La communauté musulmane du Bénin a célébré ce dimanche 11 août 2019, la fête de la tabaski ou l’Aid-el-Kébir. Cette année, la crise économique s’en est menée, affaiblissant le pouvoir d’achat des musulmans.
Félicienne HOUESSOU
Au marché Dantokpa, à 24h de la fête, les derniers acheteurs s’employaient à acquérir le mouton désiré et à faire d’autres emplettes. Maïramou dans un sourire, fidèle musulmane, elle va honorer le copieux repas qui sera cuisiné avec la viande du mouton déjà acheté. Rencontrée parmi les quelques rares acheteurs, elle confie : « La situation financière est pénible. J’ai vraiment calculé avant de venir dans le marché. Tout est cher alors que les pouvoirs d’achats n’ont fait que baiser ». Pour les éditions antérieures, c’était une foule dense qui inondait le marché Dantokpa déjà à 72h de la fête. « Cette année, on ne dirait pas que c’est déjà la fête de la tabaski. Les années antérieures, je vends plus que le triple de ce que je vends ces jours-ci. Certains musulmans viennent mais débattent en dessous des prix normaux et ils repartent sans rien acheter », confie Delphine une commerçante de Dantokpa. D’un autre côté, Ibrahim a mis beaucoup de temps pour se voir refuser la vente d’ une belle bête. Après avoir longuement marchandé un bélier pour 50.000 FCFA, il s’est heurté au refus du vendeur qui exigeait 10.000 FCFA de plus. Tout désespéré, il a dû rebrousser chemin. Dans certains ménages, c’est l’embarras total. « Nous irons chez le boucher pour acheter la viande au kilogramme. En accompagnement, nous aurons du riz et des jus pour recevoir des invités » explique Falilath, une ménagère.
Le mouton au centre des préparatifs
Le mouton dont le prix a fortement augmenté est resté au centre de toutes les préoccupations. Devant certaines concessions, des moutons sont attachés et broutent de l’herbe mise à leur disposition. Samedi 10 août 2019, à 17h, la plupart des foirails ont des allures d’une vaste bergerie. Tout autour, de nombreux musulmans côtoient, à la recherche de la bête à immoler pour la fête du sacrifice. Les achats se font au terme de longs marchandages. « Il n’y a pas vraiment de critères. Mais la grosseur de la bête est un élément important. Pour pouvoir s’offrir un mouton, il faut prévoir entre 50.000 FCFA et 100.000 FFCFA, voire plus », déclare un vendeur de moutons venu directement du septentrion pour la circonstance. Il ajoute : « ici chacun trouve son compte. Il y a les moutons qui reviennent à 150 000 FCFA et 200 000 FCFA pour les plus robustes». Selon ses dires la cherté de certaines bêtes, est justifiée par le coût du transport des moutons du septentrion vers le sud du pays. « Au motif que le convoiement des bœufs est plus rentable, les transporteurs surfacturent leurs prix quand il s’agit de moutons », explique-t-il. Tout comme les vendeurs de moutons, les couturiers habituellement croulent sous les commandes. Ils en arrivent jusqu’à recruter de la main d’œuvre occasionnelle. Mais Gisèle, couturière n’a pas pu gonfler son chiffre d’affaires cette année. « Il y a trois années, j’ai eu beaucoup de commandes. J’étais obligée de recruter pour la circonstance deux personnes pour me donner un coup de main. Je n’arrivais même pas à livrer toutes les commandes à temps. Mais cette année c’est la galère », laisse-t-elle entendre. Ce sont Les problèmes financiers qui « empoisonnent » la vie de la plupart des Béninois. Ainsi, la facture de l’organisation de la fête empêche certains musulmans de célébrer l’Aid-el-Kébir comme il le faut.