Les perspectives économiques de l’Afrique publié, vendredi 18 janvier 2019, par la Banque africaine de développement (BAD) place le Bénin parmi les 10 pays de l’Afrique de l’Ouest à plus forte croissance.
Joël YANCLO
« L’Afrique de l’Ouest a connu une forte croissance jusqu’en 2014, suivie par un ralentissement en raison de la forte baisse des prix des produits de base et de la crise d’Ebola. Le Nigeria, principale économie et plus gros exportateur de pétrole du continent, est entré en récession en 2016. Sa reprise graduelle en 2017 et 2018, favorisée par un rebond des prix du pétrole, restaure la croissance dans la région. D’autres pays, notamment le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Sénégal, ont connu une croissance d’au moins 5 % ces deux dernières années, et devraient la maintenir en 2019 et 2020 », indique la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport sur les perspectives économiques de l’Afrique publié, vendredi 18 janvier 2019. La croissance économique de l’Afrique continue de se renforcer, atteignant 3,5 % en 2018, soit un niveau comparable à 2017 et en hausse par rapport aux 2,1 % enregistrés en 2016, souligne le rapport. L’Afrique de l’Est est en tête avec une croissance du PIB estimée à 5,7% en 2018, suivie de l’Afrique du Nord à 4,9%, de l’Afrique de l’Ouest à 3,3 %, de l’Afrique centrale à 2,2% et de l’Afrique australe à 1,2%. A moyen terme, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre 4% en 2019 et 4,1% en 2020. Bien qu’inférieure à celle de la Chine ou de l’Inde, la croissance de l’Afrique devrait être supérieure à celle d’autres pays émergents et en développement, lit-on. Elle est toutefois insuffisante pour réduire le chômage et la pauvreté. A noter que sur les 4 % de croissance projetés pour l’Afrique en 2019, l’Afrique du Nord devrait représenter 1,6 point de pourcentage, soit 40 %. « La décision sans doute la plus importante prise par les dirigeants politiques africains l’année dernière aura été leur volonté collective de faire avancer l’intégration économique de l’Afrique », écrivent les auteurs du rapport. « Une Afrique sans frontières n’est pas seulement un idéal politique. Elle pourrait également constituer le fondement d’un marché continental concurrentiel pour accélérer la croissance et rendre le continent plus compétitif dans le commerce mondial et les chaînes de valeur. Elle permettrait le développement d’industries transfrontalières, offrant ainsi des économies d’échelle aux investisseurs opérant alors dans de larges marchés intégrés. »
Quelques faits saillants
L’édition 2019 du rapport est axée sur trois domaines : les performances et les perspectives macroéconomiques de l’Afrique ; l’emploi, la croissance et le dynamisme des entreprises ; et les mesures d’intégration en faveur de la prospérité économique de l’Afrique. Présentant les grandes lignes du rapport, Hanan Morsy, la directrice du Département de la prévision, des politiques macroéconomiques et de la recherche de la Banque, a tenu à souligner que, même s’il y a une hausse de la dette publique en Afrique, « il n’existe aucun risque systémique de crise de la dette ». Au vu de la croissance de sa population active aujourd’hui, l’Afrique doit créer quelque 12 millions d’emplois nouveaux chaque année pour éviter que le chômage n’augmente. Ce « qui implique un effort d’industrialisation concerté s’appuyant sur l’avantage comparatif des pays », souligne le rapport. « La croissance entraînée par le secteur manufacturier est celle qui a les plus fortes répercussions sur la création d’emplois », a indiqué Mme Morsy. Au cœur même de l’intégration africaine, « une Afrique sans frontières constitue le fondement d’un marché continental compétitif et susceptible de devenir un centre d’affaires mondial », relève Perspectives économiques en Afrique 2019. Ainsi est-il fait mention de l’Accord de libre-échange continental (ALEC) signé en mars 2018 par 44 pays africains, qui offre des possibilités d’avancées substantielles à tous les pays du continent. « Pour développer les chaînes d’approvisionnement transfrontalières, il est indispensable d’améliorer la gestion douanière et d’adopter des règles d’origine simples et transparentes », est-il également noté. Concrètement, le rapport identifie cinq mesures en matière de politique commerciale, qui pourraient faire gagner à l’Afrique 4,5 % de son PIB, soit 134 milliards de dollars par an. Il s’agit de l’élimination de tous les tarifs bilatéraux appliqués en Afrique ; du maintien des règles d’origine simples, souples et transparentes ; de la levée de toutes les barrières non tarifaires portant sur la circulation des biens et des services ; de la mise en œuvre de l’Accord sur la facilitation du commerce de l’Organisation mondiale du commerce, afin de réduire le temps de transit des marchandises lors du passage des frontières et le coût des transactions liées aux mesures non tarifaires ; et de négocier avec les autres pays en développement pour réduire de 50 % leurs barrières tarifaires comme non tarifaires. Le rapport Perspectives économiques en Afrique 2019 comble un déficit important en matière de connaissance des économies africaines, grâce à ses analyses systématiques, rigoureuses et comparatives. Riche d’éléments de référence des plus utiles sur le développement économique de l’Afrique, Perspectives économiques en Afrique est une publication appréciée des chercheurs, des investisseurs, des organisations de la société civile et des partenaires au développement.