Pendant que les patrons capitalistes célébraient avec pompe la journée internationale du travail hier, le prolétariat (la classe ouvrière ou les travailleurs salariés selon Karl Marx) réfléchissait sur son sort et son avenir qui restent incertains à cause de sa condition de vie précaire.
Issa SIKITI DA SILVA
En vainquant le socialisme et proclamant solennellement que le salut de l’économie des pays et du prolétariat ne pouvait avoir lieu sans passer par ses principes et théories, le capitalisme a vendu la peau de l’ours avant de l’avoir abattu.
« En termes de conditions matérielles de la vie, au cours de la grande histoire économique, le capitalisme a plutôt bien fonctionné pour la plupart des travailleurs (car) les salaires ont augmenté, la vie (surtout) s’est améliorée et la pauvreté mondiale réduite de moitié » a souligné Richard Reeves, un chercheur de Brookings Institution.
Mais cette amélioration dont parle Richard Reeves n’a pas pu se faufiler parmi les citoyens ordinaires, y compris la classe ouvrière ou les prolétaires, qui continuent de vivre dans la pauvreté et la misère parce que leurs salaires pitoyables ne leur permettent pas de vivre décemment.
Rien à célébrer
Au Bénin, pays à revenu faible, la pauvreté ne cesse de s’accentuer parmi les ménages (salariés et non-salariés) malgré la croissance économique ferme de ces dernières années. « Mon cher ami, il n’y a rien à célébrer aujourd’hui. Laissez les patrons qui continuent de s’enrichir célébrer car ils ont l’argent. Nous, on travaille dur depuis le matin jusqu’à la tombée de la nuit mais à la fin du mois tu as même envie de pleurer quand tu touches ton salaire. Donc on devient de plus en plus pauvre dans ce pays », a affirmé Paul Houngbedji, maçon et carreleur vivant à Cotonou.
Pour beaucoup d’observateurs, le capitalisme et ses riches capitalistes ont entrainé l’exploitation de la classe ouvrière et l’a privée du pouvoir en se taillant la part du lion de revenus et des profits, leur laissant se distribuer des miettes et ainsi mordre la poussière.
« Les travailleurs qui gagnent un salaire de misère n’ont aucun pouvoir. Ils peuvent également souffrir d’indignités ou de manque de respect au cours de leur travail quotidien…Les salaires ne reflètent pas la productivité du travailleur, mais leur pouvoir. Les salaires plus bas sont le reflet de l’impuissance croissante », renchérit Richard Reeves dans son éditorial intitulé ‘’Capitalism is falling. People want a decent job – why is it so hard?’’
Salaire des esclaves
« Ce que nous voulons c’est un salaire décent qui nous permettrait de mieux vivre, de dépenser un peu et d’épargner un peu, pas celui qu’on touche aujourd’hui et se termine après quelques jours sans même résoudre même un cinquième de nos problèmes. C’est un salaire d’esclaves et quand tu es malade tu es forcé de travailler. Et si je meurs au lieu de travail ? », s’est interrogé Joel Dossou, un travailleur agricole.
L’Organisation internationale du travail (OIT) a déclaré jeudi que le stress, les heures supplémentaires et les maladies contribuent à la mort de 2,8 millions de travailleurs par an.
« En effet, les prolétaires sont de plus en plus nombreux, donc représentent une force de plus en plus importante, ils deviennent de plus en plus conscients de leur force. (Mais) s’ils se révoltent, leur lutte est pour l’instant mal coordonnée, et dirigée vers les moyens de production comme on l’a vu : les ouvriers brisent les machines et mettent le feu aux fabrique. Mais cela est sur le point de changer », constate Karl Marx au moment où il écrit le ‘’Manifeste du Parti Communiste’’.