Malgré ses potentialités agricoles et sa main d’œuvre majoritairement jeune, le Bénin est confronté à une forte croissance de l’importation des denrées alimentaires. Et pourtant des milliers de diplômés souffrent le martyr du chômage et du sous-emploi.
Félicienne HOUESSOU
La plus grande richesse du Bénin, c’est l’agriculture. Une chance que la jeunesse n’a pas encore saisi en dépit des exhortations qui leur viennent de part et d’autres. Sur les 11 millions d’hectares (ha) de surface disponibles au Bénin, près de 60% sont aptes à l’agriculture selon les chiffres du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Ainsi, les institutions de financement, la Banque africaine de développement, l’Union européenne, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest… appuient de nombreux projets afin d’accompagner la promotion de l’agriculture et l’insertion des jeunes. De façon très timide, quelques jeunes béninois commencent par entreprendre dans le secteur primaire. Néanmoins, rares encore sont ceux-là qui se tournent vers l’agriculture comme un secteur pourvoyeur d’emploi et de richesse.
S’exprimant lors du 37ème sommet de la Banque africaine de développement, (BAD), le président, Akinwumi Adesina a déclaré qu’il faut coûte que coûte transformer la conception actuelle que la jeunesse africaine a de l’agriculture, car ce secteur est le plus grand atout de l’Afrique, mais il est resté largement inexploité. Une situation qui gonfle chaque année le taux d’importation des produits agroalimentaires. En conséquence, ces denrées déversées sur le marché béninois mènent une concurrence rude aux produits locaux. Selon les estimations de la BAD, le pays se développerait beaucoup plus vite avec les créations d’entreprises dans le secteur agricole. Avec la création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et le Nigéria qui lutte depuis des lustres contre la réexportation des produits occidentaux, la situation risque de se compliquer pour l’économie béninoise si rien n’est fait.
La menace du Nigéria
A maintes reprises le Nigéria a lancé une menace voilée contre le Bénin par où transite une importante quantité de produits étrangers destine à être réexportés sur le marché nigérian. Menace qui peu à peu prit la forme de measures de contrôle à la frontiers Bénin-Niégria. L’une des issues sera de stimuler les échanges commerciaux avec ce partenaire, à travers des produits agricoles béninois. Pour donner une valeur ajoutée aux produits agricoles, le secteur de la transformation encore appelé le secteur agro-industriel doit être fortement actif. Pour cela, il a été mis en place le Plan stratégique de relance du secteur agricole (Psrsa), le document « Bénin 2025, Agenda vers une économie émergente », le document des Objectifs stratégiques pour le développement (Osd)… Les filières retenues par le Psrsa, découlent une multitude de produits: Anacarde (amande d’anacarde blanche ou au beurre, sirop de pomme cajou, confiture de pomme cajou, alcool de pomme cajou) ; Manioc (alcool alimentaire, gari, tapioca, amidon de manioc, farine panifiable de manioc) ; Karité (beurre de karité) ; Palmier à huile (huile de palme brut, huile palmiste) ; Ananas (ananas séché, jus d’ananas, confiture d’ananas, sirop d’ananas) ; Maïs (farine infantile instantanée, biscuit de maïs, gritz de maïs, farine de maïs, couscous de maïs, riz de maïs, son de maïs, Tchakpalo) ; Crevette (crevettes décortiquées, Crevettes fumées) ; Canne à sucre (sucre consommable, alcool de canne à sucre) ; Lait : (yaourt, fromage) ; Riz ( riz décortiqué). Autant d’opportunités que la jeunesse devrait exploiter pour permettre à l’économie béninoise de tirer un profit maximal de ses potentialités agricoles à travers le développement de grappes de filières agroalimentaires. Mais, il faudra avant tout que la conception actuelle que la jeunesse a de l’agriculture se corrige. Car, la promotion de la production agricole constitue un atout majeur vers lequel toutes les forces du pays doivent se tourner afin de booster la croissance économique alors saine et inclusive.