Le nombre de personnes qui ont été déplacées de force a atteint 70,8 millions à la fin de 2018. Un record, selon un rapport publié cette semaine par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Cependant, loin de constituer une charge pour les pays d’accueil, les migrants, y compris les réfugiés, contribuent aussi au développement économique de ces pays.
Issa SIKITI DA SILVA
Serge Mayindu, un citoyen de la RDC, qui a fui son pays décimé par la guerre il y a douze ans, pour se réfugier en Afrique du Sud, est un mécanicien de profession qui a établi son garage. « Bien qu’opérant dans le secteur informel, je paie quand même mes taxes et j’ai formé beaucoup de jeunes locaux dans la mécanique. Au moment où l’on parle, ils sont devenus de grands mécaniciens et d’autres ont même lancé leur propre business », a-t-il raconté.
A l’instar de Serge Mayindu, de centaines de milliers de migrants économiques et réfugiés originaires d’Afrique travaillent et gagnent leur vie licitement en Afrique du Sud dans les domaines tels que l’éducation, les sciences, l’informatique, les mines, la presse et les arts, tandis que beaucoup d’entre eux sont des commerçants.
Migration intra-africaine
Un rapport de 2012 du gouvernement béninois indique que près de 4,4 millions des béninois ont émigré, dont une écrasante majorité vers les pays voisins. A en croire la CNUCED, les migrations intra-africaines sont un mécanisme de stimulation de la croissance économique et de promotion de la transformation structurelle.
« Si elle est bien gérée, la migration intra-africaine pourrait entraîner une augmentation substantielle du Produit intérieur brut (PIB) par habitant en Afrique d’ici 2030 », a affirmé l’agence onusienne du commerce et du développement.
Sur les 70,8 millions de déplacés que compte le monde entier, les réfugiés représentent près de 26 millions de personnes, tandis que 3,5 millions sont des demandeurs d’asile et les 41,3 millions restants sont des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, selon l’UNHCR. Le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré lors d’une conférence de presse que la plupart des réfugiés fuient vers les pays voisins, dont la plupart sont pauvres ou à revenu moyen.
« C’est là que se trouve la crise, c’est là-dessus que nous devons nous concentrer », a déclaré Filippo Grandi.
Cap sur le Bénin
Le Bénin, pays à faible revenu, a accueilli environ 1 500 réfugiés qui vivent parmi de centaines de milliers de migrants légaux et illégaux. Les communautés présentes au Bénin sont principalement originaires du Niger (34,8%), du Togo (22,1%), du Nigéria (20,5%) et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest (11,6%), selon les chiffres de 2012 de l’OIM, qui ajoute pourtant que les données migratoires sont rares et que, lorsqu’elles existent, elles proviennent de sources qui n’adoptent pas toujours les même approches. La plupart de ces ressortissants sont des commerçants informels dont les revenus contribuent au progrès et à la bonne santé de la deuxième économie du pays.
« La contribution des migrants internationaux au PIB est de 19% en Côte d’Ivoire en 2008, 13% au Rwanda en 2012, 9% en Afrique du Sud en 2011 et 1% au Ghana en 2010, selon le Rapport économique de 2018 de la CNUCED.
Les pays africains peuvent tirer des avantages des migrations en alignant les politiques en matière de migration, de commerce et d’investissement sur les objectifs de développement, en tirant parti des envois de fonds et en mobilisant la diaspora pour des investissements productifs, poursuit l’agence onusienne.
En adoptant aussi des politiques du travail plus flexibles pour faciliter la mobilité des migrants, en intégrant les migrants sur les marchés du travail et en allouant des ressources pour s’attaquer aux déterminants structurels du développement socio-économique de l’Afrique, ajoute-t-elle.
Journée mondiale des réfugiés Photo
Légende : Si elle est bien gérée, la migration intra-africaine pourrait entraîner une augmentation du PIB par habitant.