Près de 22 millions de tonnes de céréales sont actuellement bloquées dans des silos de l’Ukraine à cause de la guerre, a annoncé mercredi le secrétaire d’État américain Antony Blinken. La déclaration des USA intervient dans le contexte de l’aggravation de la crise alimentaire qui menace près de 200 millions de personnes dans le monde.
Issa SIKITI DA SILVA
« Si cette quantité de nourriture pourrait tout simplement sortir du pays, elle pourrait immédiatement servir à aider ceux qui en ont besoin », a ajouté le secrétaire d’État américain.
Avant l’invasion russe, l’Ukraine produisait des denrées alimentaires suffisantes pour nourrir 400 millions de personnes dans le monde. Et cette nourriture comprend entre autres, du blé, du maïs et de l’huile végétale. Mais depuis le début de la guerre, la production a presque stoppé, et les récoltes ne parviennent plus à être expédiées à travers les ports de la Mer Noire à cause du blocage des navires de guerre russes.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a appelé à la réouverture immédiate des ports de la Mer Noire – y compris d’Odessa – afin que ces denrées alimentaires essentielles puissent parvenir aux personnes confrontées à l’insécurité alimentaire principalement dans des pays d’Asie et d’Afrique.
« En ce moment, les silos à grains ukrainiens sont pleins. Le temps presse et 44 millions de personnes dans le monde sont au bord de la famine. L’impact de l’inaction se fera sentir dans le monde entier pendant des années », a déclaré David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM).
« Si vous avez un moindre cœur, veuillez ouvrir ces ports », dixit Beasley au président russe Vladimir Poutine.
Des impacts sur l’Afrique de l’Ouest
Les prix alimentaires des denrées alimentaires dans le monde ont fortement augmenté depuis le début de la crise et cela affecte déjà les personnes les plus vulnérables qui dépendent des budgets extrêmement serrés pour survivre, a indiqué l’ONU.
A en croire le PAM, une faim sévère a déjà atteint son plus haut niveau en dix ans en Afrique de l’Ouest, alors que la région est aux prises avec une lente reprise après la pandémie de COVID-19. « Avec des coûts déjà élevés, bon nombre des personnes souffriront au fur et à mesure que les prix augmenteront », a expliqué l’agence onusienne basée à Rome.
Au Bénin, l’insécurité alimentaire est un phénomène répandu et touche environ 12% des ménages, selon Wageningen University &Research.
L’effet de la crise ukrainienne pourrait également aggraver la situation d’insécurité alimentaire en Afrique de l’Est – l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan du Sud et le Soudan seront probablement les plus durement touchés en raison de leur dépendance à l’égard des importations en provenance de Russie et d’Ukraine, a souligné l’ONU. Alors que le monde continue de s’enliser dans une crise alimentaire sans précèdent, le secrétaire général de l’ONU a déclaré qu’il était en discussion avec les gouvernements de la Russie, de l’Ukraine, de la Turquie, des USA et l’Union européenne dans le but de rétablir les exportations de céréales ukrainiennes. « Les implications sécuritaires, économiques et financières complexes exigent de la bonne volonté de tous les côtés. »