Le Bénin foisonne de ressources touristiques et culturelles que les gouvernements successifs travaillent à promouvoir. Celui du président Talon a donné une touche particulière à ladite promotion avec des mesures de facilitation d’entrée au Bénin à certains étrangers. Mais la population béninoise, notamment ceux qui vivent dans les localités prises d’assaut par ces touristes en quête de satisfaction de curiosité, essuie le revers d’une cherté de la vie.
Bidossessi WANOU
L’influence des touristes n’est pas que positive. Les populations des localités fortement fréquentées sont astreintes à une réalité qui ne fait pas leurs affaires. En effet, dans les régions très visitées au Bénin, les prix des denrées autant alimentaires que culturelles vendues sont très élevés par rapport aux autres régions. Si au début cela faisait les bonnes affaires des populations riveraines, aujourd’hui ce sont les citoyens béninois qui en font les frais. « J’étais à la plage à Cotonou, il y a deux semaines. J’ai voulu acheter une noix de coco mais le vendeur m’a dit 200 FCFA. Or tout le monde sait que la noix de coco se vend à 150 FCFA. Pour les étrangers qui aiment fréquenter cette plage ce n’est rien car ils ne voient pas la différence. Mais pour nous autochtones, ce n’est pas facile à concevoir », a confié Rustique Ayadokoun, étudiant en deuxième cycle dans une université privée de la place.
A sa suite, Marcel Zossoungbo, vendeur d’œuvres d’art se fait plus explicite. « Quand les touristes blancs viennent, nous pouvons livrer au double voire au triple du prix un objet d’art. Ils connaissent mieux les objets d’art. Avec le temps, on a été habitué et on propose des tarifs similaires à nos concitoyens. Et puis, on suppose aussi qu’ils viennent acheter pour les touristes ou pour envoyer à des amis à l’étranger. Alors on pratique plus le tarif fait aux touristes » confie-t-il. Mais cette flexibilité du touriste blanc ne s’arrête pas au marché de l’art. La générosité s’étend à tout ce qu’il désire se procurer, ce qui fait bien l’affaire des vendeurs. Assise devant un étalage de poissons fumés, Albertine Dossou-Yovo et deux autres femmes évoluant dans la même spécialité commerciale sont reconnues comme des prestataires fidèles de clients blancs. Et pour cause, le marché ici est sans grand souci. Dame Albertine n’a pu cacher l’intérêt qu’il y a à faire affaire avec un touriste : « .… ils ne sont pas protocolaires, vous bavardez moins et livrez vite vos marchandises ». Selon les deux autres femmes, un poisson que vous livrez à un des nôtres, vous le livrerez avec un écart de 300 voire 500 à un touriste sans qu’il n’ait à beaucoup tirailler. Cette considération a même affecté certains restaurants et autres lieux d’échanges du coin par exemple notamment à Ouidah où, des restaurants sont dénommés par les autochtones le ‘’coin des riches’’.
Une importante manne financière, toutefois
La richesse touristique du paysage béninois attire plus les étrangers que les locaux. C’est d’ailleurs fort du constat et surtout dans le souci de faciliter les conditions d’entrée au Bénin à cette catégorie que le gouvernement en place depuis avril 2016 a pris une série de mesures, toutes destinées à faciliter le tourisme. Du spécial visa touriste de 10 jours à l’annulation du visa d’entrée aux pays africains, le Bénin développe une politique offensive pour projeter davantage de lumière sur ses richesses touristiques et développer surtout ses potentialités dans le domaine. Le secteur a d’ailleurs nombre de curieux venus de plusieurs horizons sur les côtes depuis avril 2016. Ils font les tours des localités béninoises à la quête de merveilles touristiques et dans un concert de crépitement de flash pour immortaliser leur passage. De Ouidah à Grand-Popo, de Dogbo à Abomey, de Porto-Novo à Kétou, Savè, de Cotonou àAllada, Dassa, Parakou, Pendjari et Natitingou, le Bénin dressé semble ne plus avoir de mystères pour ces étrangers qui viennent sonder les arcanes culturelles de ce pays au multiples mystères notamment avec sa richesse culturelle symbolisée en splendeur par le panthéon vodun riche de plusieurs dizaine de divinités. Ceci représente en effet de réelles opportunités pour l’économie locale. En témoignent le dernier rapport du Conseil mondial du voyage et du tourisme sur l’année 2017 qui évalue à 97,3 milliards de francs CFA, les revenus du tourisme au Bénin. Belle opportunité pourrait-on s’empresser de dire. Certes mais en retour, le coût de la vie au passage des touristes en est également très oblitéré. Les touristes entretiennent l’enchère, ce qui crée de réels soucis de vie aux populations autochtones.