En 2017, 5 200 milliards de dollars, soit 6,5% du Produit intérieur brut (PIB) mondial, aurait été dépensé en subventionnant des énergies polluantes, a constaté un document de recherche mis à jour et publié récemment par le Fonds monétaire international (FMI).
Issa SIKITI DA SILVA
Face à cette folie de subventions qui favorise principalement le charbon, le FMI a jugé bon d’intervenir efficacement dans cet espace en vue de trouver les voies et moyens de persuader le monde à conduire les affaires du climat autrement.
« Le FMI s’efforce de mieux tenir compte de la résilience au climat dans les cadres macro-budgétaire et financier, d’évaluer les incidences fiscales et financières des choix politiques en matière de climat et d’intégrer le risque climatique dans ses évaluations par pays », s’est réjoui le World Resources Institute (WRI) la semaine dernière.
Dans un monde où la sous-tarification de la pollution atmosphérique locale tue 4,2 millions de personnes chaque année selon l’OMS, les effets dévastateurs de la crise climatique sur l’économie mondiale et son système financier sont énormes. Par conséquent, le FMI a déjà commencé à intégrer certaines des implications macro-budgétaires et financières du changement climatique dans ses autres domaines d’activité.
Par ailleurs, un second document du FMI souligne l’importance centrale de la tarification du carbone et des mesures visant à réduire les subventions aux combustibles fossiles, ainsi que des mesures d’accompagnement telles que les investissements dans la recherche et le développement, les investissements dans les infrastructures, les politiques des marchés financiers et les stratégies de soutien aux groupes vulnérables, a rapporté le WRI.
Selon les estimations des experts, une économie sans carbone rapporterait des avantages socio-économiques d’une valeur de 26 000 milliards de dollars d’ici 2030. Cela comprendrait en outre 65 millions de nouveaux emplois en 2030 et 700 000 décès de moins dus à la pollution atmosphérique.
Politiques nationales
« Ces deux documents du FMI sont excellents. Le défi consiste maintenant à intégrer la richesse des conseils qu’ils contiennent dans les travaux pertinents menés dans le reste du FMI, ainsi que dans les politiques nationales », a affirmé le WRI.
Le Bénin, comme tout autre pays côtier de l’Afrique subsaharienne, est confronté à de graves problèmes de changements climatiques dont, entre autres, la baisse des pluies, la hausse des températures surtout au nord du pays, la sécheresse, les inondations, les pluies tardives et violentes, et ses écosystèmes fortement menacés par les activités humaines.
« Notre souhait est de voir la pluie tomber régulièrement pour aider nos champs. Mais ce souhait se transforme en crainte lorsqu’il commence à pleuvoir violemment de peur que les inondations emportent nos cultures », s’est inquiétée Caroline Amoussou, une agricultrice.
Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les risques climatiques majeurs affectent les modes et moyens d’existence au niveau des secteurs de l’agriculture béninoise, des ressources en eau, du littoral et de la foresterie. Ils engendrent aussi la baisse des rendements agricoles, la perturbation des calendriers agricoles, la baisse des niveaux d’eau dans les barrages d’approvisionnement en eau potable, la prolongation de la période d’étiage et la submersion des berges.
« Si rien n’est fait au fil des ans le tiers du littoral va disparaître sous l’effet de l’élévation du niveau de la mer », prévient le PNUD.
Le Bénin a été doté d’une loi sur les changements climatiques depuis le 18 juin 2018. La loi vise, entre autres, à lutter contre les changements climatiques ainsi que leurs effets et conséquences négatifs et à accroitre la résilience des communautés vivantes.
« Le FMI aide à trouver des moyens permettant à certains pays d’aligner leurs politiques macroéconomiques et budgétaires sur leur résilience au changement climatique. Il est grand temps que cette réalité soit reflétée de manière appropriée dans les travaux du FMI », insiste le WRI.
«Tous, toutes les institutions, tous les pays doivent agir », a prévenu Christine Lagarde, la patronne du FMI.