La première puissance économique africaine, le Nigéria a lancé depuis quelques mois, une batterie de réformes économiques visant à interdire l’importation de plusieurs produits commerciaux sur son territoire. Ces réformes agraires auront des conséquences graves sur ses voisins directs dont le Bénin.
Certains pays voisins du Nigeria seront dans les prochaines années en difficultés de mobilisation des recettes. Car, le Nigéria s’est lancé dans de vastes réformes de son développement. Pour preuve, les travaux de la construction du plus grand port moderne d’Afrique, au Nigéria vont bon train. Et le pays de Buhari sera le carrefour des échanges commerciaux. Localisé dans la zone franche de Lekki, ce fameux futur port aura une profondeur de plus de 16,5 mètres. Le chantier est confié à la China Harbour Engineering Compagny (CHEC), filiale du groupe China Construction and Communication Company (CCCC). Le port, est entrain d’être réalisé sur une aire de 90 hectares, dont le coût d’investissement de 1,65 milliard de dollars. Il faut préciser que l’entreprise chinoise a comme feuille de route la conception globale du port de Lekki, la construction de l’infrastructure marine et terrestre, les terminaux, les infrastructures administratives, le dragage du chenal d’accès et du bassin du port. La gestion des contrats et la supervision de tous les travaux de construction du port sera l’affaire du cabinet américain Louis Berger. En effet, les caractéristiques du plus joyau grand d’Afrique en construction, le port de Kibri devra être en mesure de traiter environ 6 millions d’EVP de conteneurs, ainsi qu’un volume important de marchandises liquides et solides en vrac. Dans un premier temps, il sera doté de 3 postes à conteneurs équipés pour traiter plus de 1,8 million d’EVP, une place pour le vrac sec et 2 postes pour le fret liquide. D’autres modifications viendront avec le temps. Selon les chiffres, le Nigeria gagne à lui seul plus du quart du trafic de conteneurs en Afrique de l’ouest. Mais des difficultés liées au temps de déchargement longs, aux pratiques douanières frauduleuses et une capacité portuaire insuffisante l’empêchent de s’affirmer. Le pays s’apprête à ravir la vedette aux ports de l’Afrique de l’ouest dont Lomé, Cotonou et le reste. La première victime est le Bénin, car cela pourrait avoir des répercussions sur les recettes du pays dont est il indépendant depuis des lustres. Un coup dur se pointe donc à l’horizon. Dans le même temps, Le Bénin lambine avec son projet portuaire en eau profonde de Sèmè.
Interdiction d’importation de riz au Nigéria, une autre conséquence pour l’économie béninoise
Le Nigéria entend fermer bientôt, ses frontières terrestres avec un de ses voisins afin de protéger sa production de riz dont l’importation est interdite depuis que le pays a annoncé avoir atteint l’autosuffisance. Une menace voilée qui vise le Bénin par où transite une importante quantité de riz étranger destinée à être réexporté sur le marché nigérian. L’annonce a été faite par le ministre nigérian de l’Agriculture et du développement rural Audu. La raison pour laquelle le gouvernement fédéral envisage de fermer dans les prochains jours, ses frontières avec un de ses voisins est de stopper l’importation du riz qui est interdite. Les regards sont tournés vers le Bénin et notamment le Port de Cotonou, véritable porte d’entrée de divers produits commerciaux destinés en réalité au gigantesque marché nigérian. Les indications implicites données d’ailleurs par le ministre nigérian de l’agriculture en donne largement une idée sans tenir compte des précédents entre les deux pays, notamment pour ce qui est de l’importation des véhicules d’occasions en provenance d’Europe. « Notre autre problème est la contrebande. Actuellement, il y a un de nos voisins qui importe du riz plus que la Chine. Pourtant, on ne consomme pas de riz étuvé dans ce pays mais du riz blanc. Ils utilisent donc leur port pour nuire à notre économie. Il y a donc une urgence et je le dis maintenant parce que dans quelques jours, vous entendrez que la frontière est fermée. Nous allons la fermer pour vous protéger, nous protéger et aussi protéger notre économie malgré tout ce que vous allez entendre de négatif sur les internet » a déclaré le ministre nigérian de l’Agriculture. Selon donc les explications du ministre nigérian, la fermeture des frontières est devenue nécessaire pour stopper l’importation frauduleuse du riz étranger et par conséquent encourager la production locale et soutenir l’économie du pays. D’autant que selon Audu Ogbeh, grâce à la stratégie du gouvernement fédéral, les importations de riz ont baissé de 95% en deux ans et le nombre de producteurs est passé de 5 à 30 millions sur la même période. En effet, ce n’est pas la première fois que le gouvernement fédéral nigérian menace ses voisins de mesures restrictives visant à protéger son économie. Pour rappel, en janvier 2018 dernier lors de son message de nouvel an à la nation, le président Muhammadu Buhari a annoncé que le Nigéria cessera d’importer du riz dès cette année en perspectives de la production locale qu’augure le plan de relance de l’agriculture. En effet, cette politique de fermer les frontières nigérianes aura aussi des impacts sur la réexportation du riz sur le marché du Nigéria. Conséquences, c’est la chute des chiffres d’affaires des opérateurs économiques intervenant sur ce marché et par ricochet, la baisse de collecte des recettes de la réexportation. Par ailleurs, il faut préciser que le Nigéria a entrepris un vaste plan visant à tripler la production de riz, améliorer les capacités de transformation locale et renforcer la commercialisation du riz cultivé et transformé au Nigeria. La Stratégie nationale de développement du riz (NRDS) par le gouverneur de l’Etat du Niger, Babangida Aliyu, donne un aperçu du plan relatif à la production, la transformation et l’emballage du riz, qui est la nourriture de base de nombreux ménages en zone urbaine et rurale. La stratégie vise à accroître la production de riz du Nigeria de 3,4 millions de tonnes à 12,85 millions de tonnes en une décennie, soit une hausse de près de 300 pour cent.
