(En l’absence de station dans les contrées reculées du pays, n’est ce pas encore une erreur d’appréciation ?)
Le nouveau code pénal nouvellement adopté le lundi 4 juin 2018 à l’unanimité des députés présents et représentés à l’hémicycle, fait de la vente d’essence de contrebande, une infraction. Adopté nouvellement par les honorables députés, cette loi suscite déjà commentaire et toutes sortes de remous dans l’Atacora. Une telle loi est-elle réaliste dans le contexte socio économique béninois ?
TAMPOUNHOURO T. J. Blaise
Le Bénin dispose depuis le mardi 5 Juin 2018, d’un nouveau code pénal voté par les députés de la 7 eme législature. Ce code pénal comporte au total 1007 articles. Il fait de la vente d’essence de contrebande, une infraction. Et c’est ce qui fait que les petits vendeurs d’essence ont peur ici dans les communes de l’Atacora. A Toucountouna par exemple, c’est l’incompréhension totale qui est observée chez les acteurs de vente d’essence. « Si le code pénal fait de la vente de l’essence de contrebande une infraction qui peut amener en prison, comment allons nous faire pour vivre et nourrir nos enfants ? . C’est cette seule activité que moi je fais depuis des années. Que vais-je manger avec mes enfants ? » S’inquiète un jeune vendeur rencontré à Toucountouna. Même son de cloche à Natitingou, où la peur et la crainte ont envahi les petits détaillants tout comme les gros vendeurs. « Ces députés là, ils veulent quoi concrètement. Ils savent très bien qu’il n’y a pas de stations dans le pays. Quand je prends le cas de la localité de Kouarfa située à plus de 25 Km de Natitingou, comment vont faire les populations pour pouvoir s’approvisionner en essence sur ce tronçon de route par exemple ? Est-ce que cette façon de voir de nos députés est conforme à nos réalités à la base ? Pour qu’on puisse en arriver là, il faut tout au moins qu’il y ait des stations d’essence sur toute l’étendue du territoire national. Mais ce n’est pas le cas pour l’instant. Mais en arriver à en faire de la question une infraction, c’est vraiment ridicule » a ajouté un jeune enseignant en service dans la commune de Tanguiéta.
Nécessité de doter tout le pays de stations d’essence
La question relative à l’essence de contrebande suscite beaucoup de réactions dans nos localités reculées. Le problème est lié au fait qu’il n’y a pas de stations d’essence dans certaines localités pourtant très éloignées les unes des autres. Quand on prend l’axe de route reliant Natitingou –Kouarfa-Tankonga qui compte par exemple plus de 50 Km de route, il n’y a aucune station de la sonacop. A Toucountouna par exemple, pour toute la ville, il n’existe qu’une seule station essence. Généralement elle est non fonctionnelle et très peu de personnes y vont. Même chose, dans les localités comme Boukombé, Tanguiéta, Matéri, Cobly et autres. Le problème de stations d’essence se pose avec acuité. « Si l’Etat pouvait faire en sorte que les stations soient un peu partout et que l’approvisionnement de ces stations soient approvisionnées en essence, il y aura certainement, peu à peu, la disparition progressive du kpayo. Mais à l’heure où nous sommes actuellement, à l’heure où les stations sont pratiquement inexistantes, comment peut-on faire de cette question une infraction ? Il faut que nos députés revoient leurs copie » a laissé un enseignant rencontré à Natitingou.