Le manque d’accès à l’électricité entrave principalement les activités économiques modernes, les services publics et la qualité de la vie, selon le Brookings Institution. Il impacte aussi négativement sur les opportunités d’emploi principalement dans les pays en développement.
Issa SIKITI DA SILVA
Au Bénin, un pays à revenu faible où le taux de chômage des jeunes est l’un des plus élevés de la région, les coupures fréquentes d’électricité semblent affecter les petits entrepreneurs qui n’ont pas les grands moyens de remédier à ces contretemps fâcheux.
« Comme vous le voyez on n’a pas travaillé depuis ce matin à cause du délestage. On ne sait pas quand le courant sera rétabli. Les coupures fréquentes du courant affectent notre productivité et nous mettent dans une situation difficile », a déclaré Kevin Detchenou, un technicien électroménager.
« Notre grand problème est que nous manquons des moyens pour acheter un groupe électrogène. Et si on achetait un, il nous faudra acheter du carburant à chaque fois que le courant est coupé », s’est-il lamenté.
Auto-emplois
« On termine les études mais on ne trouve pas des emplois, alors on tente notre chance dans l’entreprenariat mais on se heurte à de problèmes du manque du courant et d’eau. Alors comment on va s’en sortir dans ce pays ? », s’est interrogé l’entrepreneur Charles Assogba.
Si les entrepreneurs œuvrant dans les milieux urbains du Bénin où le taux d’accès à l’électricité est de 70,75% sont toujours sur le qui-vive, les activités économiques dans les zones rurales semblent tourner au ralenti à cause de l’accès considérablement réduit de l’électricité. Seulement 17,97% de la population rurale a l’accès à l’électricité, tandis qu’à l’échelle nationale, le taux reste fixé à 41,4%, selon la Banque mondiale. « Si nous avions du courant dans notre village, je n’aurais pas dû venir à Cotonou. Pour faire quoi ici ? Mais les circonstances nous forcent de descendre ici chercher les opportunités parce qu’on ne peut rien entreprendre là-bas à cause du manque du courant », a affirmé Richard Tevi.
Impact négatif
Un rapport publié le mois dernier par la Banque mondiale examine l’influence des pannes d’électricité sur l’emploi, notant une forte relation négative existant entre plus de pannes de courant et l’emploi, laquelle réduit la probabilité d’emploi d’environ 35% dans une communauté.
« Cet impact est encore plus prononcé pour le secteur non-agricole (55%), mais étonnamment légèrement moins (27%) pour les emplois hautement qualifiés, étant donné que de nombreux emplois hautement qualifiés nécessitent de l’électricité. Les résultats suggèrent que l’amélioration de la fiabilité de l’électricité mérite l’attention, et pas seulement l’accès à l’électricité », a déclaré le rapport intitulé ‘’Electricity Access in Sub-Saharan Africa: Uptake, Reliability and Complementary’’.
« Le manque d’électricité limite considérablement l’adoption de technologies émergentes dans des secteurs tels que la banque, l’éducation, l’agriculture et la finance, qui pourrait atténuer certains des principaux problèmes auxquels sont confrontés les africains, tels que les faibles opportunités d’emploi productif et les soins de santé limités », a averti le Brookings Institution dans son papier de recherche ‘’Electricity Access in Africa’’ publié à la fin du mois de mars.