Des études montrent aujourd’hui que 1,3 milliard de personnes vivent encore dans la pauvreté multidimensionnelle. Dans le lot, les jeunes et les femmes sont fortement concernés. Pour faire face à la situation, le gouvernement béninois s’engage à promouvoir l’entreprenariat des jeunes à travers plusieurs projets qui visent à valoriser la création d’emploi. Mais l’environnement n’est pas toujours favorable à la création d’entreprise surtout avec le gros problème du financement.
La problématique d’éradication de la pauvreté au Bénin va de paire avec celle de l’auto-emploi des jeunes, notamment la création d’entreprise. Car, sur les milliers de diplômés qui sortent des universités et de nos écoles chaque année, le secteur public arrive à récupérer à peine une centaine. De plus, le monde des affaires béninois souffre d’un manque criard de multinationaux ou de Pme digne de ce nom, capables d’absorber cette masse de diplômés sans emploi. La seule solution immédiate pour renforcer la création de l’emploi et garantir une certaine inclusion de vie, c’est l’entreprenariat. Pour réussir dans le secteur, les jeunes entrepreneurs doivent bénéficier de certains services et ils doivent avoir l’accès aux financements puisqu’ils ont besoin de capitaux pour le démarrage. Pour le jeune promoteur d’entreprise, Samson Adanlé, la jeunesse béninoise constitue la principale force et l’emploi des jeunes devrait rester l’une des priorités du gouvernement. « Il y a encore du travail à faire. Ce qu’on attend du gouvernement est qu’il développe un cadre favorable à l’entreprenariat, qu’il développe les stratégies pour faciliter l’entreprenariat des jeunes, qu’on se mette autour d’une table pour coordonner avec les partenaires, développer les mécanismes de coordination et de financement pour les jeunes », propose-t-il. Comme Samson, tous les jeunes désireux de se retrouver à leur propre compte pensent qu’il faut développer une stratégie pour l’entreprenariat des jeunes. L’entreprenariat des jeunes est l’une des solutions de premier ordre, c’est cette capacité à créer des valeurs pour résoudre des problèmes qu’on rencontre. Il permet aux personnes de subvenir aux besoins vitaux et de valoriser l’être humain, il joue un rôle important dans la création des entreprises. Si jeunes et acteurs sont unanimes sur l’importance de l’entreprenariat, il existe des blocages auxquels il va falloir faire face pour mieux lutter contre la pauvreté.
Favoriser la création d’entreprise
Tout part de la formation ! « La scolarisation est inversement corrélée avec la pauvreté chez les femmes et les hommes. Parmi les pauvres de 15 ans et plus, 41% n’ont aucune éducation. Les femmes représentent 62,3% de la population pauvre âgée de 15 ans ou plus sans scolarité, mais seulement 36,9% de pauvres ayant suivi un enseignement tertiaire », indique le dernier rapport de la Banque mondiale. Le rapport de l’institution de Bretton woods sur le capital humain 2019 révèle que l’indice du capital humain au Bénin est de 41%. Rappelons que le capital humain est l’ensemble des aptitudes, talents, qualifications, expériences accumulées par un individu et qui déterminent en partie sa capacité à travailler ou à produire pour lui-même ou pour les autres. Ainsi, Thomas Sigbo, président de l’organe consultatif de la jeunesse distingue deux catégories de jeunes : ceux qui sont victimes du système éducatif et les ouvriers analphabète. « Il y a quelque lueur d’espoir grâce aux quelques-uns des jeunes qui ont appris à entreprendre et ceux-ci méritent d’être encouragés. Il faut urgemment repenser les fondamentaux car rien n’a été fait pour permettre aux jeunes de vite prendre en main leur destin », indique-t-il. Une position que rejoint Urbain Amégbédji, Directeur général de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi (Anpe). « On a menti à la jeunesse en leur demandant d’étudier et avoir des diplômes pour un avenir prometteur. C’est après plusieurs diplômes qu’on leur demande d’aller à l’entrepreneuriat », déclare le leader de la promotion de l’emploi des jeunes. Il s’explique : « la vérité est que le diplôme est une capacité et non une compétence. Le diplôme vous donne une ouverture dans le monde, des occasions qu’il faut saisir. Il y a dans votre environnement des demandes, des problèmes auxquels il faut trouver de réponse. C’est ainsi que vous créez de la richesse en répondant à la demande ». Le consultant en question d’entrepreneuriat, Nicolas Hounton, pour sa part, trouve que 96% des jeunes sont à la recherche d’un emploi rémunéré. Alors que la question qui se pose aujourd’hui, c’est : qu’est-ce que vous apportez à qui ? « La jeunesse manque de créativité. Nous n’avons que de petites unités de suivi », s’insurge-t-il. Nombreux sont donc les enjeux qui conditionnent la création d’entreprise au Bénin. Il s’agit entre autres du financement, le manque d’innovation, le positionnement des productions locales face aux importations, …. Urbain Amégbédji propose à cet effet qu’il faut « lutter contre la pauvreté mentale pour amener les jeunes à trouver eux-mêmes des solutions aux problèmes existants (de quoi les gens ont-ils besoin et qu’ils sont prêts à dépenser pour cela) ». La part du gouvernement serait donc de favoriser la création d’entreprise, offrir des formations; développer des stratégies pour ouvrir le financement. Car l’entreprenariat crée des richesses perceptibles, moteur d’intégration et de développement.
Félicienne HOUESSOU