Augmentation du taux de change au Nigéria, difficulté des échanges commerciaux sur le marché nigérian.
La Banque centrale du Nigeria avait injecté 355,43 millions de dollars sur le marché local de change interbancaire. Un mouvement qui s’inscrit dans les efforts de la Banque pour accroître la liquidité et atténuer les risques d’une pénurie de dollars. Le management de la Banque a expliqué dans un communiqué que les fonds avaient été débloqués pour « répondre aux demandes dans les secteurs de l’agriculture, des compagnies aériennes, des produits pétroliers, des matières premières ou encore des machines ». Ainsi, cette politique monétaire a été un handicap pour les commerçants béninois d’aller sur le marché nigérian. Cette situation a eu des conséquences pour la mobilisation des recettes publiques pour le Bénin.
Interdiction de l’exportation de voitures au Nigéria, baisse des recettes économiques Béninoises
Le Nigéria a interdit sur son territoire un certain nombre de véhicules d’occasion. Du coup, le marché de l’exportation des voitures du Bénin vers le Nigeria est en chute libre. Et les conséquences sont énormes depuis 2016. Car, les douanes béninoises ont perdu plus de 70% de leurs activités à cause de cette crise. Or, cette crise a été accentuée avec la décision du président nigérian Muhammadu Buhari qui compte interdire l’importation des véhicules neufs ou d’occasion par la route. Mais cette mesure a été journée par les députés et sera appliquée pour bientôt selon les réformes engagées au niveau du géant de l4est du Bénin. L’année 2016 n’a pas été rose pour le marché d’exportation des voitures du Bénin vers le Nigeria. Et pour l’année 2017, la crise s’est accentuée. D’abord, il a eu la dévaluation du Naira, monnaie du principal client du Benin, le Nigeria. La filière a connu une chute vertigineuse de 70%, selon les chiffres officiels. Importante source de recettes fiscales et d’emplois, la chute du commerce n’a naturellement pas arrangé les choses pour les vendeurs. Et comme si cela ne suffisait pas, le président nigérian Muhammadu Buhari a décidé d’interdire l’importation des véhicules neufs ou d’occasion par la route. Certaines analyses des spécialistes estiment la décision de Muhammadu Buhari prévisible. « Ce qui nous arrive aurait pu être anticipé. Les Nigérians ont déjà commencé par accepter que des constructeurs étrangers s’installent dans leur pays comme dans les années 1980. Et puis le pays a aussi lancé sa marque nigériane », a expliqué Alix Servais Afouda, un économiste béninois dans un magazine. Selon lui, le Nigeria veut soutenir ses ports et relancer sa production automobile. L’application de la décision de Buhari qui est aujourd’hui suspendue, sera mise sur le tapis par la suite. Pour rappel. « En 2016, les quantités réexportées ont baissé de près de 50% et ne représente plus que 37% du riz importé au Bénin contre 61% en 2014. Egalement pour les voitures d’occasion, la baisse a été de plus de 72% » a déploré Siaka Coulibaly, coordonnateur Résident du Système des Nations Unies et représentant Résident du Pnud au Bénin.
D’autres réformes économiques structurelles s’imposent au Bénin
Les réformes en cours au Nigéria entrainent déjà des impacts négatifs sur l’économie béninoise. La morosité économique du pays depuis quelques en est un exemple selon les commentaires des économistes. Le lendemain sera pénible si des réformes structurelles ne sont prises selon un économiste Béninois. Le Bénin doit donc prendre ses responsabilités. Pour y parvenir, le Bénin doit revoir d’autres pistes de retombées économiques. Le Bénin doit miser sur l’exploitation qualitative de ses ressources naturelles qui constitue un atout non exploitable depuis des lustres. Le secteur minier constitue aussi une ressource naturelle non exploitable au Bénin. Le secteur minier béninois dispose beaucoup atouts pour notre pays a dit le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Jean Baptise Satchivi lors d’un atelier. Le potentiel est inexploité et parfois inconnu a dit l’élu consulaire et ajoute que ce secteur nécessite en effet que les richesses dont il dispose soient vulgarisées à l’endroit de l’ensemble des béninois et en particulier aux opérateurs économiques et chefs d’entreprises. Cette vulgarisation commence par la promotion des nombreuses ressources minières dont dispose le Bénin. L’exploitation cette richesse aura des retombées économiques pour la mobilisation des recettes publiques.
Abdul Wahab ADO