous-valorisées ou presque pas. Nonobstant, les dirigeants du continent africains ont un niveau de vie presque toujours en déphasage avec le quotidien de leur peuple. A dessein, la fonction politique est un tremplin pour faire fortune. Savourant primes et avantages mirobolants, les hommes politiques africains sont parmi les plus fortunés du continent. Les milliardaires se comptent par centaines et certains ne s’embarrassent de rien pour en célébrer l’anniversaire. L’appareil étatique sont le couloir des plus riches. La malversation et la gestion scabreuse des ressources est la mode dans les Etats africains. Alors que la production et la création de richesse sur le continent est des plus minables, les dirigeants vivent au-dessus de leurs moyens. S’il est vrai que certains Etats dont le Bénin ont entamé un effort, toujours est-il que l’écart entre le peuple et ses dirigeants ne convainc pas encore ces efforts. La Norvège reste au-delà de toute donc susceptibilité une source d’inspiration qu’il faille que les pays du monde entier et, en l’occurrence africains aillent inévitablement à cette école.